Assez difficile à diagnostiquer et encore mal perçu, le bore out est un syndrome d’épuisement professionnel par l’ennui.
Sans aller jusqu’à l’épuisement, de nombeuses personnes souffrent d’un manque d’activité, d’une perte de motivation ou d’une absence de stimulation intellectuelle dans leur travail. Cette situation très dévalorisante n’est pas à prendre à la légère et peut rapidement tourner au cauchemar. Quelques explications.
Un mal difficile à cerner mais de moins en moins tabou
Selon une étude Qapa de février 2019 (réalisée auprès des 4,5 millions de candidats sur Qapa.fr), 63% des français s’ennuient au travail. Ce chiffre, à prendre avec des pincettes, ne signifie pas que 2 salariés sur 3 sont en situation de bore-out, mais que la majorité des personnes interrogées souffrent d’ennui ou d’une perte de motivation plus ou moins importante. Selon cette même étude 71% des personnes interrogées déclarent leur travail utile. Un travail parfois ennuyeux donc, mais utile !
Là où le bat blesse est quand l’ennui est si durable et profond qu’il se transforme en véritable mal-être professionnel, le bore-out. A la différence du burn-out, l’épuisement lié à une surcharge de travail, ou encore du brown out, dit d’une activité dénuée de sens, ce que l’on appel les bullshit job, le bore-out est rarement assumé par les personnes qui le vivent. Il est difficile d’admettre que l’on souffre d’ennui au travail dans une société où le chômage est en hausse. Cette auto-censure commence néanmoins à s’atténuer, et de nombreuses personnes osent parler, libérant ainsi la parole au sein de leur entreprise.
Comment reconnaître un bore-out ?
Les premiers sympômes sont la perte de motivation et d’intérêt pour ses missons, la lenteur et les erreurs accumulées dans les tâches à effectuer, le sentiment d’être dans un processus routinier, déshumanisé. La personne ressent une grande fatigue, une tristesse, elle est en décalage avec ses collègues et peut être frustrée et dévaluée. Les causes du bore-out sont multiples et dépendent souvent de différents facteurs.
Si cette situation est durable, les conséquences de cet état peuvent avoir des répercussions dramatiques sur la santé et la vie des personnes. Une forte anxiété et une profonde perte de l’estime de soi peuvent survenir, pouvant aller dans certain cas jusqu’à la dépression.
Quelles conséquences pour l’entreprise ?
La perte de motivation et d’intérêt au travail renforce le désengagement des salariés. Ceux-ci sont moins présents intellectuellement et physiquement. L’absentéisme progresse, la productivité baisse.
Le collaborateur envoie également une image négative de son entreprise à son entourage. Il participe à déconstruire la notoriété de l’entreprise, ce qui peut engendrer une difficulté à recruter ou à motiver le reste de l’équipe en interne.
Bore-out : que faire ?
La première étape c’est de prendre conscience de sa situation. Il faut arriver à dépasser sa crainte d’en parler et sa honte, et informer son manager ou son supérieur.
Si la personne est incapable de réagir, la responsabilité peut alors peser sur le manager. Il doit pouvoir détecter les personnes en situation de souffrance et solliciter un entretien avec elles. Mieux, une personne extérieure à l’entreprise peut intervenir et écouter le salarié, qui pourra alors librement s’exprimer.
Ensuite, et pour éviter la solution extrême d’une démission, l’entreprise peut proposer des formations, un changement de fonction, une évolution ou bien accompagner la personne vers un nouveau métier. L’important est d’écouter le collaborateur, ses envies et ses retours sur sa situation.
Les contours du bore-out sont encore mal compris par les entreprises et leurs collaborateurs. C’est pourquoi il faut être particulièrement vigilant et ouvrir le dialogue le plus tôt possible dans les équipes pour recueillir les feed-back et surtout les besoins des uns et des autres.