Quels sont les parcours des CHO, « Chief Happiness Officer » ou « responsable du bonheur » ?
Vous êtes nombreux à vous poser la question. Pour tenter d’y répondre nous sommes allés à la rencontre de Sophie, maîtresse de maison chez les Laboratoires Boiron.
Sophie, peux-tu nous décrire ton parcours en quelques mots ?
J’ai passé un bac scientifique pour me diriger vers une prépa HEC. Je ne voulais pas faire de la finance ou du marketing en restant en France. C’est pourquoi j’ai intégré HEC Montréal. J’ai beaucoup appris dans l’ouverture à l’autre et la diversité culturelle.
Tu as donc commencé à travailler en Amérique du Nord ?
Oui, mon cursus à HEC Montréal priorisait la pratique et l’expérience pour nous permettre d’acquérir des compétences réelles.
Une fois diplômée, j’ai travaillé dans le transport maritime en tant qu’Assistante Import/Assistante Tracking à Marseille. Ces postes standardisés ne me correspondaient pas, je n’y trouvais pas de sens. J’avais besoin d’avoir une vision globale de ce que je faisais et les périmètres d’action n’étaient jamais très larges.
Par exemple, quand certains collègues étaient malades dans d’autres services, je proposais d’être formée en plus de mon travail pour les remplacer ! J’ai toujours été très curieuse et j’aime découvrir !
Tu as finalement démissionné ?
Oui, 3 semaines après, j’ai trouvé le poste de mes rêves : coordinatrice de l’activité internationale pour une ONG. J’ai toujours été sensible à la situation en Afrique, je m’investissais pour des causes humanitaires sur mon temps personnel. L’entité proposait des référentiels de formations (BAC +2 à BAC +5) dans les pays en voie de développement avec une reconnaissance européenne. C’était un poste à la croisée entre le commercial, le juridique, le pédagogique. En lien avec le monde politique et le monde de l’entreprise, cette mission m’a beaucoup appris, du management multiculturel – je gérais des équipes dans plusieurs pays- à l’aspect politique et institutionnel. Ma plus grande satisfaction fut de rencontrer les étudiants qui avaient obtenu un diplôme.
[tweetthis]L’ignorance fait beaucoup de mal dans le monde…L’éducation est la clef.[/tweetthis]
C’est d’ailleurs quelque chose que j’essaie de toujours véhiculer même si je ne travaille plus dans le milieu. Je m’investis dans l’éducation, notamment celle des femmes.
J’ai eu la chance de me rendre au parlement européen pour discuter de la politique d’éducation européenne. Mais je fais les choses par passion, avec entièreté et il faut que je sois en phase avec l’ensemble de la mission… La politique ne me correspond pas vraiment.
Quelles étaient tes aspirations ?
On me disait que je n’avais pas de métier, mais j’étais polyvalente.
[tweetthis]Au lieu de chercher un emploi, j’ai cherché une entreprise qui me correspondait[/tweetthis]
Je voulais travailler en industrie pour découvrir ce secteur dans une entreprise à Lyon où l’humain serait au centre. Il fallait que je sois en phase avec la structure.
Comment es-tu devenue Maitresse de maison aux Laboratoires Boiron ?
J’ai lu un article qui parlait des Laboratoires Boiron et plus particulièrement d’un projet de plateforme logistique aux Olmes (69). J’avais déjà entendu parler de Christian Boiron (ndlr : auteur de La source du bonheur publié aux éditions Albin Michel, 2000). J’ai envoyé une candidature spontanée pour un poste dans mon domaine : la logistique. J’ai eu la chance de le rencontrer dans ce cadre. Nous avons beaucoup échangé et, ayant capté ma personnalité, M.Boiron a évoqué un poste qui lui tenait un cœur et qui était vacant : « Maîtresse de maison ».
Les laboratoires Boiron sont la seule entreprise à utiliser ce terme…
Oui, au début j’étais surprise. J’ai pensé qu’il s’agissait de faire l’accueil et de tenir la porte aux visiteurs. En réalité, Christian Boiron a découvert ce poste au Club Med et il a trouvé cela génial ! Il a décidé de l’adapter dans l’entreprise dès 1984. La mission : que les salariés se sentent bien dans l’entreprise. C’était large mais j’aime les défis ! Une sorte de Madame « Plus », une facilitatrice.
Comment as-tu ressenti ce poste ?
Ce que j’aime chez Boiron est l’attention portée sur l’humain. On laisse la créativité des salariés parler et on nous laisse aller dans la direction qui nous semble juste. C’est la personne qui fait le poste et non l’inverse !
Savoir qu’un salarié dans l’entreprise veille au bie-être des collaborateurs, c’est très positif. Bien sur, c’est en phase avec ce que Christian Boiron prône depuis plus de 40 ans. C’est d’ailleurs ce qui a fait le succès de l’entreprise. Un salarié épanoui est un salarié performant, il le dit lui-même.
Que penses-tu des formations CHO ?
Je pense difficile de donner un mode d’emploi avec une formation théorique. L’environnement et l’entreprise évoluent, de fait je ne crois pas à la formation de CHO. il est plutôt question de personnalité et d’expériences diverses plutôt que de formation.
[tweetthis]Chaque entreprise est un terrain de jeu différent. Chaque dirigeant a une vision du poste différente.[/tweetthis]
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