A l’heure où les entreprises encouragent l’agilité de leurs équipes, où les projets de transformation se multiplient, les collaborateurs peuvent se sentir parfois dépassés par ces injonctions. Réussir à équilibre sa vie professionnelle et sa vie personnelle peut alors être une des clés pour parvenir à un mieux-être en entreprise.
La tâche n’est pas simple, et cela doit venir à la fois du collaborateur et de l’organisation, qui doit élargir le cadre dans lequel le salarié évolue.
Laetitia Barrier est facilitatrice de bien-être dans sa tête et dans ses baskets. Elle nous explique comment cet équilibre, essentiel au salarié, impacte positivement l’entreprise.
Comment avez-vous commencé à étudier la thématique de la complémentarité entre vie professionnelle et vie personnelle ?
Lors de mon parcours chez ENGIE, j’ai été un témoin privilégié d’importants changements au sein de l’organisation. Entreprise pionnière en terme de transformation digitale et en matière d’agilité, ENGIE a mis en place en 2017 et 2018 des ateliers pilotes à l’initiative de la Direction de la Transformation sur des sujets tel que le bien-être, la qualité de vie au travail, l’Intelligence Artificielle, etc. Missionnée pour faire du learning expedition, je devais être à l’affut de cas pratiques trouvés à l’extérieur de l’entreprise pour alimenter ces ateliers à l’intérieur. Ce fut les premiers pas vers un modèle d’Entreprise dite « Libérée ».
En parallèle, j’ai commencé à réfléchir à un projet de reconversion professionnelle pour équilibrer la vie professionnelle et la vie personnelle des salariés, et tendre vers un équilibre de l’organisation. Car l’un ne va pas sans l’autre.
Qu’avez-vous mis en place dans votre vie pour tendre vers cet équilibre ?
J’ai construit pour moi-même une série d’outils pour être équilibrée dans ma vie professionnelle et personnelle, être bien dans mes baskets quelque soit l’environnement dans lequel je me trouve. L’objectif est de casser la routine du quotidien. Pour sortir de ma zone de confort, j’essaie par exemple de ne pas faire le même trajet chaque jour, de lire un article différent de mes lectures habituelles, de changer mon mode de transport et de m’ouvrir aux changements suggérés par mon quotidien. Car lorsque l’on ouvre son esprit à des choses différentes dans la sphère privée, on accueille le changement en entreprise de façon plus ouverte. L’idée est de se relier à l’environnement dans lequel on évolue. Si je m’autorise à sortir de ma zone de confort dans la semaine, j’aborderai plus facilement les changements qui me sont suggérés par ma structure.
Une autre conséquence, recherchée par toute les entreprises : les collaborateurs s’autorisent à sortir de leur fiche de poste ! Ils suggèrent des pistes d’amélioration, des nouvelles idées, ils prennent des initiatives. La quête de sens commence…
Comment réussir à sortir de sa zone de confort et tenir dans la durée ?
J’ai commencé à faire du yoga en 2016, une découverte structurante. Petit à petit, j’ai mis en place d’autres outils et aujourd’hui je me challenge tous les jours. Quand on travaille dans une organisation qui demande d’être agile, il faut l’être également dans sa vie personnelle. Cela facilite l’adaptation dans la vie professionnelle et se répercute dans la sphère privée. Le fait de voir sa journée différemment diminue le stress et cet apaisement se ressent à la maison.
Evidemment il faut être discipliné et avoir beaucoup de persévérance pour tenir ce rythme dans la durée, mais ça marche ! Le tout est d’y croire. Croire que ce qui nous fait du bien, se répercute sur les autres et facilite nos relations sociales. On voit les progrès petit à petit apparaître.
Réussir à mettre en place ces outils est une question de choix. On peut choisir de passer 2 heures sur les réseaux sociaux ou bien d’aller faire du bénévolat, d’aller dans un parc, se lever 30 minutes plus tôt le matin pour passer du temps avec ses enfants ou se déconnecter le soir pour juste être ensemble.
Comment faire pour que l’entreprise s’empare de ce sujet ?
C’est le challenge, mais ce n’est pas un sujet fermé. Aujourd’hui le système français est encore assez pyramidal, et cela revient aux managers d’être ouverts aux suggestions des salariés.
Par exemple, lors de la réunion de service du lundi matin où chacun parle de ses sujets, il est possible de commencer la réunion en faisant un tour de la météo des émotions de chacun. L’objectif est de savoir ce qu’il y a autour de la table, ici et maintenant. Cela permet à chacun de se positionner par rapport à son voisin et au manager de mieux rythmer la réunion par rapport aux personnes présentes.
Nous sommes en plein dans ce que l’on appelle les Soft skills. Au delà des compétences techniques, l’empathie et l’écoute active vont permettre ou non de mener cette réunion avec succès.
A partir du moment où l’on a une maîtrise de soi, on peut avoir un impact positif sur son entourage. Etre empathique et savoir identifier l’émotion qu’il y a chez la personne en face est précieux pour l’entreprise. A partir du moment où l’on est ouvert à son environnement, on peut trouver des solutions dans l’intérêt commun.
Nous sommes des êtres humains avant tout. A partir du moment où l’on connaît ses propres forces et ses faiblesses, on peut jouer avec et être utile à l’intérieur de son équipe et de son organisation. L’humain est volatile, et ce facteur est très intéressant car nous sommes tous différents et cette différence apporte de la richesse et de l’agilité à l’organisation.
Comment rester dans l’équilibre ?
Il faut avant tout s’écouter. Un point de vigilance à avoir en entreprise est la surchauffe, qu’elle soit physique ou mentale. Il faut alors s’autoriser à demander de l’aide. Mon conseil : pour faire retomber la pression, aller vous isoler dans une salle de réunion, méditer et respirer pour revenir à la réalité et ne pas se laisser embarquer par le stress. Une fois apaisé, on peut alors retourner à la source du désagrément et regarder les choses sous un autre angle. Si il n’est pas possible d’absorber, il faut avoir l’humilité de demander de l’aide, pour soi et dans l’intérêt du collectif.
A ce moment là, on pense à soi mais indirectement on pense à l’équipe car cela génère moins de sentiment négatif sur l’environnement. En rentrant à la maison il n’y a pas de répercussion négative sur le conjoint ou les enfants. En faisant en sorte que cela ne déborde pas au travail, le stress n’est pas rapporté à la maison.
Une posture que j’aime beaucoup en yoga est celle de la montagne. Cette métaphore est assez intéressante. On est bien ancré sur ses jambes et quelque soit la météo, on est stable. C’est ça le message : quelque soit l’événement qui se produit dans notre vie, on reste stable car on est solide.
Une citation qui vous inspire ?
Une de mes sources d’inspiration est Confucius, il y a plusieurs citations dont je m’inspire chaque jour. J’aime beaucoup celle là « Celui qui plante la vertu ne doit pas oublier de l’arroser souvent ».
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