Paulo est data-scientist. Autant vous le dire, tout le monde lui fait les yeux doux en ce moment. Il travaille depuis 6 mois depuis les Cévennes. Comme tous ses copains, il croit dans une société tournée vers la décroissance et il veut, lui aussi, travailler depuis son havre de Paradis dans les forêts.
Paulo est arrivé en février dans l’entreprise. Au démarrage, personne n’avait pas prévu qu’il soit full-remote, mais les événements n’ont guère laissé le choix. Finalement il a pris goût à ce mode de vie. Il faut dire qu’il a suffisamment d’activité, d’amis et son côté geek fait que jamais il ne s’ennuie.
Depuis qu’il est arrivé dans l’entreprise il n’a vu en tout et pour tout qu’Eva et Karim. Ce sont ses collègues les plus direct. Ils sont sympathiques mais il ne les connait pas franchement bien. Qu’ont-ils partagé jusque-là ? Pas grand-chose. Quelques visio-conférences, quelques blagues dans un chanel Teams. Dans la vie, ils se seraient bien entendus mais ils n’ont que peu d’occasion d’échanger. Il n’y a, cette année, pas eu d’événement d’entreprise organisé ni d’on-boarding. Alors quand on s’appelle, c’est pour le boulot même si on se demande quand même « comment ça va ? » et qu’on parle du temps qu’il fait.
Paulo sait que son profil plait. Il faut dire qu’il a monté en compétence ces derniers mois et puis, il en est conscient. Des trentenaires indépendants qui savent travailler en mode agile, les entreprises en ont besoin.
Son manager direct, Elodie, ne le stimule pas intellectuellement, elle le cadre et lui donne ses objectifs, c’est tout. Il y a bien le patron de l’entreprise dont il a vu quelques vidéos sur le web. Mais il ne prend jamais le temps de parler avec ses équipes, il est plus présent sur les plateaux TV qu’ailleurs. Dommage, il inspirait vraiment Paulo.
L’entreprise a mis en place quelques actions pour Paulo et ses collègues. Des webinars inspirants, des plans de formation structurés mais les démarches sont facultatives alors Paulo n’y participe pas. Il faut dire qu’Elodie est stressée et a besoin de résultats, alors la priorité va au travail. Et les pauses sont secondaires.
Effectivement, cela fait bien de travailler dans cette entreprise. Tellement bien que rapidement Paulo reçoit une offre d’un concurrent. Il garde les mêmes avantages, le salaire est un petit peu plus élevé. Au fond il sait qu’il pourrait demander cette augmentation en interne mais changer d’entreprise met de la nouveauté et puis cela enrichit le CV. Dans la future entreprise il a l’impression d’avoir une utilité de faire partie d’un collectif.
Qu’est-ce qui le ferait hésiter ? Il y a bien Eva et Karim qu’il aime bien, mais il restera en contact avec eux et au fond, il ne les a jamais que croisés. Et ce Patron qu’il aurait tant aimé rencontrer. Ce n’est pas suffisant. En réalité, il n’a jamais eu l’impression de vraiment connaître la culture de l’entreprise. Alors il va changer.
De l’importance de créer une culture d’entreprise, de ne pas minimiser les prises de parole du dirigeant, d’organiser de bon on-boarding et des événements même à distance. Rien n’est pire que quelque chose à distance.