Cher lecteur,
Tu le sais : depuis maintenant 3 ans, l’été, je publie des articles sur LinkedIn. Ce n’est pas très stratégique si on considère le nombre de vacanciers ! Mais l’été m’offre ce qui me manque le plus au cours de l’année : du temps. Cet été j’ai décidé de débuter une série d’articles sur l’hypersensibilité, les zèbres, les borderlines ou les aspergers en entreprise. Non pas qu’il s’agisse de ma spécialité ni de ma cause. J’ai simplement la chance d’être lue et il me parait important d’évoquer des sujets encore tabous et souvent incompris (pour preuve mon dernier post LinkedIn sur le sujet des zèbres a généré des centaines de commentaires et pour la première fois en 4 ans sur LinkedIn certains sacrément agressivifs). Je ne parlerai dans ces articles uniquement de mon parcours et de ceux qui voudront bien témoigner. Je raconterai ma responsabilité en tant qu’employeur sur ce sujet parce que j’ai la chance d’être entourée de personnalités aussi diverses qu’incroyables. Je laisserai aux « professionnels » (psychologues, spécialistes du sujet, médecins du travail, RH, etc) le soin de commenter les posts pour peut-être les éclairer. Je ne ferai qu’apporter un témoignage souvent teinté de 1000 émotions pour, je j’espère, ouvrir la porte à l’exploration du sujet.
Le jour où j’ai compris : je n’étais pas la seule
C’était il y a 4 ans, un 14 février pour être précise. J’avais rejoint quelques copains des 100 barbares le temps d’un week-end. Ils sont de ceux que j’appelle des « claques intellectuelles ». Des gens curieux et pleins de culture aux côtés desquels chaque minute devient un apprentissage. Mais ce n’est pas ce qui m’avait charmée chez eux. Des gens intelligents, il y en a partout. D’autant plus que je suis convaincue nous sommes tous intelligents de mille compétences si souvent oubliées.
Pourtant, ce week-end avait été pour moi été une révélation. Ce jour de Saint Valentin, je découvrais qu’il existait des gens comme eux. Des gens qui, les pieds bien sur terre, étaient dotés d’une empathie et d’une sensibilité qu’ils ne cachaient pas. Ce n’était pas seulement des réflexions sur le monde de demain que nous échangions; c’était avant tout des émotions que nous partagions et l’appartenance à une humanité.
De la vulnérabilité
L’objectif de ce week-end barbare était de réunir des personnalités différentes pour mutualiser les intelligences et faire avancer les projets des uns des autres : c’était la première fois que des gens s’intéressaient à l’Optimisme et en comprenaient le pourquoi…
Si ce week-end fut un élan pour le projet, il m’apporta bien au-delà. Jamais je n’oublierai ces yeux remplis de larmes quand lors d’un tour de table on nous demanda d’évoquer ce que nous avait apporté ce temps ensemble. Ces personnalités que j’admirais pour leurs parcours laissaient paraître une vulnérabilité et une sensibilité hors du commun. Des hommes émus comme je n’avais jamais vu aucun de mes amis l’être. Je n’ai pas résisté et les larmes sont montées. Pour une des premières fois de ma vie, je n’avais pas eu à faire semblant et à retenir les émotions.
Parce que je suis fragile
J’imagine qu’en lisant ces mots, tu te dis qu’on dirait les propos d’une ado fragile. Il faut dire qu’on associe souvent la réussite professionnelle aux clichés des femmes fortes, qui n’ont aucun doute et qui tiennent d’une main de fer leur entreprise. Afficher une vulnérabilité peut même paraître signe de faiblesse. Mais je ne suis pas ce personnage que certains s’imaginent et je crois en la douceur du collectif dont je ne suis qu’un élément bien fragile.
C’est avec le recul que je peux dire que ce week-end a marqué le point de bascule de l’acceptation de mon hypersensibilité. Toute ma vie j’avais joué le personnage de la wonderwoman vivant à NY ou Barcelona exprimant rarement ses sentiments. Mais ce n’était pas moi. Je m’étais quelques fois effondrée, devant mon mec ou quelques amis qui avaient conclu que j’étais « relou à pleurer ». Je me rappelle la réflexion de mon ancien DG un jour de grosse fatigue « oh t’en fais pas j’ai l’habitude, ma femme pleure ».
Aujourd’hui j’assume cette part de moi-même
J’ai peur de me mêler à la foule dans les événements du fait de mon hypersensibilité d’autant que de l’hypersensibilité auditive rend complexe les discussions dans les milieux bruyants. Je dois gérer de fortes émotions quand je vois une injustice qu’elle soit envers un être vivant, un animal ou notre planète. Et je ressens l’énergie de mes interlocuteurs : c’est ainsi, je ne sais l’expliquer.
Alors oui, je pourrais travailler dessus. Mais pourquoi ? Est-ce si handicapant ? J’ai passé 35 ans à m’adapter au moule sociétal. Et oui, je sais « contrer » ces caractéristiques en les reniant, mais pourquoi me l’imposer ?
Combien de fois m’a-t-on dit que j’étais « trop sensible », mais par rapport à quelle norme ? Combien sommes-nous à avoir éteint notre être intérieur à cause de ces phrases. Et quel est ce monde où on est « trop sensible ». Quand je vois notre société, je me dis le contraire, ne le serait-on pas assez ?
On m’avait dit qu’il faudrait me blinder en étant à la tête d’une entreprise : et pourquoi pas l’inverse ? Pourquoi ne pas imposer une nouvelle norme où la sensibilité à sa place ? C’est en tous cas ce que j’essaie de créer à l’intérieur de notre entreprise et avec ceux avec qui nous travaillons.
Conclure
J’ai encore fait trop long pour ce premier article d’été… En relisant les mots posés, je me dis que cela peut te paraître trop « cri du cœur ». Je pourrais pondérer l’article pour le rendre plus compatible avec notre société, mais cela serait encore une fois me renier pour me conventionner.
Je le laisse donc dans son premier jet avec un mot pour tous les sensibles et hypersensibles : vous n’êtes pas seuls, osons le dire.