Rencontre avec François-Xavier Coulon, CHO indépendant qui nous parle de son parcours et de son métier atypique…
Peux-tu présenter ton parcours ?
J’ai réalisé un double cursus puisque je suis diplômé d’école de commerce et j’ai passé une licence de psychologie. J’étais destiné à faire du commerce, la licence de psychologie m’a apporté des connaissances sur la partie humaine du management, qui m’intéressait particulièrement.
J’ai passé ensuite 5 ans en tant qu’ingénieur commercial grand compte puis comme manager en faisant le lien entre plusieurs magasins. J’ai commencé à prendre en considération les interactions humaines entre collègues. Ça se passait mal dans un de mes magasins et j’ai pris des mesures pour améliorer les relations interpersonnelles. Cela a fonctionné mais la direction n’a pas apprécié mes démarches jugées trop “informelles” (tutoyer les employés, proposer des évènements en dehors du magasin…), car le magasin dans lequel je travaillais avec des process très rigides. J’ai été licencié.
Comment as-tu rebondi à la suite de cela ?
J’ai remis en question ma vie professionnelle car je ne voulais pas de cette rigidité. En 2010 j’ai décidé de me lancer dans le massage. Pendant un an je me suis formé à différentes techniques jusqu’à trouver le Amma qui vient de la médecine traditionnelle chinoise. C’est une technique de massage sur chaise ergonomique en 15mn sans besoin d’être déshabillé. C’est donc tout à fait adapté à l’entreprise, milieu dans lequel j’ai constaté les dégâts du stress…
J’ai pratiqué ce massage pendant un an et me suis retrouvé à travailler avec Google et d’autres grandes entreprises, la demande était importante.
J’ai pris conscience d’un besoin de m’organiser et ai rencontré le créateur de ce massage avec qui je me suis associé. On a créé une entité où il formait les praticiens et je vendais les prestations. On a développé des partenariats avec des ergonomes, des kinés… Cela a développé l’intérêt de lutter contre les TMS avec un angle plus médical à l’approche du bien-être au travail.
Comment es-tu alors devenu CHO ?
À la suite de cela j’ai continué mon job de consultant au bien-être au travail. Quand j’intervenais en entreprise, c’était souvent dans le cadre d’un évènement (semaine du bien-être par exemple). Donc au-delà d’amener du bien-être en entreprise, j’amenais un évènement, d’autres interventions que juste le massage, je proposais plusieurs ateliers. J’avais donc une casquette évènementielle. J’ai petit à petit utilisé tous les outils en lien avec le métier de CHO. Cela fait trois ans que je me suis déclaré CHO et ai commencé à travailler sur tous les plans en lien avec le CHO : communication interne, évènementiel, ergonomie des postes de travail, vie des collaborateurs en entreprise, développement personnel, etc. Je suis donc un CHO indépendant.
Pourquoi être CHO à ton compte ?
Je trouve que c’est plus simple pour percevoir ce qu’il se passe dans l’entreprise. Je rencontre le plus de collaborateurs possibles lors de la phase d’audit et cela me permet d’avoir une réelle connaissance sur le ressenti des employés. Je peux donc avoir une photo la plus précise possible de là où l’entreprise en est et de ce qu’elle attend. Mes véritables clients sont les salariés, et l’important est de pouvoir travailler au mieux avec eux. Ce qui m’intéresse c’est leur bien-être global autant professionnel que personnel, car la limite entre ces deux sphères est très fine.
Je ne suis pas là pour aller uniquement dans le sens des dirigeants, je préviens d’ailleurs toujours mes clients que je vais les challenger. Le but étant de faire comprendre que leur plus grande richesse est leur capital humain. Je resterai de façon permanente dans une entreprise le jour où je trouverai un directeur qui soit dans la même optique que moi concernant le bien-être au travail.
Les collaborateurs se livrent-ils facilement ?
Oui car être indépendant me permet un positionnement plus clair. Lorsqu’on présente le projet aux collaborateurs, ils comprennent que je suis là pour les aider et pour faire avancer leur entreprise. Ils expriment plus facilement ce qui s’est mal passé, sans crainte de représailles. Cela me permet aussi une meilleure intégration dans l’équipe, il n’y a pas de jalousie du fait que je sois en lien étroit avec les directeurs peu de temps après mon arrivée en entreprise. Etant une personne extérieure, j’ai plus de liberté.
Quelles sont les missions qu’on te demande d’accomplir ?
C’est très varié, lors de ma mission d’un an chez ManoMano, le but était de retrouver l’esprit start-up à l’entreprise. J’ai finalement participé à la mise en place de tout le système d’onboarding, la création du Welcome Pack, la création de goodies, d’une communication interne plus fun, participation à la marque employeur, l’organisation d’événements fédérateurs et permettre à l’entreprise d’avoir des digital toys.
J’ai aussi géré l’aménagement des 3200 mètres carré des nouveaux locaux dans le 17ème, en adéquation avec l’esprit de l’entreprise tout en y intégrant les attentes des collaborateurs.
Dans un tout autre registre, j’ai également passé plusieurs mois à faire de la résolution de conflits dans le milieu bancaire, accompagner des salariés en burn-out, faire du coaching pour des collaborateurs cassés par le stress et un management abusif …
Comment ça se passe à la fin de tes missions ?
A la fin de ma mission d’un an chez ManoMano, plusieurs collaborateurs dans l’entreprise s’étaient montrés très intéressés par l’idée de prendre soin des autres. Ils étaient toujours motivés pour prendre le relai. On a déménagé et changé de locaux, et à ce moment-là le besoin se tournait plutôt vers un facility manager pour organiser les différents espaces de l’entreprise que vers un CHO. Ils ont donc embauché un facility manager pour animer ces grands nouveaux locaux.
Quels exemples de projets as-tu mené lors de tes différentes missions ?
Pour ne parler que de l’année dernière chez ManoMano j’ai organisé des jeux olympiques. J’aime organiser des évènements funs et assumés, même si c’est à budget restreint. L’important pour moi est de s’amuser, même sur le temps de travail. J’ai par exemple organisé un parcours de mini-golf dans l’open space qui passait sous les bureaux. C’était simple mais très fun.
Le même mois, j’ai organisé le séminaire de l’entreprise et l’anniversaire de l’entreprise qui avaient lieu le même jour. J’ai loué une péniche pour faire le séminaire, et une autre péniche pour l’anniversaire. Ça a été une réussite, l’anniversaire était très fun (concours de déguisements etc). Pour le séminaire, on a proposé un atelier de team building où un chanteur gospel a fait chanter les collaborateurs sur différentes octaves à la manière d’une chorale. En 30 minutes, ils maîtrisaient la chanson et ça donnait quelque chose qui sonnait très bien. Les collaborateurs étaient eux-mêmes surpris de parvenir à ce résultat.
Je continue également à développer le bien-être physique dans les entreprises. Il y a toujours une semaine où j’invite des intervenants pour du massage, des bars detox, de la réflexologie plantaire, etc.
Tu parviens donc à instaurer des nouvelles pratiques dans les entreprises ?
Certaines entreprises ont du mal à mener ces projets de manière récurrente. J’essaye d’amener le bien-être physique quotidiennement. Je mets en place une gymnastique matinale par exemple qui nous vient du Japon : Le Shintaïdo Kenko Taiso. Cela dure 9 minutes, ce sont des étirements simples. Cela détend et créé un team building tous les matins. Certains ne peuvent plus s’en passer… Je fais souvent des séances de yoga le midi, je propose des ballons à la place des chaises de bureau etc. Ce sont plein de petites actions pour amorcer cette optique et faire constater les bienfaits physiques.
Quelques photos :
Atelier team building béton (avec french vikings) pour ManoMano
Afterwork sur le toit pour les salariés de ManoMano
Vainqueurs de l’épreuve de ping pong des Manolympics 2017
Match coupe du monde 2018 Mazeberry
Quarter party Mazeberry (célébration du meilleur trimestre depuis la création de la société)