Notre équipe mène depuis des années des campagnes de sensibilisation à la santé mentale. Depuis 2017, notre organisme de formation dispense des formations. Ces 2 dernières années, nous avons assisté à un véritable boom de la demande concernant les formations en santé mentale. Nous ne pouvons que nous réjouir que la thématique soit enfin abordée dans la sphère professionnelle. Il nous paraît cependant important de vous faire part de nos retours du terrain pour vous éviter quelques déconvenues si vous souhaitez accompagner vos salariés sur ce sujet. Nous avons fait un TOP 3 des erreurs que nous voyons trop fréquemment.
1/ Penser que les outils digitaux suffisent
Quand on est une multinationale, on se dit souvent que l’outil digital est la voie la plus rapide pour permettre aux salariés de s’emparer d’un sujet. Il semble en effet plus simple d’investir dans une application que de faire venir sur site des experts pour former des milliers de collaborateurs.
Vos collaborateurs sont nos lecteurs, et toutes les semaines, ce sont des centaines de témoignages que nous recevons nous indiquant que :
- « chez nous, on a encore mis en place un baromètre mais personne ne le lit ». Nous avions d’ailleurs rédigé un article sur ce sujet.
- « c’est cool des applications bien-être… Sauf que : à quel moment on a le temps d’aller dessus ? »
- « on nous a mis en place une application et des formations en ligne pour soit disant la santé mentale… mais qui se connecte ? Les gens sensibilisés et bienveillants… autant dire que mon manager est très très loin du sujet. Il lance les formations sur son double écran en mode muet pour faire semblant de les écouter…»
Mettre en place des technologies sans sensibilisation ni explication, c’est un coup d’épée dans l’eau. Ne vous dispensez pas de l’accompagnement de ceux qui déploient les technologies et acculturez-vous en parallèle au sujet grâce aux newsletters internes, grâce à des formations ou des conférences en présentiel.
Il est important de rappeler que les troubles de la santé mentale sont souvent accompagnés d’isolement et que l’ouverture de la parole est un des points clefs. Si l’outil tech peut accompagner le sujet, seul, il n’est jamais suffisant.
Pour vos équipes, cela devient souvent vite « ils mettent un pansement pour faire semblant alors que le fond du problème est l’organisation et l’humain ». Quelle déception quand vous avez investi des milliers d’euros pour que votre action soit perçue de la sorte.
2/ Confondre santé mentale et burn-out
La pandémie a mis sur le devant la scène le sujet de la santé mentale et a permis de faire sauter quelques tabous. La période est si complexe qu’il est devenu (plus) tolérable que les collaborateurs puissent vivre des périodes de souffrance, d’anxiété voire de périodes dépressives.
Pourtant, au cours des deux dernières années, le sujet de la santé mentale semble se cristalliser autour du burn-out. C’est un peu comme si on était en bonne santé mentale dès lors qu’on n’était pas en burn-out et inversement.
Il est important de rappeler que le burnout ne figure dans aucune des classifications actuelles des troubles mentaux. Il est absent des deux grandes nomenclatures internationales de référence ( le DSM-5 – Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux et de la CIM 10 – Classification internationale des maladies de l’OMS).
On pourrait se questionner sur le sujet mais là n’est pas l’objectif de cet article. Le message que nous souhaitons faire passer à travers cet article est qu’il est important de ne pas réduire la santé mentale au burn-out.
Parmi les troubles de la santé mentale, on pourra citer : les troubles anxieux, les troubles de l’humeur, les troubles psychotiques, les troubles de l’addiction, les troubles du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité… Rappelons un chiffre : selon l’OMS 25% de la population mondiale est concernée à un moment ou un autre de sa vie par un trouble de la santé mentale. Sensibiliser au sujet de la santé mentale, c’est sensibiliser au sens large du terme.
1 personne sur 4, cela veut dire que tous les salariés, s’ils ne sont pas eux-mêmes concernés, sont les aidants d’un proche.
Vous pouvez découvrir plus de chiffres : 20 chiffres clés à connaître
3/ Se tromper de format dans les sensibilisations à la santé mentale
Il est important, quand vous souhaitez sensibiliser au sujet, de choisir le format le plus adapté.
Cette formation, probablement la plus connue est normée internationalement. Elle permet aux participants d’obtenir un certificat de « secouriste en santé mentale ». 2 jours de formation pour connaître les principaux troubles et savoir comment réagir.
Notre équipe la délivre en format inter-entreprise et intra-entreprise.
Points de vigilance :
- Il est important de rappeler que cette formation s’adresse UNIQUEMENT à des volontaires
- Le contenu est dense et « difficile » : des participants ont régulièrement besoin de sortir de la salle
- On ne mentionne pas le Burn-out à proprement parler : le programme étant normé, nous n’avons pas la possibilité de l’adapter. Le contenu délivré doit être le même pour tous. Cela peut avoir un côté déceptif pour des salariés qui, très souvent, ont besoin d’évoquer le sujet (ce qui se passe sur les temps d’échange ou de pause).
Si vous souhaitez sensibiliser l’ensemble des collaborateurs au sujet de la santé mentale : préférez un format conférence court (entre 45 minutes et 1h15 max). Ce format permet de faire passer de nombreux messages.
Nous n’avons qu’une santé mentale. Pourtant, au fil des années, nous avons remarqué que de nombreux salariés souhaitaient avoir une formation dédiée à la santé mentale au travail. Mais mobiliser sur 2 jours managers et collaborateurs est compliqué dans beaucoup d’organisations. C’est pourquoi nous avons crée ce format d’une demi-journée
Cet atelier d’1h00 est un outil de facilitation qui a pour objectifs de permettre aux collaborateurs de prendre conscience de leur « potentiel aidant » à l’égard d’un collègue en souffrance psychique au travail.
4 / Mal choisir son public
Dernière question qu’on nous pose souvent : faut-il diviser collaborateurs et managers ? Nous n’avons pas de préconisation spécifique sur ce sujet car cela dépend de l’entreprise, de l’ambiance, de la maturité du sujet, du contexte et que nous avons besoin d’échanger avec vous pour le savoir.
Nous pouvons néanmoins vous proposer des pistes de réflexion.
- Ne pas diviser les publics : nous sommes tous vulnérables face au sujet de la santé mentale. Au-delà des aspects hiérarchiques, nous sommes avant tout des humains concernés par la même thématique. Mélanger les publics permet de créer du liant.
- Diviser les publics : 44% des managers sont en détresse psychologique et peuvent préférer un contenu adapté au contexte managérial. Egalement en faveur de la division des publics : les équipes peuvent se sentir moins libres de parler quand leur manager est là.
Si vous avez besoin de conseils, vous pouvez contacter l’équipe formation de l’Optimisme qui saura vous renseigner formation@loptimisme.com.
Quoi qu’il en soit, mener des campagnes de sensibilisation à la santé mentale est un acte citoyen fort. Nous vous rappelons le message du directeur général de l’OMS « Il s’agit d’un signal d’alarme adressé à tous les pays, afin qu’ils accordent plus d’attention à la santé mentale et fassent de plus gros efforts pour soutenir la santé mentale de leurs populations. »