Depuis le 5 novembre à 16h47 précisément les femmes travaillent « bénévolement » et ce, jusqu’à la fin de l’année. Selon l’étude d’Eurostat, basée sur des chiffres de 2017, le salaire moyen des femmes est inférieur de 15,4% par rapport aux salaires des hommes.
Depuis l’inscription dans la loi en 1972 du principe d’égalité de rémunération entre femmes et hommes, du chemin a été parcouru mais l’écart est encore bien loin d’être résorbé. Les années passent donc et les inégalités de salaire demeurent.
Un constat amer
Même si les chiffres montrent une petite diminution de l’écart de revenu entre femmes et hommes (selon le rapport Progress on the Gender Pay Gap : 2019 réalisé par Glassdoor en 2019), les inégalités subsistent. De plus les méthodes de calcul étant sujettes à interprétation, il est difficile d’avoir des chiffres précis sur ces différences. Une donnée semble faire consensus : l’écart de revenu salarial est plus fort chez les salariés les plus diplômés.
Au delà du salaire, d’autres formes d’inégalités persistent. A compétences égales et même si les CV sont anonymisés, la différence de traitement lors de l’entretien avec une femme est bien réelle. La négociation sera différente si le recruteur est face à un homme ou à une femme. En matière de prétention salariale par exemple, les femmes auront tendance à demander moins que leur homologue masculin. Et les employeurs à proposer un salaire plus bas en contrepartie d’avantages comme du télétravail pour les enfants, une super mutuelle pour la famille, etc.
Des solutions existent
Heureusement des solutions existent pour faire progresser les mentalités. Aux niveaux collectif et individuel, chacun a un rôle à jouer dans cette bataille.
Le collectif féministe Les Glorieuses propose plusieurs actions : une newsletter, un hashtag #5Novembre16h47 pour sensibiliser, mais également cette année une pétition et 3 propositions pour inciter le gouvernement à agir :
- un congé paternité équivalent au congé maternité (période où la charge mentale est beaucoup plus lourde pour les femmes et marque un point de rupture à partir duquel les écarts entre femmes et hommes se creusent)
- la transparence des salaires au sein des entreprises
- un certificat d’égalité obligatoire en entreprise
Communiquer sur ce sujet, amener le débat sur la table entre midi et deux avec vos collègues, s’abonner à la newsletter des Glorieuses, voici plusieurs actions qui peuvent faire avancer le débat.
A poste et ancienneté égal, vous pouvez par exemple proposer à votre collègue de sexe masculin d’échanger sur vos salaires respectifs et d’appuyer votre demande d’augmentation.
Des exemples à suivre
Certaines entreprises en France font bouger les lignes, parfois malgré elles. L’assureur Generali Vie a été condamné à payer 169 000 euros d’amende à une ancienne salariée, qui estimait avoir été moins bien payée que son collègue homme, embauché un an après elle et à poste égal.
Réalisé dans le cadre de la CHAIRE portée par Audencia et la plateforme RSE de Nantes Métropole, NégoTraining propose des ateliers gratuits pour former à la négociation salariale, valoriser son travail, etc.
Dans d’autres pays, de plus en plus de mouvements apparaîssent et se font entendre. Aux USA, le hashtag #NotWorthless – « pas sans valeur » a été lancé pour contrer les discriminations salariales suite à l’affaire d’Adele Lim. En tant que scénariste d’une comédie romantique estimée à 239 millions de dollars pour Warner Bros, elle a refusé d’écrire la suite après avoir découvert qu’elle serait payée huit fois moins que son collègue coscénariste masculin, soit 110 000 dollars pour elle contre 800 000 pour lui !
En Espagne, 200 footballeuses ont poursuivi une grève illimitée pour exiger de meilleurs salaires, emboitant le pas aux 28 joueuses de l’équipe américaine de football de l’autre côté de l’Atlantique.
Au Danemark depuis 2006, les entreprises de plus de 35 salariés ont l’obligation de publier les salaires de leurs collaborateurs, par genre. Depuis, une étude de « Harvard Business Review » a montré que les écarts entre femmes et hommes ont été réduits de 7% dans ces mêmes structures. Une disposition inspirante qui a été suivie par d’autres initiatives en Grande-Bretagne et en Allemagne.
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