Aujourd’hui, c’est au « je » que j’écris cet article parce qu’il faut parfois oser. Oser poser ces questions qui nous taraudent. Oser questionner les changements qui s’imposent à nous.
Le télé-travail
Notre équipe est une habituée du télé-travail. D’une parce que nous avons plusieurs bureaux et avons ainsi des outils adaptés au collaboratif. De deux parce que depuis le démarrage de notre aventure, le télé-travail est « libre » chez nous. Le temps nous a convaincus de l’avantage du télétravail pour nos salariés. Parce que oui, nous avons recruté des personnalités qui, on le savait, aimeraient ce mode d’entreprise. Donc chez nous, le télétravail est offert à celui qui en ressent le besoin. Si il veut rester chez lui, il reste, si il veut venir, il vient. En misant sur la responsabilité individuelle et le discernement de chacun, jamais nous n’avons eu de problème avec.
Et pourtant…
J’ai mis toute l’équipe en télé-travail deux semaines avant le confinement. Ayant des amis italiens et travaillant avec de grandes entreprises mondiales, une intuition m’a incitée à ne pas faire prendre les transports pendant 1h15 à mes équipes. Cela a surpris, moi la première. Je suis de nature optimiste mais j’ai aussi la responsabilité d’une entreprise.Mon équipe est donc partie aux 4 coins de la France 2 semaines avant tout le monde. On avait le droit à l’époque. Et dans mon équipe, j’ai eu des adultes enfermés dans une tour de Nanterre avec conjoint, d’autres disposant d’une maison avec jardin et d’autres retournés chez les parents ou beaux-parents qu’ils avaient quitté à l’adolescence (parce qu’on ne fuyait pas forcément les villes pour les maisons de campagne, c’était simplement qu’on n’en n’était pas originaires).
Et là j’ai franchi toutes les limites
Car j’ai découvert qu’une fois contraint, le télé-travail imposé dans un climat d’insécurité n’était pas le même. Oui, on pouvait travailler de la même façon : on avait les bons outils, mais il fallait de l’accompagnement et parler. Beaucoup. De l’entreprise mais surtout de ce que chacun vivait à titre individuel.
On dit qu’il faut faire la part entre vie perso et vie pro et pourtant. Savoir qu’un tel était enfermée au soleil avec une famille dont l’intégralité était au chômage partiel me permettait de savoir que son quotidien ne serait pas le même que celle enfermée dans un petit appart ou que celui qui a des enfants en bas âge.
Comment attendre la même chose de chacun ? C’est tout simplement impossible. Et je ne parle même pas de ceux enfermés avec quelqu’un de toxique. Comment ne pas avoir d’empathie pour ces situations de vie ? Est ce discriminant que d’être tolérant ? J’ose poser la question car pour moi, cela ne change rien tant je connais l’engagement de ceux qui travaillent sur le projet et j’ai une totale confiance en tous. Mais je m’interroge à plus large échelle. Est-ce indécent de la part des managers d’avoir accepté que l’environnement joue un rôle sur le travail des salariés ? Certains ont fait de la discrimination car leur âme a pris le dessus. Aujourd’hui on a toléré l’empathie mais demain ? Je m’inquiète. Car je sais que le télé-travail va se normaliser. Comment va-t-on accompagner ces situations de vie ? Car oui, il y a celui pour qui le télé-travail est un bonheur et celui pour qui le télé-travaille est source de profonde angoisse.
Et c’est une vraie question : comment laisser la vie perso hors de l’entreprise dans cette nouvelle donne ?
Si des RH ou managers veulent bien commenter et nous raconter directement sur les réseaux ou en format anonyme etsionsouriait@loptimisme.com, cela enrichira le débat !