Le sujet du bien-être au travail est si vaste qu’on peut facilement penser qu’il s’agit d’une problématique dont seules les grandes entreprises (et plutôt les sièges) peuvent s’emparer. Il faut dire que les PME, trop affairées sur le terrain communiquent peu sur leurs actions. Dans une série d’articles, nous avons décidé de leur donner la parole. Rencontre avec Isabelle Marsan, pilote du projet chez Rosedor, un grossiste en fleur dans la région bordelaise.
Mettre en place un action bien-être au travail dans une PME
Isabelle, pour resituer le contexte, peux-tu nous présenter Rosedor en quelques mots ?
Aujourd’hui producteurs et distributeurs de fleurs coupées, plantes et accessoires, Rosedor est née au début des années 70. Au commencement il s’agissait d’une coopérative de producteurs et Bernard ALARY a créé la société commerciale : Rosedor. Rosedor depuis les débuts, c’est une entreprise familiale basée à Vélines en Dordogne. Progressivement l’entreprise s’est implantée dans tout le sud-ouest, Brive, Toulouse, Bordeaux, Bayonne. Le fils de Bernard ALARY, Philippe (actuel PDG) a repris la suite et développé encore ROSEDOR avec un dépôt à Niort, puis Nantes, Rennes, Le Mans, Brest, Yffiniac, Tours, Vire et tout dernièrement un dépôt sur le site de Rungis. Il existe également une structure ROSEDOR Hollande sur le marché de la fleur à Alsmmeer…
Tous nos dépôts fournissent aujourd’hui nos clients (fleuristes essentiellement mais aussi grandes surfaces) en fleurs coupées, plantes, bouquetterie, accessoires, fleurs séchées…
Il existe plein de nombreux profils différents à Rosedor : vendeurs, manutentionnaires-livreurs, responsables de site, ouvriers agricoles et horticoles et fonctions support telles que comptabilité ou marketing.
Tu es à l’initiative du projet bien-être / QVT , peux-tu nous dire comment t’es venu l’idée et comment elle a été accueillie par le PDG ?
En fait, je ne suis pas seule à cette initiative (sûrement la clé du succès d’ailleurs). En réalité c’est un sujet qui existait déjà « dans l’air » et qui tenait à cœur à notre PDG. Pour ma part, j’ai toujours été très convaincue… Ce qui a changé, c’est que cette fois, l’idée du Bien Vivre Ensemble à Rosedor est devenue une priorité et que nous avons « cadré » ce projet : Philippe ALARY a souhaité que soit créé un pôle RH autour de 3 axes : le Social (avec Christelle), La Communication Interne (avec Marie) et le Bien Vivre Ensemble (avec moi). Je m’investis depuis dans l’aventure de façon plus permanente. Avant cela, j’étais responsable des ateliers de Bouquetterie, et je le suis toujours car je pense très important de garder un pied dans l’opérationnel mais depuis, il est vrai que j’ai délégué beaucoup de missions, ce qui nous a permis de faire monter en compétence d’autres personnes.
Actions bien-être au travail dans une PME : un plan d’action
Quelles ont été les premières actions que tu as mises en place ?
La 1ère action concrète a été de devenir adhérente de l’Optimisme Pro (ndlr : promis, on ne lui a pas dit de le dire !!) . Ma 1ère formation (les fondamentaux du bien-être au travail) avec Catherine TESTA le 2 octobre 2020 a été le début d’échanges très formateurs avec elle et d’autres acteurs de la QVT en entreprise.
Pour savoir où aller, il nous fallait connaître les sentiments de nos collègues, un diagnostic s’est imposé. J’ai rencontré Charles de Fréminville (fondateur de Bloom at work, aujourd’hui Lucca) chez Catherine… Un simple coup de fil a fait le reste ! Le modèle de questionnaire nous a plu car nous avions une grande liberté dans la construction du questionnaire (de pouvoir l’adapter à Rosedor) et ce dernier restait ludique et très accessible pour tous les salariés.
Tu as organisé la première « journée RH », comment as-tu structuré la journée ?
Quand la direction a validé notre idée de questionnaire, j’ai, dès le mois de janvier, demandé à la direction d’accepter qu’on réunisse tous les managers de Rosedor. Christelle et Marie m’ont suivie dans le projet. Il fallait absolument redescendre les résultats du questionnaire et cela faisait trop longtemps qu’on ne s’était pas vu en chair et en os (les zoom, ça va un moment !). C’était l’occasion de parler de la QVT : comment est-ce né dans nos sociétés ?
J’ai pu transmettre à mes collègues ce que j’avais appris pendant 2 ans, l’histoire de la QVT, d’un point de vue historique, sociétal, scientifique, politique, même… J’ai pensé que c’était important de leur faire savoir que la QVT n’était pas une nouvelle lubie sortie de mon cerveau très optimiste ou pire de la poudre aux yeux dispensée par la direction.
Durant cette journée, on a pu donc retranscrire les résultats du questionnaire qui ne sont pas du tout mauvais, mais l’humain ne retient instinctivement que les choses négatives !
La journée s’est articulée autour d’ateliers participatifs. Nous nous sommes arrêtés un moment sur les questions de communication, avons tenté d’apporter des solutions à 2 cas concrets de problématiques rencontrées par les responsables et sur la digestion : un chamallow Challenge pour ne pas s’endormir !!!
Tu as proposé le concept de « l’île au manager heureux », peux-tu nous expliquer en quoi il consiste ?
En fait, je suis partie de l’idée que ce qui est important dans la vie, c’est de faire de son mieux pour être heureux. Et être heureux au travail c’est important pour notre équilibre aussi.
J’ai donc ressorti des tiroirs l’atelier du bateau que m’avait transmis il y a quelques années une personne « facilitatrice » en entreprise. J’ai imaginé qu’il fallait tendre à aller vers « l’île des managers heureux ». On est sur un bateau, on veut atteindre l’île. Il y a des vents porteurs qui nous emmènent vers elle et puis comme on est humain, on n’est pas parfait et on a laissé trainer notre ancre, ce qui fait que ça nous freine…
A partir de là, on demande à chacun sur des post-it rouges de noter ce qui leur paraît être des freins et sur des post-it verts, ce qui leur paraît être des vents porteurs. Ils ont réfléchi à cela en groupe de 5 et ont tous participé à cet atelier.
Pourquoi avoir choisi de parler de la communication entre collaborateurs ? Comment cela a-t-il été accueilli ?
Effectivement…. Je ne savais pas trop comment cela allait être accueilli… Car autant dire, qu’on ne parle pas toujours de « communication transactionnelle » à Rosedor !!!! Je m’y suis risquée parce que j’ai trouvé cela tellement instructif et éclairant. Le relationnel à Rosedor (et je pense que c’est partout pareil) est ce qui nous apporte le plus de joie mais aussi ce qui nous fait le plus souffrir. Il était de toute façon important de s’arrêter dessus.
Cela a été très bien accueilli car tout le monde se sent concerné et dans un autre atelier participatif, les managers ont dû imaginer les solutions à apporter à un cas concret de problématique relationnelle. Et ce qui est rassurant pour tous, lors de tels ateliers c’est qu’on n’est jamais bloqués par une page blanche !! Il existe toujours des solutions. Elles ne sont peut-être pas parfaites, mais elles existent.
On pense souvent qu’il est plus facile de mener des actions pour les personnels en bureaux que pour les collaborateurs opérationnels sur le terrain, que dirais-tu aux petites entreprises ou aux usines qui veulent s’engager mais qui se freinent de peur de ne pas avoir les moyens ?
- Que rien n’est impossible !
- Qu’on peut adapter le lieu et l’organisation d’une réunion sans que le budget soit exorbitant !!
- Qu’il faut essayer, qu’on se trompera à coup sûr, que ce n’est pas grave du tout, qu’il faudra recommencer mais que ça ne sera jamais vain. Franchement sur ce point, j’ose dire que Rosedor est un très bon exemple : nous avons des dépôts à deux personnes (Brive) et des dépôts à 20 (Nantes) !!! On est tous différents et éloignés les uns des autres. Cela rajoute de la difficulté mais quand on arrive à sortir quelque chose malgré cela, quelle belle récompense ! Les retours de tous mes collègues étaient d’ailleurs très positifs, ils ont tous apprécié cette journée.
- Et ce qui me semble très important aussi est de détecter sur les différents sites, la ou les personnes qui vont pouvoir être le relai positif de tout ce que nous essayons de distiller au pôle RH ! La QVT est l’affaire de tous, pas d’un PDG, pas d’un pôle RH et encore moins d’une seule personne qui serait moi ….
- Et pour finir, il faut accepter que de rares personnes refuseront systématiquement l’idée de la QVT, qu’on ne peut pas aider des personnes qui ne veulent pas d’aide et que quelques rares spécimens ne seront jamais dans la bienveillance, l’humain est ainsi, et ce n’est pas grave au regard de tous les autres !
Merci Isabelle pour tes réponses !! Et bravo à l’entreprise Rosedor pour son action !
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