Quand Swile m’a proposé de créer 5 billets à l’occasion de la semaine de la QVT pour le calendrier RH, en plus d’en dédier un au lien entre collègues, il me semblait évident d’en dédier un au lien hiérarchique.
Alors qu’on parle de plus en plus de « leaders inspirants » et de « management par le care », notre équipe reçoit chaque jour des témoignages de souffrance… pas seulement des collaborateurs, mais aussi des managers.
Une question de personnalité…
La semaine passée, lors d’une rencontre avec d’anciens collègues nous avons évoqué notre ancien boss. Pour certains, le cadre qu’il nous avait proposé avait été un véritable cadeau. Pour d’autres, cette expérience avait été la pire de leur vie professionnelle. Impossible de trouver une quelconque forme de consensus entre nous : nous avions littéralement vécu l’expérience de façon opposée. Et personne n’avait raison ou tort.
C’est bien là tout le problème de la relation managériale : nous en avons une perception différente.
Dans le domaine de la santé, on parle d’alliance thérapeutique entre un patient et son médecin. Au-delà de la compétence du médecin, c’est son style, son écoute, sa personnalité, son vocabulaire qui va nous donner confiance.
Il en est de même en management. Des styles de management nous correspondent plus que d’autres, et aucun manager ne peut faire l’unanimité.
Est-il possible de théoriser les relations ?
Pensez à votre compagnon, à votre compagne ou à votre meilleur ami.
Si je vous demande pourquoi vous les aimez, êtes-vous capable de me répondre rationnellement ?
Bien sûr, vous leur trouvez des qualités et des valeurs communes, mais des milliers de personnes partagent les mêmes attributs et pourtant, il n’y a pas « ce petit quelque chose ». A cette question, on me répond souvent « j’aime ce qu’elle/il dégage », « je me sens bien en sa présence », « j’aime son énergie ».
Dans toutes les relations, qu’elles soient professionnelles ou personnelles, il existe une dimension subtile qui va au-delà du tangible et du mesurable.
On « se sent bien » avec la personne, on lui fait confiance ou non, et tout n’est pas explicable.
Relation managériale : comment faire ?
Une fois que nous sommes à l’aise avec le fait qu’il est impossible de plaire à tout le monde et d’avoir « ce petit quelque chose », on peut se questionner sur comment favoriser une bonne relation managériale.
La formation
Il y a évidemment le BA.ba : former les managers au management et rappeler que « non, on n’a pas ça naturellement dans le sang ». Certains ont effecticment une appétence au management, mais il existe une littérature scientifique sur la science du management. Et même si nous sommes à l’aise avec l’exercice managérial, nous sommes tous soumis à des biais cognitifs, les connaitre est le minimum.
Se connaître
Deuxième point fondamental : se connaitre. Cela peut paraître simpliste, mais il ne s’agit pas seulement de savoir faire avec l’autre, il s’agit également de savoir faire avec soi-même !
Un manager qui travaille sur lui, se fait accompagner par un pro de santé ou se fait coacher est bien plus lucide quant à ses limites et à sa façon d’interagir avec l’autre.
Hélas, être vulnérable n’est pas très à la mode dans le monde managérial.
Faute de temps, combien de managers prennent le temps de s’interroger sur leurs parcours ? L’entreprise peut accompagner ce sujet.
Sensibiliser
De nombreux collaborateurs font reposer sur leurs managers de nombreuses responsabilités. « Il ne fait pas bien, c’est de sa faute ». Rappelons que :
Le manager ne peut pas tout.
Le manager, peut, par exemple, encourager les équipes à prendre la parole, créer des espaces de confiance, travailler l’écoute active. Mais un manager, aussi formé soit-il, aura bien du mal à faire parler celle ou celui qui, depuis l’enfance, n’ose pas s’exprimer.
Il semble aujourd’hui politiquement incorrect de dédouaner les managers. Et il est certain que certains entrainent des drâmes. Mais ce ne sont pas TOUS les managers.
Ils sont nombreux à tenter de faire au mieux avec les connaissances qu’ils ont, donc souvent sans formation. La sensibilisation va dans les deux sens.
L’importance de la différence
Dernier point indispensable : acculturer aux différences et à l’acceptation de l’autre. Notre société tend à nous enfermer dans des bulles. Et on a vite fait de juger celui qui ne nous ressemble pas. Les tests de personnalités / de complémentarité des équipes remettent un peu d’empathie et d’humilité au sein des équipes.
Le management, un sujet complexe
Evidemment, il existe encore aujourd’hui des entreprises où se pratique un management toxique sans aucune remise en question.
Mais j’avais aujourd’hui de progiter de cet espace pour témoigner : nous rencontrons de nombreux managers en souffrance et la solitude managériale est un vrai sujet en France.
Une récente enquête UKG expliquait que les managers avaient un impact équivalent voire plus important que les médecins, les thérapeutes et même les conjoints sur la santé mentale des salariés. Leur formation et leur accompagnement est donc, encore une fois, un enjeu sociétal.