Vous avez remarqué qu’un de vos collègues ou qu’une personne de votre équipe semble présenter un problème lié à sa santé mentale ou tout simplement ne pas aller bien. Que faire ? Notre équipe, formatrice Premiers Secours en Santé Mentale vous propose quelques pistes d’action.
2 RAPPELS IMPORTANTS: VOUS N’ETES NI MEDECIN NI SAUVEUR
En préambule, il est important de vous rappeler que vous n’êtes pas professionnel de santé et qu’on ne peut pas vous demander d’avoir les connaissances d’un expert en matière de santé mentale. A ce titre, il ne vous incombe pas de soigner ou de sauver votre collègue, ce qui ne vous empêche pas d’être un soutien ou un relai déterminant dans la situation qu’il rencontre. Nous constatons beaucoup de culpabilité et de sentiment d’impuissance de la part des collaborateurs proches d’une personne en souffrance. Vous pouvez parfois avoir l’impression que votre écoute, vos recommandations ne suffisent hélas pas. Et c’est normal. Rappelez vous que personne ne peut aider quelqu’un contre son gré.
De plus, vous ne pouvez jamais savoir à l’avance l’impact de vos mots et de vos gestes bienveillants dans l’intériorité de l’autre même si sur le coup, ils vous paraissent “peu efficaces”. Pour la personne en détresse, ces petites attentions peuvent changer la donne. Ne vous découragez pas. Certains problèmes de santé mentale demandent temps et patience. Vous pouvez participer au mieux-être voire au rétablissement de votre collègue s’il souffre d’un problème de santé mentale mais ces situations, complexes, nécessitent parfois l’alliance d’autres acteurs. Trop souvent nous entendons des managers ou collaborateurs poser un diagnostic ou un jugement: « il simule », « il doit faire une dépression », « moi je pense qu’il devrait s’arrêter ». Seul un professionnel de santé est en mesure de poser un regard médical sur des signes ou des symptômes et de proposer un traitement.
AIDER UN COLLEGUE EN SOUFFRANCE: 3 ETAPES
Chacune de ces étapes mériterait d’être détaillée : l’objectif de cet article est de créer un petit kit et d’aborder les points les plus importants. Pour ceux qui veulent aller plus loin sur le sujet, nous vous recommandons chaudement de vous former.
1ère étape : reconnaître un changement de comportement
Si votre rôle ne consiste pas à poser un diagnostic comme nous l’évoquions ci-dessus, chacun peut se sensibiliser aux différents signes d’une détresse psychologique au travail et en évaluer le degré d’impact dans la vie professionnelle ou sociale de son collègue. Il y aura certes toujours une part de subjectivité dans cette évaluation. C’est indéniable. Mais plus nous serons nombreux à être informés et plus nous permettrons un accès précoce à une aide efficace avant que la situation ne s’aggrave. Nous avons tous une idée plus ou moins intuitive de ce que peuvent être ces signes de mal-être. Ils relèvent de différents registres:
- des signes comportementaux: absence aux réunions, repli sur soi, difficultés à coopérer, hostilité à l’égard des collègues, consommation de produits pour « tenir le coup »…
- des signes cognitifs: difficultés de concentration, trouble de la mémoire ou de l’attention, indécision, difficultés à faire des opérations simples…
- des signes émotionnels: tristesse, angoisse, anxiété, hypersensibilité, colère…
- des signes physiques: fatigue généralisée, trouble du sommeil, douleurs multiples, maux de tête, perte d’appétit…
Généralement, c’est un changement inhabituel que l’on perçoit chez notre collègue et qui va nous mettre la puce à l’oreille. Un signe, pris isolément, ne veut pas dire grand chose mais un ensemble de signes doivent nous alerter. Comment savoir s’il s’agit d’une humeur passagère ou d’un problème plus sérieux ? Vous pouvez vous aider de 3 questions clefs:
- Le ou les signes que j’observe chez mon collègue durent-ils dans le temps ? (notion de durée)
- Le ou les signes semblent-ils provoquer une souffrance chez lui ? (notion d’intensité)
- Le ou les signes empêchent-ils mon collègue de faire les choses qu’il avait l’habitude de faire dans sa sphère professionnelle, sociale ou familiale (notion d’impact).
Il y a lieu d’agir lorsque le signe devient un problème ou une source de souffrance pour son collègue ou pour les autres.
2ème étape : répondre à la situation par le dialogue ouvert
Au cœur de la vie et de nos relations, l’échange et la communication. Lorsque vous constatez un mal-être chez un collègue, la meilleure manière d’agir est d’en parler avec un dialogue ouvert et confiant. Et il n’est pas toujours facile d’avoir ce réflexe. La peur de paraître intrusif, la peur d’être maladroit ou de ne pas trouver les bons mots, la peur d’être submergé soi-même par les émotions de l’autre etc… Autant de freins qui nous empêchent d’aller vers l’autre.
L’essentiel de cette démarche est avant tout la sincérité. Les techniques de communication non violente et la pratique de l’écoute active sont des outils utiles. Débutez la conversation en repartant de ce que vous avez observé (les faits) et en privilégiant le “je”. Exemples: “j’ai remarqué que…”, “Je me soucie pour toi…”. Posez des questions ouvertes sur les ressentis de votre collègue pour laisser place au dialogue sans vous prendre en exemple et sans paraître “inquisitoire”.
Si votre collègue n’est pas disponible à l’échange, reportez cet échange et montrez-lui que vous êtes disponible lorsque ce sera le bon moment pour lui. Pour que cette conversation porte ses fruits, portez attention au cadre de l’échange (éviter de le faire entre deux portes ou en réunion en présence d’autres collègues). N’engagez pas cette conversation si vous ne vous sentez pas en capacité émotionnelle de dialoguer d’un mal-être. Dans ce dernier cas, ayez le réflexe de vous poser une question subsidiaire: “A qui d’autre, dans l’entourage de mon collègue ou parmi mes collègues ou ma hiérarchie puis-je faire appel en toute confiance pour gérer cette situation?”
L’essentiel de cette démarche est avant tout la sincérité. Les techniques de communication non violente et la pratique de l’écoute active sont des outils utiles. Débutez la conversation en repartant de ce que vous avez observé (les faits) et en privilégiant le “je”. Exemples: “j’ai remarqué que…”, “Je me soucie pour toi…”. Posez des questions ouvertes sur les ressentis de votre collègue pour laisser place au dialogue sans vous prendre en exemple et sans paraître “inquisitoire”.
Si votre collègue n’est pas disponible à l’échange, reportez cet échange et montrez-lui que vous êtes disponible lorsque ce sera le bon moment pour lui. Pour que cette conversation porte ses fruits, portez attention au cadre de l’échange (éviter de le faire entre deux portes ou en réunion en présence d’autres collègues). N’engagez pas cette conversation si vous ne vous sentez pas en capacité émotionnelle de dialoguer d’un mal-être. Dans ce dernier cas, ayez le réflexe de vous poser une question subsidiaire: “A qui d’autre, dans l’entourage de mon collègue ou parmi mes collègues ou ma hiérarchie puis-je faire appel en toute confiance pour gérer cette situation?”
3ème étape : guider et orienter
Une fois que votre collègue s’est senti écouté, il est plus facile pour vous de lui donner de l’information et de l’orienter.
L’objectif est de lui permettre d’être aidé s’il ne l’est pas encore. Vous pouvez parler des ressources que vous avez en interne (médecine du travail, psychologue du travail, coachs, applications, mutuelle…) et en externe (association, sites web, centres de ressources). Cet article pourra également vous aider à l’orienter. Surtout, veillez à ne pas rester seul.e face à la souffrance de votre collègue. Vous pouvez vous-même en parler pour ne pas porter les émotions de l’autre. Il est important de prendre soin de soi tout autant des autres.
L’objectif est de lui permettre d’être aidé s’il ne l’est pas encore. Vous pouvez parler des ressources que vous avez en interne (médecine du travail, psychologue du travail, coachs, applications, mutuelle…) et en externe (association, sites web, centres de ressources). Cet article pourra également vous aider à l’orienter. Surtout, veillez à ne pas rester seul.e face à la souffrance de votre collègue. Vous pouvez vous-même en parler pour ne pas porter les émotions de l’autre. Il est important de prendre soin de soi tout autant des autres.