Dans un précédent article, nous évoquions le sujet de l’exigence émotionnelle rappelant qu’il s’agissait là d’un des facteurs de risques psycho-sociaux. De nombreuses entreprises tendent à minimiser le sujet en interne. Pourtant, la corrélation entre exigence émotionnelle et stress n’est plus à prouver.
Exigence émotionnelle : rappel et contexte
L’exigence émotionnelle peut se définir comme la pression exercée sur les salariés pour qu’ils contrôlent et régulent leurs émotions dans le cadre de leur travail. Nous en donnions quelques exemples dans un précédent article.
Et les chiffres sont sans appel. L’Agence européenne pour la sécurité et la santé au travail (EU-OSHA) soulignait en 2014 que l’exigence émotionnelle était l’un des principaux facteurs de stress au travail, affectant jusqu’à 40% des travailleurs européens.
En France, une enquête menée par le Ministère du Travail en 2016 révélait que 35% des travailleurs considéraient que leur travail nécessitait un contrôle émotionnel important.
Exigence émotionnelle et burn-out
En 2020, une étude publiée dans la revue “Stress and Health” a étudié l’impact de l’exigence émotionnelle sur plus de 900 professionnels du milieu de la santé en Norvège. Les participants ont répondu à des questionnaires permettant d’évaluer l’exigence émotionnelle, le niveau de stress, le burn-out et les symptômes de troubles anxieux et dépressifs. L’exigence émotionnelle a été mesurée à l’aide d’un outil d’évaluation développé dans les années 1980 pour mesurer les facteurs psychosociaux du travail (JCQ), les autres outils utilisés ont été l’échelle de stress perçu de Cohen, l’échelle de burn-out de Maslach et l’échelle de symptômes de troubles anxieux et dépressifs de Goldberg.
Les résultats ont montré que les professionnels soumis à une forte pression émotionnelle avaient des niveaux plus élevés de burn-out, de stress et de symptômes de troubles anxieux et dépressifs. Il a été mis en avant que l’exigence émotionnelle était un facteur prédictif significatif de ces problèmes même après avoir tenu compte d’autres facteurs de risque tels que l’âge, le sexe, l’ancienneté dans le poste et le soutien social.
D’autres études menées à travers le monde ont mis en avant des conclusions similaires. Pour n’en citer que quelques-unes, nous pouvons évoquer une étude publiée en 2021 dans la revue “Journal of Occupational Health Psychology” menée auprès des travailleurs du secteur bancaire aux États-Unis ou encore une étude publiée en 2021 dans la revue “Frontiers in Psychology” menée sur les services de police en Italie.
Mettre en place des mesures
En France, le sujet des RPS (risques pyscho sociaux) a tendance à être mis de côté dans de nombreuses entreprises. Le sujet des émotions encore plus.
Si certains secteurs sont plus impactés que d’autres (on évoque souvent le milieu de la santé, de l’enseignement, du commerce), aucun n’est épargné.
Et en échangeant avec les collaborateurs, nous remarquons que de nombreuses entreprises font l’impasse sur les mesures de prévention, pourtant obligatoires. Nous sommes d’ailleurs preneurs de vos retours : qu’est-ce que vos entreprises ont mis en place concernant le sujet ?
En matière de prévention, on peut évidemment penser aux :
- Formations sur les risques psycho-sociaux d’un point de vue global mais aussi sur la gestion des émotions, sur la communication, sur le management…
- Programme d’accompagnement individuel : mise en place de lignes d’écoute, de référents en interne, de psychologues du travail, de coach…
- Groupes de parole et d’échanges sur le sujet
- Changement organisationnel pour améliorer les conditions de travail.
Si vous souhaitez aller plus loin
Si vous pensez qu’il est temps pour votre entreprise d’agir sur le sujet mais ne savez pas par où commencer, nous pouvons vous mettre en relation avec un réseau de partenaires de confiance (et passionnants !)
Si vous avez envie d’explorer le sujet de la QVT d’un point de vue général, notre équipe organise des sessions de formation / sensibilisation sur le bien être au travail. Vous pouvez retrouver toutes les dates en cliquant sur le lien.