Vous le savez, la santé mentale au sein de la vie professionnelle est un sujet qui nous tient à coeur. Et plus nous échangeons avec vous, plus nous réalisons l’ampleur du travail pour faire évoluer les mentalités, les représentations, les clichés sur le sujet… » Santé mentale « était un gros mot en entreprise il y a encore 2 ans. Aujourd’hui, les langues commencent à se délier. On se rend compte progressivement qu’un gros axe de sensibilisation pour sortir du tabou du mal-être psychologique au travail (et ailleurs), c’est de pouvoir parler de santé mentale sans complexe dans la vie de tous les jours.
La santé mentale, ce n’est pas que le mal-être…loin de là ! Pour normaliser le sujet en entreprise, montrons-nous sensibles et ouverts avec nos collègues. Un peu comme si nous leur faisions ce clin d’oeil : « Et toi aussi, ça t’intéresse qu’on parle de santé mentale? » Finalement, pourquoi n’aurait-on pas le droit d’aborder la santé mentale comme on parle de ses vacances ou d’une recette de cuisine avec nos collègues ?
1. Éveillez la curiosité de vos collègues pour la santé mentale
Vous savez ce qui rend le sujet de la santé mentale passionnant aujourd’hui ? C’est que si on fait preuve d’honnêteté avec soi-même: à notre échelle, on n’y connait pas grand chose ! Nous ne sommes pas experts. Cela nous prive-t-il d’en parler et de partager nos idées ? Ce champ d’exploration est vaste, immensément vaste. Et quoi de plus excitant que de s’emparer d’un sujet duquel nous avons tant à découvrir ? Parce que pour définir la « santé mentale », il faut se lever de bonne heure! Alors oui, nous pouvons vous faire le coup du « selon l’OMS, c’est un état de bien-être qui… » Mais au fond, c’est quoi cet « état de bien-être » ? Cet état de bien-être, ça parle de nous, de ce que nous sommes profondément, de nos émotions, de notre confiance en soi, de notre estime de soi, de nos rapports aux autres, de nos aspirations…Bref, ça parle de l’humain, ça parle de vous et de vos collègues, de ce que vous vivez et de ce qu’ils vivent !
Et en la matière, nous avons tous quelque chose à dire et à partager. Pour rendre le sujet sexy auprès de vos collègues, montrez-vous curieux: « Tu sais quoi ?J’ai découvert un sujet qui parle de toi et de moi en même temps. Quand on l’explore, on grandit, on avance, on mûrit à deux. Ça t’intéresse qu’on en parle ensemble ? Ça s’appelle la santé mentale! » Prenez conscience que nous avons tous des a priori, issus de nos conditionnements et de nos expériences et revenons à la base sans complexe (c’est-à-dire notre ignorance).
Pour éveiller la curiosité de vos collègues, rien de tel que de commencer par leur demander leur avis et de discuter de questions simples et basiques en montrant un réel intérêt pour les réponses qu’ils vous donneront, sans juger et sans rentrer dans des débats d’opinion. Simplement: écoutez-les et remerciez-les pour leurs réponses qui seront forcément riches. Voici quelques questions de curiosité que vous pourriez leur poser:
- » Tu sais en ce moment, on entend beaucoup parler de santé mentale. Mais au fond, c’est quoi la santé mentale pour toi ? »
- » Tu connais certains clichés qu’on entend sur la santé mentale ? D’où viennent-ils selon toi ? »
- « Selon toi, est-ce que nous avons une santé mentale ou une santé « tout court » ? «
- « Comment toi tu prends soin de ta santé mentale, tu as des idées? Cela m’intéressait que tu me les partages, cela pourrait m’aider. »
2. Inspirez-vous de « rôles modèles » pour passer des messages de prévention
De plus en plus de stars et de célébrités prennent la parole sur le sujet, osent se montrer dans toute leur vulnérabilité. Ce fut le cas de Stromae qui en janvier 2022 a fait une intervention télévisuelle marquant les esprits. En plein milieu de son interview sur TF1, il a répondu à la journaliste par une chanson (« L’enfer ») pour parler de ses idées et de ses pensées suicidaires. Même l’OMS l’a remercié pour avoir diffusé ce message. Cela a permis à beaucoup de personnes de franchir le cap de demander de l’aide (consultations chez le médecin ou appel au 3114, la ligne nationale de prévention du suicide). Peu importe l’opinion des uns et des autres sur cette séquence.
Utilisez-la auprès de vos collègues pour les interroger: « As-tu vu cette intervention de Stromae? », « Qu’est-ce que tu as ressenti? ». Stromae vous a touché ? Dîtes-le avec sincérité pour diffuser un message préventif à vos collègues: « J’ai été ému car je pense qu’on ne parle pas suffisamment de ce sujet et que cela peut concerner tout le monde. On ne devrait pas hésiter à demander de l’aide quand on en ressent le besoin. Quel courage de le faire ! J’admire les personnes qui osent se montrer authentiques dans leurs fragilités. » Vous ne savez pas ce que ces mots peuvent avoir comme effet sur votre collègue !
3. Partagez vos ressources naturellement, sans vous positionner et sans complexe
Nous ne savons pas ce qui est « bon » pour la santé mentale de nos collègues: nous sommes tous différents. En revanche, chacun d’entre nous faisons des expériences, avons des contacts, tissons des liens, prenons connaissance d’une ressource dans le champ de la santé mentale. Vous avez vu une vidéo Youtube sur la gestion de l’anxiété qui a permis de mieux comprendre la vôtre ? Sans dire que vous en souffrez vous-même, vous pouvez amener le sujet à vos collègues de manière neutre en parlant de ce que vous avez appris: « J’ai regardé une vidéo intéressante. J’ai appris que…Je ne savais pas…Ça m’a intéressé. Souhaites-tu que je te la partage ? » Ou bien, par hasard, vous avez vu un témoignage touchant d’une mère qui s’occupe de son fils atteint de schizophrénie, de dépression, de bipolarité. Vous pourriez dire à l’une de vos collègues qui est maman: » Je me suis demandé ce que je ferais à la place de cette maman. Cela m’a fait réfléchir sur mon rôle et ma place en tant que mère. Et puis, je réalise que je ne connais pas du tout ce genre de maladies. Je te la partage ? » Vous avez peut-être entendu parler d’une association ? d’une structure ? d’une thérapie en particulier ? Même chose, positionnez-vous pour simplement montrer un centre d’intérêt: « J’ai vu le parcours de ce jeune qui a souffert de TOC. Il a monté depuis une association pour aider les gens qui en souffrent. Cela s’appelle X. »
Evitez de juger les ressources dont vous avez connaissance en termes de « c’est bien/c’est pas bien », « tu devrais regarder », « je te conseille de… » Partagez juste cette information avec vos collègues et laissez-leur le choix de la prendre ou non avec une question ouverte: « est-ce que cela t’intéresserait que je te la transmette? » Nous sommes des passeurs d’informations au quotidien dans l’entreprise en ce qui concerne la santé mentale: à nous de savoir les délivrer jour après jour car il va de soi qu’il s’agit d’un travail au long cours…
Il y a 1000 manières de partager de l’information sur la santé mentale sans complexe sur son lieu de travail sans heurter ou blesser. Partager de l’information de la manière la plus neutre possible, c’est ce qui nous permettra de nous libérer, de nous rassurer et de ne plus nous sentir seul face à la détresse psychologique. Et n’hésitez pas à consulter un professionnel de santé dès que vous en ressentez le besoin !
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