“C’est pour demain”, “ASAP”,”URGENT !!”… Le monde de l’entreprise semble fonctionner à l’urgence.
Il faut dire que dans notre société ultra connectée, l’urgence est omniprésente, et nous voulons être partout à la fois. Or ne pas terminer notre to-do-list crée frustration et sentiment d’échec. Quel est l’impact de cette situation sur notre cerveau ? Et quelles sont les conséquences sur la Qualité de Vie au Travail et la performance ?
Le culte de l’urgence : les causes du problème
Selon une étude Pagegroup de 2017, 41% des personnes actives estiment que les objets connectés ont un impact négatif sur leur vie. Pourtant 48% des salariés se connectent pendant les vacances, et 77% des cadres lisent leurs emails en dehors des heures de travail.
Ce culte de l’instantané et cette urgence de l’information accessible à tout moment et partout s’expliquent par plusieurs facteurs. La mondialisation de l’économie et le développement effréné des nouvelles technologies ont directement impacté nos modes de communication, que ce soit au travail ou dans la sphère privée.
On se doit d’être joignable à tout moment.
Pour la nouvelle génération d’entrepreneurs, de freelances et de slasheurs, ce phénomène est accentué. Le cumul d’activités bouleverse l’équilibre vie professionnelle-vie personnelle. Le temps de travail empiète souvent sur le temps personnel. Les mails sont lus le soir, traités le week-end et les vacances ne sont jamais vraiment synonymes de déconnexion.
Une autre explication réside dans la vision à court terme.
Nous ne savons pas penser le long terme.
Le cerveau est ainsi programmé, il doit assurer la survie de l’homme à chaque instant, sans se soucier de l’amélioration des conditions de vie.
Au sein de l’entreprise, le temps est de plus en plus compressé. Il faut être réactif, compétitif et performant immédiatement. L’homme est à flux tendu, tout comme les produits ou services qu’il fabrique.
Perte d’efficacité, maladie au travail, … Une société malade du temps
La société est malade du temps. Cette dépendance de l’urgence est une réelle addiction et a pour conséquences stress, perte d’efficacité et maladies psychologiques.
Le fait de devoir s’interrompre plusieurs fois par jour dans nos tâches, agit sur notre cerveau. En réalisant plusieurs choses à la fois, nous perdons en efficacité et accumulons de la fatigue. Les erreurs sont également plus fréquentes.
La peur de rater une information porte même un nom : FOMO (Fear Of Missing Out). Né avec l’usage accéléré des réseaux sociaux, le FOMO désigne l’angoisse de manquer quelque chose et l’irrésistible besoin de se connecter pour vérifier ses notifications, ses mails et y répondre.
Les symptômes sont nombreux et les conséquences peuvent être graves. En entreprise, cela a pour effet un important taux de turn over, d’absentéisme et l’amplification des maladies professionnelles comme le burn-out et le bore-out.
Que faire ?
Face à cette situation, la qualité de vie au travail est directement impactée, et avec elle le bien-être et l’épanouissement des salariés. Pourtant il existe plusieurs solutions que collaborateurs et entreprises peuvent mettre en place.
– S’organiser autrement : ne plus accepter d’être dérangé dans ses tâches en se réservant des plages de 30min à 2h de travail, choisir de recevoir ses mails toutes les heures et non en continu, éteindre son téléphone une journée entière. L’idée est de se concentrer en évitant les interruptions. Des outils digitaux de gestion des mails, de blocage de réseaux sociaux, etc, existent et peuvent réellement aider.
– Savoir dire non : se fixer des limites, ne pas répondre à ses mails après 18h ou le week-end par exemple. Dire non quand vous évaluez que vous ne pouvez pas le faire. Si vous êtes manager, à vous de donner l’exemple !
– Faire des pauses : les pauses café ou goûter sont essentielles pour souffler, discuter avec les collègues et revenir sur son poste de travail permet de mieux se concentrer. Soyez vigilant si vous êtes en télétravail.
Du côté des entreprises, plusieurs réponses peuvent être apportées. L’objectif est d’accompagner les salariés vers un mieux-être au travail.
– En essayant de nouvelles méthodes : au Japon par exemple, la sieste au travail est une activité « positive » et bien vue de la part des dirigeants. Pour que cela fonctionne il faut souvent que les leaders osent montrer l’exemple pour que les collaborateurs se donnent la possibilité de prendre une pause sieste. Il est également possible de mettre en place des outils pour séparer vie professionnelle et vie personnelle (2 téléphones et inviter les collaborateurs à laisser le pro au bureau le week-end ! On vous l’assure : c’est possible). La fréquence et la longueur des réunions peuvent être réduites.
– Montrer l’exemple : les managers doivent également montrer l’exemple, se déconnecter du travail et réussir à bien séparer leur vie privée de leur quotidien en entreprise.
Et rappelez-vous : rien n’est urgent, si ce n’est de vivre.