Avez-vous entendu parler de « Fork Parker’s Crunch Out » ? Un jeu vidéo en édition limitée qui met en scène un CEO avide aux stratégies discutables. Le but est de dénoncer les conditions de travail de l’industrie vidéoludique.
Un antihéros porteur d’un message
Vous n’y croirez pas ! Ce jeu Super Nintendo a été créé pour sensibiliser les joueurs aux problèmes de dépression et de burn-out courants dans l’industrie vidéoludique. Une problématique actuelle traitée donc avec humour.
On y suit l’ascension de Fork Parker, CEO fictif de Devolver, prêt à tout pour réaliser plus de profit. Les joueurs devront motiver leurs équipes avec des bonus calculés en fonction de la réception critique des jeux qu’elles conçoivent. Les amateurs de cette nouveauté old school devront réaliser des innovations marketing (paiement sans contact, des microtransactions etc). S’il est question de stratégies marketing, le but du jeu est bien de prendre conscience de l’insoutenabilité des pratiques de Fork Parker. Cet antihéros représente donc des pratiques réelles dont les joueurs pourront prendre conscience.
Un jeu vidéo qui dépasse le simple divertissement
Le jeu édité à 1000 exemplaires est avant tout un coup de communication. Le thème abordé (les conditions de travail dans l’industrie du jeu vidéo) est un sujet de plus en plus médiatisé. Il s’inscrit ici dans une démarche d’engagement des dirigeants de Devolver de dénoncer ces problématiques.
Les profits générés par “Fork Parker’s Crunch Out” seront intégralement reversés à Take This, une association à but non lucratif qui travaille sur les maladies mentales, mais aussi les problèmes liés au surmenage dans l’industrie vidéoludique et ailleurs. Take This avait déjà publié en 2016 un livre blanc Crunch hurts sur les souffrances liées au « crunch » : périodes de surcharge de travail allant jusqu’à soixante-dix heures par semaine.
Le cofondateur de Devolver Mike Wilson confie, en faisant part de son soutien à la syndicalisation de l’industrie vidéo, que « Ce “crunch” qui brise les gens dans les grands studios, ce n’est pas nouveau. C’est juste un secret honteux que l’industrie n’a jamais réussi à résoudre (…). C’est assez scandaleux quand on voit l’argent qu’elle génère. (…) Puisqu’il n’y a pas de syndicat de développeurs de jeu, les représentants de l’industrie ne veulent pas énerver les éditeurs, qui sont souvent leurs plus grands sponsors. »
D’ailleurs, Un projet de syndicat international des travailleurs du jeu vidéo, Game Workers Unite, est né en mars 2018. « Fighting for a future of fair labor », tel est le projet de cette organisation anonyme en formation.
Une problématique internationale
Canard PC s’est associé à Mediapart pour enquêter sur les conditions de travail dans l’industrie du jeu vidéo. Cette série d’articles s’intitule « Crunch investigation » et regroupe dossiers, témoignages et interviews. Ce projet inédit montre bien la prise de conscience croissante de la réalité des conditions de travail. Et ce bien au-delà des Etats-Unis.
Ces projets confirment que la performance à tout prix qui caractérise l’industrie du jeu vidéo et bien d’autres n’est pas la solution. Le monde du travail comporte de nouveaux enjeux, qui supposent des conditions de travail favorables aux collaborateurs.
Notre évènement du 1er juin 2018 à Paris propose de travailler sur comment créer une nouvelle expérience digitale dans le bureau flexible nouvelle génération.
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