Connaissez-vous vraiment l’entreprise libérée, ce mode d’organisation et système de management ? Les dirigeants d’entreprise libérée font inévitablement face à certains clichés. Avec Romain Vacher, co-fondateur de Linkvalue, nous avons identifié et expliqué 7 d’entre eux à ne plus croire.
Cliché n°1 : « Dans une entreprise libérée, il n’y a pas de règles. »
L’entreprise libérée est une entreprise où il y a un cadre. Elle prône l’autonomie des collaborateurs, et non l’indépendance. D’ailleurs, heureusement qu’il y a des règles, car toute organisation a besoin d’avoir des conventions, et liberté et contrainte ne sont pas incompatibles.
Cliché n°2 : « Il y a des règles mais j’ai le droit de ne pas les respecter. »
Il ne faut pas confondre autonomie et indépendance. L’entreprise libérée est une organisation qui favorise l’autonomie mais qui ne permet pas l’indépendance. L’autonomie consiste à prendre des décisions en lien avec les autres, en ayant conscience que la réponse est collective. L’indépendance, quant à elle, consiste à prendre des décisions qui n’ont d’impact que sur soi. Il convient donc de respecter les règles de l’organisation dans laquelle vous évoluez pour coordonner efficacement votre travail avec vos collègues et collaborateurs.
Cliché n°3 : « L’entreprise libérée est l’entreprise du consensus : on décide de tout ensemble. »
Dans le cadre d’une prise de décisions stratégiques, cela n’est pas possible. L’entreprise libérée est une entreprise où les collaborateurs co-construisent, co-décident mais prennent des décisions dans le cadre de leurs compétences. L’intelligence collective est favorisée dans les réflexions et prises de décisions. Les collaborateurs ne peuvent pas être experts à tous les sujets, mais chacun a quelque chose à apporter.
Cliché n°4 : « C’est une entreprise sans manager. »
Les managers ne sont plus là pour dire aux équipes ce qu’il faut faire. Ils sont un véritable support aux équipes opérationnelles. Ils aident les équipes à collaborer en intelligence collective. Plus besoin d’autant de niveaux hiérarchiques que dans une organisation pyramidale, qui n’est plus adaptée à l’entreprise d’aujourd’hui. Leader au service de son équipe, le manager fournit ce dont ses collaborateurs ont besoin pour que tous puissent donner le meilleur d’eux-mêmes.
Cliché n°5 : « C’est une entreprise sans patron. »
Il existe bien un ou plusieurs porteurs de projet. Une entreprise émane nécessairement d’un fondateur. Cela dit, elle n’appartient plus exclusivement à un « patron », puisqu’elle est partagée avec les collaborateurs. On ne peut pas exiger du collaborateur d’être responsable d’un résultat s’il n’a pas la liberté du « comment » l’atteindre. C’est donc le rôle du dirigeant d’accorder l’autonomie nécessaire dans le contexte humain et culturel de son entreprise en co-construisant avec les collaborateurs un mode unique de fonctionnement.
Cliché n°6 : « C’est l’entreprise du bonheur. »
Le mal-être au travail a un coût : le coût du stress a été évalué à 3,8 % du PIB par des études européennes, soit entre 3 et 3,5 millions de journées de travail perdues. Le bien-être au travail n’est pas un concept abstrait. C’est un facteur de pérennité de l’entreprise. Mais certaines personnes pensent que tout sera tourné autour du loisir pour rendre les collaborateurs heureux. L’entreprise libérée favorise un certain bien-être, mais le bonheur reste individuel. Elle permet des conditions de travail favorables à la prise de bonnes décisions.
Cliché n°7 : « L’entreprise libérée, c’est un modèle à suivre. »
Ce n’est pas un modèle. On peut avoir une définition collective du bien-être, mais l’entreprise libérée est une philosophie à comprendre. Il est possible pour un porteur de projet de traduire son mode de vie et l’adapter à son entreprise. Mais chaque entreprise libérée sera unique, et construite avec les collaborateurs. Il n’existe pas de mode d’emploi. Il convient d’abord de travailler sur soi et ses valeurs.
Vous l’aurez compris, l’entreprise libérée est une philosophie. Devenu « à la mode », ce nouveau mode d’organisation est pourtant complexe. Mettre des explications sur des clichés récurrents vous aura peut-être aidé à mieux le comprendre, et pourquoi pas à vous lancer !