Le feng Shui, kesako et à quoi ça sert ?
Le Feng Shui est un art traditionnel chinois, qui vise à faire alliance avec le lieu. L’objectif de cette alliance ? Que ce lieu (de vie ou de travail) nous aide à atteindre nos buts avec le moins d’efforts possible, en économisant notre vitalité.
L’espace peut nous aider sur deux grandes thématiques :
- Les relations, la santé, la concentration, l’efficacité, une bonne gestion du temps…
- La créativité, l’innovation, la capacité à atteindre un haut niveau de performance économique…
Quelle différence avec des techniques d’organisation personnelle ?
La différence est simple : il ne s’agit pas de faire des efforts pour apprendre à faire différemment, ou pour compenser. Mais d’actionner des leviers liés à l’espace pour que « ça » se fasse avec facilité et fluidité …
La différence est juste énorme ! C’est toute la différence entre « faire sans effort » et « lutter pour y parvenir » !
Le Feng Shui repose sur une véritable expertise
Le Feng Shui traditionnel (dit aussi Feng Shui classique chinois) est beaucoup plus complexe (mais aussi plus efficace !) que les formes occidentalisées, simplifiées et appauvries, qui ont fait florès dans les livres et les magazines.
Il nécessite l’intervention d’un praticien formé et expérimenté. Pour autant, il y a des principes « simples » à mettre en œuvre facilement sans besoin d’un expert. Et qui ne peuvent faire aucun mal !
Préalable : Considérez le lieu comme votre allié !
Plus qu’un « truc et astuce », c’est d’abord une posture qu’il faut adopter… Considérez votre espace de travail comme un équipier, avec lequel vous pouvez travailler main dans la main. Traitez-le comme vous considéreriez un collègue, un partenaire, un ami. Respectez-le…
Conseil 1 : Nettoyez et prenez soin de votre espace de travail
Faites en sorte que votre espace de travail reste propre et en bon état. Ne tolérez pas les objets cassés, les ronds de café sur la table, les mugs encrassés… Bien-sûr c’est un peu différent si vous êtes chez vous en télétravail, ou salarié en open-space.
Si vous êtes chez vous, vous êtes seul-e responsable de vider la corbeille à papier qui déborde et de changer l’ampoule défectueuse ! Pensez à le faire. Plus qu’une corvée, voyez-le comme une façon d’honorer un allié, et ainsi de le mettre dans de bonnes dispositions à votre égard.
Si vous êtes salarié-e, en théorie il y a des gens qui font le ménage et vident les corbeilles. Dans ce cas, il peut être tentant de se dire « après moi le déluge » ou « ce n’est pas moi de le faire » … Mais, VOUS êtes le premier bénéficiaire d’une énergie environnante « clean » (on appelle cela le « Sheng Qi », le Qi étant l’énergie, le souffle vital qui relie notre corps et notre environnement – et « Sheng » voulant dire « qui nourrit la vie »). Donc, passez un coup de lingette sur votre table, votre écran, votre souris, votre clavier… Prenez soin de la plante verte qui s‘étiole sur votre bureau ( ou sinon, changez-la !) Signalez les poubelles qui débordent, les ampoules à changer, la moquette décidément trop sale. On ne vous écoute pas, ça ne bouge pas ? signalez-le encore et encore, sans vous agacer, avec constance et répétition.
Et rappelez-vous : vous êtes le premier bénéficiaire d’un poste de travail propre et en bon état, donc ça vaut le coup de vous impliquer pour l’obtenir !
Conseil 2 : un appui dans le dos… et un bon siège
Ce 2ème conseil est vital pour la concentration, la santé, la qualité relationnelle. En quoi consiste-t-il ?
Dans l’idéal, il s’agit de se placer avec un mur ou une cloison dans le dos. Si vous êtes en open-space, une armoire ou une cloison mobile constitue le minimum. L’intérêt ? Vous libérer l’esprit… car vous n’avez plus besoin de rester vigilant à ce qui peut arriver derrière vous. Il s’agit de réflexes archaïques, qui remontent à des époques beaucoup moins pacifiques que la nôtre !
Cela concerne aussi le choix du siège. Les critères :
- Un bon dossier, plein, plutôt haut (au moins au niveau de la base du cou), confortable et adapté à votre morphologie,
- un appui-tête
- des accoudoirs.
L’idée est que vous devez pouvoir relâcher les tensions physiques dans le corps. Si, pour réduire les tensions physiques liées à une posture inadéquate, vous êtes contraint-e de vous lever de votre siège, vous perdez en efficacité (cela dit, se lever entre deux séquences de travail est une pause bienvenue, une remise en mouvement salutaire pour le dos et les jambes, qui permet de prendre du recul sur les tâches que vous avez à accomplir)
Si vous êtes en télétravail, vous travaillez peut-être sur une chaise de cuisine ou de salle à manger. Elle est peut-être très bien pour le temps du déjeuner.. mais pas pour rester dessus 8 heures d’affilée. Investissez dans un siège digne de ce nom (ou négociez-le !), essayez-le pour le choisir et ne l’achetez pas sur internet.
Un bon siège est une condition majeure pour rester concentré-e efficacement, sans douleurs ni tensions, qui déboucheraient sur des pathologies à moyen terme (tendinite, syndrome du canal carpien, névralgies…)
Conseil 3 : une vue dégagée
L’enjeu de ce troisième conseil, c’est votre capacité d’innovation, de créativité, mais surtout votre capacité de clairvoyance, d’anticipation, de projection dans l’avenir (le vôtre !)
Le principe ? Avoir une vue dégagée. Dans l’idéal, pouvoir voir dehors avec un paysage dégagé, en embrassant d’un regard la terre et le ciel. La présence du ciel est importante car elle est stimulante, mais ne pas voir la terre risque de faire perdre son ancrage (avec des impacts dans la gestion des émotions). Le petit truc en plus ? nettoyez vos vitres. Il n’y a rien de plus déprimant que de recevoir une énergie polluée par la poussière ou la crasse extérieure. Evitez de placer votre bureau face à un mur. En télétravail, vous avez peut-être aménagé votre poste de travail dans un placard. Cela vous fait comme des œillères… difficile d’être créatif et inspiré, dans ce cas !
Et si vous travaillez sur un écran fixe, il est probable que cet écran vous barre la vue (pour autant, un écran fixe est bien préférable à un écran de portable en terme de posture). Compensez avec un visuel qui vous plait (j’y reviens plus loin) et placez-vous de sorte à voir dehors facilement depuis votre poste de travail, en regardant légèrement sur le côté de l’écran, ou en dessous, ou au-dessus. Faites des pauses en regardant dehors au loin.
Autre point, placez-vous de sorte à garder un œil sur la porte d’entrée dans la pièce, si vous êtes dans une pièce fermée. Ou sur le passage qui mène vers vous, si vous êtes en open space. Là aussi, c’est une réminiscence de nos mémoires archaïques… toute personne (ou tout animal) qui entrait pouvait représenter un danger, il fallait donc conserver une vigilance particulière. De nos jours le danger peut venir d’un mail avec une pièce jointe infectée, mais notre cerveau reptilien reste attentif à la porte !
Conseil 4 : dosez le flux
Le Flux, de quoi s’agit-il ? Voyez-le comme un courant d’air. S’il est trop fort, vous prenez froid et vous tombez malade. Et s’il est insuffisant, vous avez la sensation d’étouffer. Et bien le flux c’est un peu la même chose… « Flux » est le terme qu’on peut utiliser pour approcher une notion classique de la pensée chinoise, il s’agit de la notion de Qi.
Le Qi, c’est le souffle vital, l’énergie. Ce n’est pas du tout ésotérique, au contraire ! Prenez une carotte que vous cueillez dans votre jardin. Elle est croquante, craquante, juteuse : elle est pleine de Qi, de force vitale. La même carotte, après 2 semaines au fond du frigo, sera noircie, molle, fripée, pas appétissante du tout ! Elle aura juste perdu tout son Qi !
Revenons à la question du Flux. S’il est trop fort, vous avez du mal à vous poser, à rester concentré-e. Vous pouvez devenir agresif-ve, être soumis-e à un stress trop important… S’il n’est pas assez fort, vous sombrez dans la routine, vous perdez votre dynamisme, votre vitalité, votre créativité, votre motivation. Vous êtes fatigué-e tout le temps. Si vous êtes dans le bon dosage, vous êtes motivé-e, stimulé-e et dynamique, mais sans tomber dans l’agitation ou le stress.
Comment trouver le bon dosage ? Les principes sont simples… en apparence :
- Eviter d’être dans un lieu de passage,
- Eviter de se placer dans l’axe entre la porte et la fenêtre de la pièce
- Eviter d’avoir la porte de son bureau dans l’axe d’un couloir long et rectiligne (je prends souvent l’image suivante : imaginez le Qi comme un adolescent avec des patins à roulettes … le couloir lui donne une piste d’accélération phénoménale ! )
Dans ces cas, vous risquez l’excès de Qi.
- Eviter d’être dans un recoin sans lumière, ou trop isolé (vous savez ? la sensation d’être « au coin » au fond d’un local borgne…)
Dans ce cas, vous êtes plutôt dans un déficit de Qi.
Simple ? oui, mais moins qu’il n’y parait… d’abord parce qu’on n’a pas toujours le choix ! et qu’on fait au mieux avec les dispositions existantes.
Mais aussi parce que, comme souvent en feng shui, la réponse est « ça dépend ». Ça dépend de quoi ?
- Du Qi extérieur : si vous êtes au fond d’une impasse, ce n’est pas la même chose que si vous êtes dans une tour vitrée à la Défense, où le Qi est très actif et très instable car il ne trouve nulle part où se poser.
- Des choix d’organisation spatiale : si vous êtes en open-space, plus il est vaste, plus le Qi est mobile et actif : il peut y avoir un flux trop fort, trop instable ; inversement, des bureaux individuels en second jour, au sous-sol… peuvent manquer de Qi.
- De votre localisation auprès de zones actives dans les locaux : la photocopieuse, les sanitaires, l’ascenseur, la machine à café… plus vous êtes en position « centrale » par rapport à ces points « chauds », plus vous « bénéficiez » d’un flux / d’un Qi important (on peut dire qu’il y a beaucoup d’énergie « Yang »). Inversement plus vous êtes excentré-e, isolé-e, moins vous avez de Qi : vous êtes dans une énergie plus « Yin ».
Réguler ce flux consiste déjà à poser le constat de départ : Pour vous, qu’en est-il ? avez-vous une sensation de stress, de fébrilité, d’instabilité, voire d’agressivité ? ou de manque de dynamisme, de motivation, de créativité ? Si c’est trop « Yin » (ça manque de dynamisme !) , le remède est de rendre plus « Yang » : ouvrir la porte, la fenêtre .. . éclairer, décloisonner …bouger, sortir de votre bureau…écouter de la musique ! Mais si c’est trop « Yang » (vous êtes stressé-e, fébrile, vous avez du mal à vous concentrer longtemps… ), il faut au contraire rendre plus « Yin » : fermer la porte, ajouter des panneaux de séparation, recloisonner, améliorer l’acoustique pour un ambiance plus feutrée, …mettre un tapis si vous êtes chez vous, par exemple.
Conseil 5 : chassez les micro-stress
Les micro-stress sont des sources d’inconfort, qui s’accumulent avec le temps et la répétition, et finissent par devenir de véritables sources de stress.
Voici quelques exemples, mais les possibilités sont infinies !
Ce mug qui vous a été offert par une collègue avec laquelle vous êtes définitivement brouillée ?
Ce dossier de contentieux en cours ?
Cette plante verte qui perd ses feuilles et diffuse moucherons et odeur de moisissure ?
Cette couleur au mur qui vous agresse ?
Cette affiche pour un produit de l’entreprise contraire à vos convictions ?
Cette sonnerie de téléphone qui vous vrille les tympans ?
Le rire de votre voisine de bureau que vous ne supportez plus ?
Cette odeur de renfermé quand vous poussez la porte (ou l’odeur corporelle de votre voisin d’open-space) ?
Ce coin de caisson à roulette sur lequel vous vous cognez régulièrement ?
Le bord de cette chaise où vos collants s’accrochent et se filent ?
Ce câble en travers du couloir qu’il faut enjamber ?
La surface de votre bureau, si froide quand vous arrivez le matin ? etc…
Branchez tous vos sens (la vue bien-sûr mais aussi odorat, ouïe, toucher), écoutez vos réactions physiques, vos émotions…Identifiez ces « agresseurs » … et essayez de les réduire ou de les faire réduire. Rappelez-vous qu’un petit pas est un pas quand même ! « Il n’y a pas de petit gain de vitalité, tout gain est un gain », répète Marie-Pierre Dillenseger, qui m’a formée.
Conseil 6 : rangez et désencombrez
Un peu dans le même ordre d’idées … Je ne fais pas partie de ceux qui veulent imposer le Clean Desk à toutes forces. Pour moi, un lieu rangé tout le temps et en toutes circonstances est un lieu qui ne vit pas. Un lieu trop rangé est un lieu trop statique. Or, dans la vie, je suis persuadée que la solution est toujours du côté du mouvement. Par contre, ce n’est pas une raison pour laisser l’espace s’encombrer sans limite ! Il y a un moment où cela devient oppressant, enfermant… et contre productif.
Ainsi, caler des moments pour trier, faire de l’ordre, jeter ce qui n’est plus d’actualité, c’est l’occasion rêvée pour mettre de l’ordre aussi dans ses idées, dans ses projets, dans sa vie !
A quels moments le faire ? Chaque fois que vous vous sentez sans entrain, saturé-e, pas inspiré-e. Chaque fois que vous vous sentez plombé-e.
Prenez un tiroir, votre pot à crayons, votre sac à main, votre sac de travail, votre pile de dossiers… Faites le tri, petit pas par petit pas. Faites-le en conscience, non comme une corvée, mais comme un acte thérapeutique qui va vous faire du bien.
Profitez des mois plus creux pour faire du tri dans vos dossiers, pour évacuer ce qui n’a plus d’utilité. En vidant vos étagères de ce qui se rattache au passé, vous faites de la place pour le renouveau !
Cela concerne aussi votre disque dur, votre boîte mail, votre desktop… Triez, rangez, mettez de l’ordre pour retrouver facilement ce qui vous est utile. Et ce qui ne vous est pas utile, jetez-le !
Enfin, lorsque vous travaillez sur un dossier qui vous demande de l’attention, ne gardez sur votre table que ce qui est utile et nécessaire pour ce dossier. Déposez les autres hors de votre vue (rangés, dans l’idéal, ou sinon posez-les au sol !)
Conseil 7 : entourez-vous de ce qui vous inspire et évoque le chemin que vous souhaitez prendre
Une fois que vous avez identifié et chassé ce qui était agressif ou inutile, entourez-vous d’objets qui vous « font du bien » quand vous les touchez ou les regardez, et qui sont le reflet de ce que vous voulez voir advenir (pour vous, pour votre entourage, pour le monde entier !)
Voici un exemple personnel : lorsque j’ai transitionné, dans ma pratique professionnelle, de l’architecture intérieure « pure et dure » aux arts énergétiques tels le Feng Shui, j’ai réalisé que, lorsque je levais les yeux vers ma bibliothèque, le premier livre que je voyais s’appelait « 120 étapes pour conduire un chantier ». Ce livre me rattachait en fait à ce que je cherchais à quitter !
Vous ne savez pas vers quoi vous voulez évoluer ? Commencez par le clarifier, par le mettre en images inspirantes. Composez votre « Vision Board » et gardez-le sous vos yeux, sous forme de tableau, ou en fond d’écran …
Conseil 8 : Jamais en contradiction avec l’ergonomie !
Un lieu « Feng Shui » n’aurait aucun sens s’il ne tenait pas compte des principes d’ergonomie ! Et en particulier :
- La lumière : naturelle de préférence, en évitant d’être face à la baie vitrée (attention au contrejour avec l’écran) ou dos à cette même baie vitrée (attention aux reflets sur l’écran). La meilleure position est perpendiculaire à la fenêtre, à moins de pouvoir doser la lumière avec des stores. La lumière naturelle impacte nos rythmes biologiques via la mélatonine – Pour en savoir plus, vous pouvez vous référer à cet article de mon blog
- La lumière artificielle est nécessaire pour réguler, le soir en particulier et selon l’orientation de la pièce. Privilégiez un luminaire orientable, avec variateur pour doser l’intensité, avec un éclairage « lumière du jour », c’est-à-dire plutôt blanc, qui fatigue moins les yeux (ou une modulation de la couleur d’éclairage)
- L’acoustique : si vous ne pouvez pas éviter les bruits ambiants (par exemple si vous êtes chez vous et télétravaillez dans le séjour, sans pouvoir vous isoler dans une pièce fermée), utilisez un casque réducteur de bruit. Si vous êtes plusieurs dans la pièce, faites installer des panneaux qui absorbent la réverbération : cela améliorera les échanges et réduira les efforts de concentration pour écouter ce qui se dit.
- Le renouvellement de l’air : si vous le pouvez, ouvrez la fenêtre régulièrement, à chaque pause au minimum : l’air intérieur se charge de dioxyde carbone du fait de la respiration, ce qui diminue la clarté d’esprit ; il véhicule agents pathogènes (virus, bactéries…). De plus, l’air intérieur est plus pollué que l’air extérieur, même en ville ! Car les colles, peintures, matériaux des meubles … dégagent des COV (composés organiques volatiles), qui sont toxiques (cancérigènes en particulier)
En conclusion, ces 8 conseils peuvent vous aider dans l’aménagement de vos espaces.
En fonction de votre contexte (en télétravail ou non, en openspace ou en bureau individuel, …), certains conseils seront plus faciles à adopter que d’autres. Faites au mieux, un pas devant l’autre, avec persévérance, en vous rappelant que vous êtes le principal (la principale) responsable de votre vitalité (vous en êtes aussi le premier/la première bénéficiaire !).
Entrer dans ce mode de pensée va vous emmener bien au-delà de la gestion de l’espace. Cette pensée impacte également vos relations (vous vous faites « bouffer » systématiquement par une collègue toxique qui vous vampirise ?), votre gestion du temps (vous faites 36000 choses à la fois ?)…. C’est un voyage sans fin, et quelque part, c’est ce que je trouve réjouissant !