Quand Karine Vanderschrick, ancienne responsable qualité et chargée d’affaires, perd son emploi en 2015, elle réalise que les « chômeurs » ne sont pas désignés de manière valorisante dans les médias. Pour changer les regards, aider et motiver toutes les personnes en recherche d’emploi, Karine crée le concept du E.R.O (En Recherche d’Opportunités). Présidente de jesuisunero.com, elle accompagne désormais tous ceux qui sont à la recherche d’un nouvel emploi en leur faisant prendre conscience que c’est un employeur qu’ils ont perdu et non pas leurs compétences. Un beau parcours à découvrir et une question essentielle en filigrane pour l’entreprise: celle du offboarding.
Peux-tu te présenter en quelques mots ?
Je suis Karine VANDERSCHRICK, Présidente de jesuisunero.com, maman et épouse épanouie de bientôt 50 ans.
J’ai démarré ma carrière comme GO au Club Med il y a plus de 25 ans et depuis, le fil rouge a toujours été « la Qualité ». « Qualité de service » pendant 3 ans au Club Med, puis « Responsable Qualité » en concession AUDI VOLKSWAGEN où j’ai mis en place des certifications ISO 9001.
Ensuite je suis passée de l’autre côté du miroir en travaillant comme chargée d’affaires grands comptes pour AFNOR Certification. Fini les audits à passer, c’était désormais à moi de les organiser pour mes clients pour des certifications QSE et RSE. Toujours pour le groupe AFNOR, j’ai ensuite pu développer des projets liés à la « Qualité de vie au Travail », via les pratiques de management.
Aujourd’hui, je travaille toujours sur la « Qualité de vie », mais pour ceux qui n’ont plus de travail !
Peux-tu nous parler de ton expérience personnelle qui t’a conduite à créer ta structure « jesuisunero.com » ? A partir de quels constats ?
Quand j’ai perdu mon emploi en 2015, j’ai pris du temps pour moi, pour savoir vers quoi je voulais m’orienter et le métier de Chief Happiness Officer semblait tant me correspondre. Sauf qu’en France, il était difficile de trouver un tel emploi. Le temps passait et ma motivation déclinait.
Durant cette période, je réalise aussi qu’on parle beaucoup de nous « les chômeurs ». Les politiques, les médias parlent beaucoup de nous, en des termes peu valorisant (Chômage de masse, chômeur/profiteur) mais au final, personne ne nous parle vraiment.
Pire encore ! Bien qu’il existe des structures d’accompagnement comme Pôle Emploi, l’APEC, des associations territoriales, des cabinets d’outplacement ou de coaching pour vous accompagner (Comment faire son CV, écrire une lettre de motivation, préparer un entretien d’embauche, apprendre à pitcher), quand un chômeur a une baisse de motivation, non seulement personne ne lui parle, mais il n’a personne à qui parler !
C’est en partant de ce postulat, que j’ai eu l’idée de créer « un réseau social pour chômeurs ».
Engagée sur les questions de la reconversion et de la recherche d’emploi, ton enjeu est de transformer les chômeurs en E.R.O. Alors, qu’est-ce qu’un E.R.O ?
Un E.R.O., c’est un collaborateur dont l’entreprise a du se séparer et qui est « En Recherche d’Opportunité ». En général, se sont des personnes dans les métiers du tertiaire, plutôt de management intermédiaire et des agents de maitrise.
En effet, aujourd’hui quoiqu’on en dise, il existe beaucoup de structures pour aider les personnes très éloignées de l’emploi. D’autre part, les cadres dirigeants ou supérieurs, quant eux peuvent bénéficier d’un Outplacement. Mais entre ces 2 catégories, hormis pôle Emploi, c’est un peu un no man’s land et ces personnes sont vite perdues et oubliées.
Mon 1ER objectif est de les revaloriser et je dois leur faire prendre conscience que c’est un employeur qu’ils ont perdu, pas leurs compétences !
C’est pourquoi la 1ère étape est un profiling et son debrief, qui leur permettra de mieux se comprendre et de mieux parler d’eux même, autour de 3 aspects :
- Mesurer leur structure cognitive et identifier leurs domaines de compétences;
- Identifier leur style de comportement et faciliter une meilleure communication avec les autres;
- Découvrir à travers leur système de valeurs ce qui les motive dans ce qu’ils entreprennent.
C’est la base grâce à quoi nous établirons leur feuille de route et démarrerons l’accompagnement de façon valorisante pour eux.
L’objectif étant ensuite de les garder au maximum dans une dynamique positive afin de réaffirmer leur estime de soi, de regagner en confiance en soi et surtout de rompre l’isolement !
Il faut rappeler que le chômage est encore trop vécu comme une maladie. Pourtant, tout le monde a été, ou connaît au moins une personne de son entourage qui a été au chômage !
Les E.R.O., c’est aussi une communauté, secrète, dans laquelle ils peuvent se retrouver pour échanger, sans jugement de valeur, de leur recherche d’emploi ou de la dernière tarte au citron qu’ils ont faite !
Il y a un vrai enjeu autour du « off boarding » des collaborateurs. Selon toi, comment les entreprises peuvent-elles mieux accompagner les salariés dans ce moment clé de leur carrière ?
Très clairement.
Aujourd’hui, où l’on parle beaucoup de valorisation de la Marque Employeur, celle ci s’arrête souvent à attirer et fidéliser les talents. Pourtant la vie de l’entreprise, c’est aussi s’en séparer parfois.
Dans ces conditions, l’entreprise doit faciliter la négociation, minimiser le risque prud’homal, valoriser son image, stimuler la motivation des équipes en poste.
Alors oui, certaines entreprises mettent des actions d’offboarding en place, comme une meilleure gestion du parc matériel, une passation d’informations et de compétences, une intégration à des groupes d’Alumini mais au final, une fois que le collaborateur est sorti des effectifs, il (ou elle) se retrouve seule.
Pourtant, l’entreprise peut aller encore plus loin et permettre d’un côté à son salarié d’être accompagné pour se concentrer sur son avenir, et de l’autre développer une politique RH responsable et éthique !
Faire d’un départ une opportunité pour chaque partie prenante : L’entreprise, le salarié, les équipe en poste et bien sur ses clients.
A un moment ou à un autre de notre parcours professionnel, nous pouvons tous être amené.es à être des E.R.O. Quel message souhaiterais-tu leur transmettre ?
La première chose serait de leur rappeler que quand vous devenez un E.R.O., c’est votre employeur que vous perdez, pas vos compétences !
Ensuite, que la recherche d’emploi ne s’improvise pas et prend du temps.
Alors je les invite à télécharger gratuitement « Le Guide du E.R.O. » sur le site, où ils trouveront 10 conseils pour garder le rythme et se mettre dans de bonnes dispositions, avant d’entrer dans le vif du sujet : le CV et autres profil Linkedin…
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