Un nouvel article des éditos de la rédac’ publié par Catherine Testa sur LinkedIn…
Le bonheur au travail, ce n’est pas pour moi !
Cher lecteur sceptique,
Je le sais… le bonheur au travail, tu es sceptique. C’est bien normal.
J’ai d’ailleurs été comme toi. Te lancer dans une telle démarche c’est risquer de bouleverser ta société. Au fond, elle « tourne bien » comme ça depuis des années, alors pourquoi changer ?
Tu doutes face à cette nouvelle tendance :
- Ta société est une trop grosse machine pour cette thématique
- Parler de CHO ne te semble pas crédible face à tes ingénieurs X, Mines, Ponts & Chaussées…
- Tu penses qu’il s’agit d’un buzz temporaire
- Dans ta société, ce qui fonctionne c’est la carotte et le bâton, tes salariés sont pour toi des fainéants
- Tes organisations syndicales vont t’attaquer en frontal si tu parles de CHO ou de bien-être en entreprise
- Tu ne sais pas par où commencer
- Et surtout, le mot bonheur, tu n’en peux plus de le voir utiliser à toutes les sauces
Tu le sais, en vacances, j’aime écrire des lettre. J’ai donc décidé de répondre à tes questionnements en t’envoyant une lettre par semaine durant tout l’été.
Comme toi, je n’en peux plus de certains « buzzwords ». Traités à la légère, ils décrédibilisent bon nombre de démarches. Ainsi, il me semble important de te parler de la mutation du monde du travail. Crois-moi, en un an, j’ai vu un vrai changement. Les startups, les PME, les grands groupes du CAC 40, tout le monde subit une transformation et je te donnerai des exemples concrets plutôt que des concepts.
Je t’envoie aujourd’hui ma première lettre concernant ta première objection : « le bien-être en entreprise ce n’est pas pour moi ».
Tu penses que ce n’est pas pour toi
Forcément… tu n’es pas né au cœur de la Silicon Valley. Cette culture d’entreprise « happy » t’est donc complètement étrangère. Parfois, elle te paraît même antinomique avec la verticalité de ton entreprise. Tu regardes ça de loin, un brin amusé, un brin dubitatif.
Entre nous tu as l’impression que cette tendance bien-être / bonheur convient aux « d’jeuns » de chez Google qui plongent sur des toboggans pour se satisfaire du dernier contrat signé ou aux férus de développement personnel. Tu peux l’avouer, tu as ces clichés en tête. D’ailleurs, d’où vient cette explosion des ventes de livres sur le développement personnel ? Ce n’est pas un peu désuet et un brin léger tout ça ?
Autant te le dire dès maintenant, je peux te donner 100 raisons « business » de t’intéresser à la thématique du bonheur en entreprise. Non pas que je doute pas de ton côté altruiste. Mais je te connais. Tu penses que le but d’une société, c’est de générer de l’argent, pas de gérer les émotions de tes salariés. C’est normal. D’autant que tu as déjà un département RH et QVT qui gèrent ces questions depuis des années. Selon toi, « c’est déjà bien! ».
4 raisons de t’intéresser au bien-être de tes salariés
Je t’ai dit 100 mais nous sommes en juillet et je sais que tu as autre chose à faire que de lire mes lettres.
Alors réfléchissons ensemble rapidement.
Cela fait quelques années que pour ton entreprise c’est « custumer first ». Forcément, tu veux vendre et satisfaire ton client. As-tu pensé au « employee first » ? Tu vas me dire que ce n’est pas assez « business orientated ». As-tu lu toutes ces études stipulant qu’un salarié heureux est plus productif, moins absent, plus créatif, moins malade qu’un salarié classique ? Je t’invite à contacter tes RH pour connaître le coût pour ta société de l’absentéisme…Tu verras le bonheur, ça te permet d’économiser de l’argent !
Et cela t’évite aussi des coûts. Entre nous… c’est un peu la folie ces Data Scientists qui sont payés des fortunes à 30 ans et qui se permettent de partir au bout d’un an. Avant on restait 40 ans dans la même société (non, tu n’as pas le droit de dire que c’était mieux avant !). Tu veux savoir comment certaines entreprises les retiennent ? Grace à leur culture d’entreprise, tout simplement. Ne te méprends pas, ton data scientist de 30 ans a, lui aussi, envie d’être heureux en venant au travail et il lit même peut-être des livres de développement personnel (tu serais surpris de voir les statistiques).
Et ta marque employeur ? As-tu remarqué ? Nous vivons dans un monde connecté. Avec son Facebook, son Twitter et son Linkedin, ton salarié est un média à lui tout seul. Tu connais sûrement les courbes de viralité d’un post : c’est exponentiel. Jusqu’ici tes salariés n’osaient pas trop s’exprimer à ce sujet. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Et si ton salarié hésite encore, certaines applications lui permettent de s’exprimer de façon anonyme. Il n’y a pas longtemps j’ai entendu quelqu’un dire qu’il avait changé de supermarché en voyant sur une application la mauvaise ambiance qui semblait régner chez un grand distributeur.
Et tu sais, plus tu fais attention à ton salarié plus tu seras capable de détecter les pépites en interne. Si tu gères un groupe assez conséquent, tu réfléchis probablement à mettre en place un incubateur. Forcément, c’est à la mode en ce moment ! Mais as-tu pensé à identifier les « intrapreneurs » qui sommeillent dans ta société ? Car c’est aussi par ça que passe le bonheur en entreprise. En valorisant tes employés et en leur permettant de se développer, tu les fidélises. Cerise sur le gâteau, au passage tu anticipes souvent la problématique des multi-potentiels. Tu serais surpris de voir les effets bénéfiques d’une telle démarche.
Il est temps de finir cette première lettre de l’été
Ce ne sont que 4 raisons sur 100 et si tu en veux d’autres, envoie-moi un message, on en parlera de vive voix.
Evidemment, maintenant tu fais comme bon te semble. Je n’ai pas d’action dans ta société et je n’ai pas mon mot à dire. Mon but n’est pas de te convaincre mais de t’avertir. Cette transition sera aussi importante que celle de la digitalisation des entreprises et trop nombreux sont ceux qui vont prendre le train en retard comme je te le racontais dans mon dernier article…
Amicalement, Catherine