Vous le savez, depuis des semaines, nous vous interrogeons sur votre « vécu » du télétravail.
Si nous avons tous plongé ensemble dans cette nouvelle norme, nous avons plus ou moins bu la tasse. Et aujourd’hui, il me semble important d’évoquer la solitude de chacun.
Des témoignages.
Nous avons reçu chaque jour des centaines de témoignages et ce n’est pas un ordinateur qui les a lus mais bien une équipe humaine.
« Je vis avec mon compagnon qui a été licencié pendant le confinement. Aujourd’hui je n’ose pas me plaindre de mon manager ni de mes conditions de travail. Nous sommes enfermés ensemble. Cela devient l’horreur car nous ne vivons pas la même réalité et je me sens seule : à qui en parler ? ».
Parce qu’on aura beau aider les salariés à s’installer chez eux, on ne pourra jamais les accompagner dans la vie personnelle à ce point. Chaque cas est unique. Quelle responsabilité des DRH ? Quelle intrusion de l’entreprise dans la vie personnelle ?
« Je viens de finir le chômage partiel et suis maintenant en télétravail chez moi. J’ai compris que mon job n’avait pas de sens. Depuis des années je crois que je me mentais à moi-même. Maintenant je suis seule chez moi, sans goût du travail. ».
Combien de temps cela prendra-t-il à tous ceux qui ont été renvoyés gratuitement chez eux d’un « vous n’êtes pas indispensable à la société, rentrez chez vous » avant de réaliser que c’est réellement le cas ? Qui les écoutera ? Qui les entendra ? Entre sentiment de culpabilité, solitude et inutilité, selon les médecins, les risques sont à horizon 3 ans.
« Je n’ai pas envie de retourner au travail alors que je n’ai vu personne depuis 3 mois».
Dans certains cas, le syndrome de la cabane que nous évoquions la semaine dernière est toujours bien présent avec un grand risque d’isolement. Perte de lien social, renfermement sur soi-même, si cela correspond à certains caractères, tout le monde n’est pas fait pour rester seul. Dans une société qui nous a appris à suivre des normes, à homogénéiser des situations, plus que jamais le télétravail rend chacun singulier.
Il s’agit probablement d’un moment clef pour questionner son parcours individuel car personne n’aura les mêmes composantes de vie que nous. Si vous avez des « bonnes pratiques RH » mises en place pour accompagner à la frontière entre vie pro et vie perso, nous sommes preneurs.