Christophe Logeais est informaticien de métier. Après plus de 20 ans passé dans une multinationale, il a décidé de quitter son entreprise dans le cadre d’un plan de départs volontaires de 350 personnes suite aux conséquences économiques de la crise sanitaire. Bien que « volontaires », ces départs bouleversent la vie des collaborateurs qui, dans ce contexte incertain, doivent se réinventer professionnellement. Avec deux anciens collègues, Christophe Logeais a décidé de créer un groupe Facebook solidaire pour garder le lien et répondre aux questions soulevées par les anciens salariés. Une démarche constructive qui s’est faite en transparence avec les services RH et qui permet également d’améliorer le parcours préparatoire des collègues qui partiront en 2021. Rencontre.
Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Même si je ne programme plus depuis bien longtemps, je suis informaticien depuis trente ans. J’ai eu deux employeurs et, avec le second, j’ai eu la chance de pouvoir régulièrement changer de métier pour ne pas rester trop longtemps dans ma bulle de confort. Lorsque mon job ronronne, j’ai besoin de nouveaux horizons. L’avantage d’avoir travaillé dans une entreprise importante c’est que j’ai pu faire 9 métiers sans changer d’employeur. C’est surement pour cela que j’y suis resté aussi longtemps…. jusqu’à ce que Covid-19 débarque sur la planète !
Dans quelle situation le groupe pour lequel vous travailliez s’est-il retrouvé en 2020 ?
L’entreprise pour laquelle je travaillais développe des outils informatiques permettant la réservation de voyages et sa source principale de revenus est une commission sur les billets d’avions vendus avec les produits du groupe. Autant vous dire qu’avec l’arrivée de la Covid-19 et l’arrêt des voyages dans le monde entier les revenus de mon entreprise ont chuté de 80%. Comme tous les dirigeants d’entreprise faisant face à une crise impactant leurs revenus, les nôtres ont pris des mesures d’économies permettant de sécuriser l’avenir en réduisant le nombre de sous-traitants (-900) et en organisant un plan de départs volontaires de 350 personnes qui vont quitter l’entreprise entre Novembre 2020 et Décembre 2021.
Suite à ces 350 départs volontaires, vous avez décidé d’agir avec une initiative solidaire pour soutenir vos collègues. Laquelle ?
Ayant une ancienneté conséquente, j’ai réfléchi à l’offre de départ volontaire qui était proposée par l’entreprise et j’ai choisi de convertir cette crise en opportunité me permettant un nouveau départ. Je préférais être acteur de mon avenir aujourd’hui plutôt que de subir d’autres mesures qui pourraient intervenir plus tard.
Ce dont je me suis rendu compte, c’est que même si le choix de partir était volontaire, une fois l’ordinateur et le badge d’accès rendu, on se retrouve face à un grand vide.
En parlant ce cette situation avec deux collègues, Anne Pedersen et Isabelle Charroud, l’idée est venue de créer un groupe Facebook permettant de rassembler nos collègues qui quittaient l’entreprise, de garder un lien, de partager les parcours, et surtout de partager les réponses aux questions que nous avions tous. Créer du lien et partager nos expériences était bon pour le moral de tous et il est nettement plus efficace de partager le fruit de nos recherches et de s’entraider plutôt que de rester chacun dans notre coin !
Quels sont les besoins, les questionnements, les projets des collaborateurs qui ont quitté ou vont quitter l’entreprise sur la base d’un départ volontaire ?
Le premier service rendu c’est de ne pas se retrouver seul face au changement et de partager notre nouvelle aventure. Certains vont se recycler complètement dans le coaching, dans l’œnologie, la culture de chênes truffiers, dans le service aux personnes, d’autres vont rechercher un nouvel emploi, d’autres créer une entreprise de conseil.
Partager et voir que l’on n’est pas seul, se donner des informations et échanger des contacts qui aident les uns et les autres, c’est ce que le groupe des Alumni a permis de combler.
Et puis il y a aussi le partage des questionnements et des réponses administratives de base concernant le statut des entreprises à créer avec les avantages et les inconvénients, comment faire pour garder une mutuelle, les formations et les financements disponibles. Mettre en commun les réponses pour ne pas tous chercher les mêmes informations. Et dernièrement aussi l’idée de faire intervenir des personnes extérieures comme Catherine Testa pour montrer à tous que tout est possible, nous pouvons bouger car nous ne sommes pas des arbres !
Comment cette initiative a-t-elle été reçue par les RH de votre groupe avec lesquelles vous avez agi en toute transparence ? Comment est-elle venue compléter les actions mises en place par votre entreprise dans le cadre de ces départs ?
Effectivement, nous avons informé les RH dès la création du groupe en indiquant le but solidaire et constructif de cette création. Il ne s’agissait pas de critiquer l’entreprise que l’on quittait mais de s’entraider. Notre approche positive leur a plu et comme nous avons maintenu le contact pour leur expliquer nos activités, nous les avons informés des questions auxquelles nous avions eu à répondre ce qui va leur permettre d’améliorer le parcours préparatoire des personnes qui ne sont pas encore parties. Comme cela nos activités bénéficient à nos collègues déjà partis mais aussi à ceux qui vont quitter l’entreprise en 2021.