Comment devient-on légitime de manager une équipe ?
Gérald Karsenti, Président Directeur Général SAP France et professeur affilié à HEC Paris, nous parle de management et de légitimé :
« I am your boss. »
OK! Mais êtes-vous légitime pour autant ?
Je parcourais ce weekend les conclusions de travaux de recherches conduits par Valérie Petit et Isabelle Mari (Edhec) il y a quelques années (2009) sur la légitimité managériale pour prendre conscience ou plutôt pour me souvenir de l’importance de ce facteur dans l’assise et la crédibilité du dirigeant.
Derrière ce mot simple se cache en réalité un grande complexité. Quand peut-on prétendre être légitime ? Et qui peut nous attribuer cette légitimité ?
La question est pourtant essentielle car sans légitimité il n’y a pas de réel leadership
La légitimité découle bien souvent d’une autorité établie de façon formelle: une élection, une nomination selon un processus bien défini, la réussite à un concours ou un examen, etc. On se réfère alors à une notion de droit. « Je suis légitime car le droit plaide pour moi« . Pour autant nous connaissons tous des hommes politiques, parfaitement élus, ou des chefs d’entreprises et managers nommés dans les règles de l’art et qui pourtant n’apparaissent pas comme des leaders légitimes … bien au contraire. Alors pourquoi ?
La raison principale tient au fait que la légitimité n’a rien à voir avec le droit. D’abord, elle se construit dans le temps. A chaque étape de notre vie, professionnelle et/ou personnelle, nous faisons des choix. Ces derniers ont un impact non négligeable sur ce que nous sommes et en disent long sur ce que nous voulons être. En ajoutant des briques cohérentes à notre parcours, à chaque phase de notre évolution, nous donnons plus de sens et plus de crédibilité à notre action. Cela vient alors conforter ou renforcer notre image.
Et cette image est importante car elle conditionne le fait que vous serez suivi … ou pas.
Nous ne suivons pas celle ou celui qui parle bien. Du moins pas très longtemps si il n’y a que cette seule qualité. Nous sommes derrière celle ou celui qui peut démontrer avoir de l’expérience dans le même domaine, des résultats, celle ou celui qui se retrousse les manches et qui ne se contente pas de dire mais de faire.
L’action est plus importante que les paroles
Lors d’une table ronde sur le monde politique il y a environ quatre ans, j’avais été questionné sur ce que pouvait être une carrière crédible pour une femme ou un homme politique. J’avais répondu qu’elle devait être composée par des étapes cohérentes, chacune apportant des compétences complémentaires, des savoir-faire différents et pouvant au bout du compte permettre à l’individu concerné de prétendre aux plus hautes destinées. Ainsi, j’avais indiqué qu’il me semblait vital de cumuler des expériences en tant que maire, député, ministre, à Paris, en région ou à l’étranger. C’est ainsi que l’on peut avoir le meilleur angle de vue. Il en est de même pour l’entreprise bien entendu.
A celles et ceux qui me demandent conseil, je réponds que pour diriger de grosses entités un jour, il faut être passé par de plus petites, toutes porteuses de « business model » différents, dans des domaines qui ne se ressemblent pas, si possible dans plusieurs régions ou pays.
Brûler des étapes se paie souvent un jour ou l’autre
La légitimité c’est de pouvoir s’adresser à différents groupes de personnes, sans paraître décalé, ou à côté du sujet. La légitimité a bien sûr à voir avec l’exemplarité et la compétence accumulée (qui permet d’assurer aux autres que l’on pourra parvenir à un certain résultat dans une situation d’action bien définie).
La légitimité est celle qu’on nous octroie. Comme le leadership, ce n’est pas vous qui déterminez si vous êtes légitime ou pas, ce sont les autres qui vous qualifient ou non !