En France, le présentéisme est très ancré dans la culture de travail. Alors que rester tard le soir au bureau est gage de sérieux, la même situation au Canada par exemple est mal perçue car elle signifie que l’on n’a pas été assez productif pendant sa journée.
Plusieurs expérimentations ont été menées, de la semaine de 4 jours en passant par la journée de 6 heures, avec à chaque fois, le même résultat : l’efficacité au travail est renforcée lorsque l’on travaille moins. Travailler moins contribue donc à travailler mieux.
Une organisation du travail dépassée
Dans la plupart des entreprises françaises, la norme reste la journée de 8 heures et la semaine de 5 jours. Les salariés enchaînent les réunions, ils font face à de nombreuses interruptions (open space, emails, notifications, …), le multitasking donne l’impression de ne jamais rien finir, les tâches administratives sont souvent répétitives, etc. Bref, un énorme gâchis de temps ! Et il y a fort à parier que dans de nombreux cas, les salariés en feraient davantage en 6 heures de travail qu’en 8.
Selon Cal Newport, auteur de « Deep work : retrouver la concentration dans un monde de distractions », « vous n’avez besoin que de trois ou quatre heures quotidiennes de travail continu, ininterrompu pour que votre productivité et votre vie en soient bouleversées. »
Il s’agit ici du principe de Pareto, le fameux 80/20, où 20% des tâches contribuent à créer 80% de la valeur. En réfléchissant aux actions les plus productives, cela nous permet de laisser de côté les tâches inutiles, routinières pour nous concentrer sur la véritable création de valeur.
Différentes manières de moins travailler
Il peut s’agir d’une baisse des heures hebdomadaires (de 35 à 30 heures) par exemple, avec un maintien de la rémunération et des journées de 8 heures. Ou bien une augmentation des heures travaillées par jour pour que les 35 heures tiennent sur 4 jours et non sur 5. Avec dans tous les cas un maintien du salaire.
Pour l’économiste Pierre Larrouturou, la semaine de 4 jours aurait plusieurs conséquences positives sur l’économie française : en permettant aux entreprises d’embaucher davantage pour pallier cette diminution du temps de travail, cela favoriserait une baisse du chômage et permettrait de financer les retraites.
Mais réduire le temps de travail signifie également réfléchir à la question du temps libre, avec par exemple l’ouverture à la culture ou au sport pour tous.
Des expérimentations réussies
Aux Pays-Bas, la culture de travail est toute autre. Il est possible de travailler jusqu’à 60 heures, mais dans les faits la moyenne est de 30 heures travaillées par semaine. Et plus de 50% des habitants, dont un bon nombre occupent des fonctions à responsabilité, sont à temps partiel ! Les emplois du temps sont flexibles, ainsi les personnes peuvent faire un temps plein sur 4 jours ou sur 5, selon leurs envies.
En Suède, Toyota a sauté le pas en 2002 et est passé à la semaine de 30 heures. Résultat : les profits du groupe ont augmenté de 25% depuis cette année là.
En 2016 dans le secteur hospitalier, les aides-soignantes sont passées de 40 à 30 heures par semaine, entraînant une baisse des arrêts maladies, moins de stress et de fatigue.
L’entreprise Basecamp aux USA a elle opté pour une semaine de 4 jours partielle, c’est-à-dire appliquée seulement du 1er mai au 31 août. Et selon Jason Fried le dirigeant de l’entreprise, les salariés sont plus performants en 4 jours qu’en 5.
Même méthode en France, dans l’entreprise Je Porte Mon Bébé, où les salariés travaillent 4 jours de mai à août.
Chez Yprema, cette situation est vécue par la majorité des salariés depuis plus de 20 ans ! 80% d’entre eux travaillent 35 heures réparties sur 4 jours. Ils peuvent également choisir leur 3e jour de congés.
Des salariés plus performants et plus épanouis
Une étude sur le bonheur au travail de l’Université d’Oxford au Royaume-Uni a montré que travailler 4 jours par semaine boostait la productivité des salariés.
Cette étude a été réalisée sur 5 000 employés de British Telecom pendant 6 mois. Outre les résultats encourageants en terme d’efficacité au travail, les salariés sont également apparus plus heureux, moins stressés et avaient un meilleur relationnel avec les clients.
Dans la liste des bénéfices, on peut également citer un meilleur équilibre entre sa vie professionnelle et sa vie personnelle, la diminution du risque de burn-out ou de bore-out, ou encore l’augmentation de l’engagement et de la motivation des salariés.
Pour les collaborateurs, cela passera forcément par une meilleure organisation de leur temps de travail. Il faudra alors privilégier le qualitatif au quantitatif.
Plus performant mais également plus heureux et épanouis, les salariés ont donc tout intérêt à voir leur entreprise s’engager dans cette nouvelle organisation.