Les Chief Happiness Officers (CHO) – comprenez “responsables du bonheur et de la bienfaisance en entreprise” – font leur entrée à la fois dans les startups et les grands groupes. Qu’il s’agisse d’entreprises du CAC40 comme, par exemple, Air France ou de groupes familiaux comme les Laboratoires Boiron ou encore de startups comme Avizzeo, à Montpellier, nombreuses sont les sociétés qui s’intéressent à cette toute nouvelle fonction et cherchent à l’adapter et à l’intégrer dans leur stratégie d’entreprise.
Les CHO ne sont pas réservés à une élite parisienne, mais se rencontrent un peu partout en France. A Montpellier, Avizzeo, société spécialisée dans l’analyse et la restitution de données, est la première entreprise de la région à avoir fait la démarche d’embaucher une CHO. Nous sommes allés à la rencontre d’Anne et de Grégory : la CHO et l’un des fondateurs de l’entreprise.
Bonjour Anne, bonjour Grégory !
Est-ce que vous pourriez nous parler un peu de votre boîte ?
Grégory : Avizzeo est une société que nous avons créée en 2013. Son cœur de métier est la collecte et l’analyse des données d’entreprise. A l’aide de ces données, nous élaborons des tableaux de bord et des outils de pilotage spécifiques aux besoins de nos clients.
Notre société a maintenant 4 ans d’existence et a subi une grosse transformation en novembre dernier. En effet, nous avons décidé de changer de modèle d’entreprise (nous étions jusque-là une SARL classique) pour devenir une SCOP, une “Société Coopérative et Participative”.
“Coopérative” et “participative”, on aime bien ces mots ! Vous pouvez nous en dire plus sur ce que sont les SCOP ?
G : En bref, dans les SCOP comme dans toutes les entreprises, nous sommes soumis à l’impératif de profitabilité, cependant la prise de décision et la gouvernance se font de manière démocratique. Egalement, la répartition des bénéfices est prioritairement affectée à la pérennité des emplois et du projet d’entreprise, mais se fait également équitablement entre chaque membre de la société. Pour faire simple, nous sommes tous associés et nous avons tous des parts dans l’entreprise, peu importe notre métier ou notre fonction. Chez nous, au bout d’un an d’ancienneté, chaque salarié devient un associé.
Pour comprendre un peu mieux ce qu’est une SCOP, nous vous glissons cette petite vidéo explicative.
Pourquoi ce changement de modèle d’entreprise ?
Grégory : Fin 2015, nous sommes passés de sept personnes à quatre au sein d’Avizzeo, nos collaborateurs ayant été recrutés par nos clients à l’issue de leur mission. C’était donc un moment propice à la remise en question et au changement. Nous avons alors fait des recherches et ce modèle était celui qui correspondait le plus à nos valeurs et à notre manière de gérer notre entreprise. Nous avions déjà un mode de décision assez participatif, et en terme de répartition des bénéfices c’était à peu près la même chose. L’adoption d’un modèle SCOP a permis de donner un cadre juridique à ce que nous faisions déjà.
Ce changement a été générateur de plein de bonnes énergies, mais aussi de beaucoup de stress. Et c’est à ce moment-là que nous avons eu l’idée de recruter un Chief Happiness Officer.
Anne, c’est donc là que vous intervenez !
Est-ce que vous pouvez nous parler un peu de vous, de votre parcours, du pourquoi devenir CHO ?
Anne : J’ai d’abord été journaliste, puis responsable de la communication interne d’une grosse structure pendant plus de 10 ans. J’ai ensuite voulu étoffer mon panel de compétences en me formant à nouveau et j’ai commencé un master en ressources humaines. C’est pendant ce cursus qui se fait en alternance que je suis arrivée chez Avizzeo !
Si je devais décrire le poste de CHO au sein de mon entreprise, je dirais qu’il fait la jonction entre les RH – petit exemple très factuel, nous avons quatre nouvelles personnes qui viennent d’arriver et c’est moi qui me suis occupée de tout l’aspect administratif, en plus de participer au processus de recrutement – et un travail de fond qui est d’accompagner la transformation et l’évolution de la société, comme l’a évoqué Grégory.
Justement, pouvez-vous nous parler un peu plus de ce travail d’accompagnement ?
A : Pour ce second volet, et toujours pour rester très factuelle, nous avons organisé des ateliers pour réfléchir ensemble à nos valeurs, à notre culture d’entreprise. “Qui sommes-nous ? Où allons-nous ?” Voilà deux questions essentielles qu’il a fallu se poser afin de délimiter un objectif, une direction commune et un véritable projet d’entreprise.
Il y a également tout un volet juridique et légal. Changer le fonctionnement de la société ok, mais il faut que cela soit en adéquation avec le droit du travail et c’est mon rôle de m’assurer que ce soit bien le cas.
Diriez-vous que vous aidez vos collègues à être “heureux au travail” ?
A : Quand je suis arrivée, ils n’avaient pas vraiment besoin que je les rende “heureux”. C’était déjà une belle bande de copains qui faisait du sport ensemble et qui cohabitait bien. L’ambiance était sympa bien avant que je n’arrive ! Pour autant, ce que j’ai pu leur apporter en plus, c’est un recul par rapport au fonctionnement de l’entreprise. Je ne suis pas en production, je ne fais pas de programmation, je ne fais pas non plus de comptabilité, ce recul et cette latitude me permettent d’identifier les problèmes, d’éventuelles sources de tension, et de structurer des manières de travailler ensemble.
Puisqu’on est dans le concret, quelles sont les dernières actions que vous avez mises en place en tant que CHO ?
Anne: Nous avons monté une équipe pour participer au marathon de Montpellier, le 19 mars prochain.
Comme cadeau d’entreprise, nous avons choisi de proposer à nos clients et à nos collaborateurs de parrainer un cep de vigne. Ce parrainage comprend le fait d’aller tailler la vigne, de participer aux vendanges, et aussi de déguster les vins du domaine ! Un concept que nous avons trouvé à la fois original et convivial.
Grégory : Nous avons également un coach qui nous fait nager tous les vendredi midi et nous continuons notre série d’ateliers pour réfléchir à la gouvernance et au bien-être dans notre entreprise.
Merci Anne et Grégory !