Alors qu’on parle beaucoup du burn-out, on parle beaucoup moins du bore-out. Qu’est-ce que le bore-out ? Quelles actions mettre en place dans le cadre d’une politique QVT ou QVCT ? On vous dit tout dans cet article.
Qu'est-ce que le bore-out ?
Le bore-out est un syndrome d’épuisement professionnel causé par l’ennui et le manque de stimulation au travail.
Contrairement au burn-out, il ne s’agit pas d’un excès de stress, mais d’un déficit d’activité engageante.
Les employés touchés par le bore-out se sentent “sous-utilisés”, manquent de stimulation intellectuelle dans leur travail et perdent progressivement la motivation.
Cette situation très dévalorisante n’est pas à prendre à la légère et peut rapidement tourner au cauchemar. Quelques explications.
Les symptômes du bore-out
L’ennui constant
“Je passais ma journée à regarder ma montre en espérant voir 18:00 apparaître. Le temps peut passer très très lentement. Au-début je vivais ça comme une chance, j’en profitais pour lire, pour créer des projets. Mais progressivement, mon moral a été impacté. J’étais mis au placard, je ne le souhaite à personne. Il y a une raison pour laquelle les entreprises utilisent la placardisation pour nous faire partir. L’ennui est difficile à vivre. On s’en rend compte quand on le vit”
Dépression et anxiété
“J’avais un bac+5 et plein d’idées et on me donnait des missions qu’on aurait pu donner à un stagiaire de troisième. Je m’ennuyais à mourrir au quotidien, 0 stimulation intellectuelle. 0 progression, je n’apprenais rien. Un travail répétitif à souhait. Lentement j’ai perdu toute confiance en moi. J’ai déprimé. Mais j’étais jeune et je n’osais pas le dire.”
Démotivation
“Je crois que le pire était la frustration et la démotivation. On aurait pu faire tellement de belles choses, mais ça semblait normal à tout le monde de rester en place, comme on avait toujours fait. En un jour, je faisais le travail de ma semaine. C’était tellement monotone, j’ai presque envie de dire triste. Evidemment, on fil de l’eau on se démotive. On s’adapte à ce rythme lent. Mais quand ce n’est pas notre type de personnalité, c’est horrible à vivre.”
Fatigue chronique
“Ca peut paraître dingue, mais je n’ai jamais été autant fatiguée que quand je ne faisais rien. L’ennui mène à une fatigue mentale et physique. J’étais comme lasse. Je n’avais vraiment pas grand chose à faire mais je n’arrivais à faire ce peu de choses, je fais en plus des erreurs. Mes journées étaient pourtant vides. Avec le recul, ça me semble sidérant d’être restée si longtemps dans ce poste. Je n’avais pas identifié ce dont il s’agissait. Il faut vraiment parler du bore-out.”Honte
“Ce qu’on ne dit pas c’est qu’on a honte. On a honte de s’ennuyer. On a honte de ne servir a rien.”
Bore-out : difficile d'en parler
Selon une étude Qapa datant de février 2019 (réalisée auprès des 4,5 millions de candidats sur Qapa.fr), 63% des français s’ennuient au travail.
Ce chiffre, à prendre avec des pincettes, ne signifie pas que 2 salariés sur 3 sont en situation de bore-out, mais que la majorité des personnes interrogées souffrent d’ennui ou d’une perte de motivation plus ou moins importante.
Là où le bat blesse est quand l’ennui est si durable et profond qu’il se transforme en véritable mal-être professionnel, le bore-out.
Le bore-out est rarement assumé par les personnes qui le vivent.
Il est difficile d’admettre que l’on souffre d’ennui au travail quand d’autres crâment littéralement d’un burn-out. Et pourtant, le bore-out a des conséquence.
Les conséquences du bore-out
Le boreout peut avoir des conséquences graves sur la santé mentale et physique des employés. Parmi les effets notables, on trouve :
- Dépression et Anxiété : Une corrélation positive entre le boreout et les niveaux accrus de dépression et d’anxiété a été observée (Özsungur, 2020).
- Baisse de la Performance : Les employés atteints de boreout montrent souvent une baisse de performance et de créativité au travail (Stock, 2015).
- Impact sur la Satisfaction Client : Dans les métiers de service, le boreout peut nuire à la lecture des besoins des clients et à l’engagement au travail, affectant ainsi la satisfaction client (Karatepe & Kim, 2020).
Bore-out : que faire ?
Côté salariés
La première étape est évidemment d’en prendre conscience.
Il n’y a pas de honte et ne pensez pas que c’est de votre faute. C’est probablement la responsabilité de l’entreprise qui n’a pas bien défini ses fiches de poste ou qui laisse un manager (peut-être lui-même débordé) vous manager.
Vous pouvez évidemment en parler : demander à votre manager de vous confier de nouveaux projets ou des missions plus intéressantes.
Ce n’est pas parce que vous dites que vos compétences sont sous-exploitées qu’on va vous virer ! Dans l’immense majorité des cas, une entreprise a bien plus interêt à conserver un collaborateur qu’à le faire quitter les effectifs de l’entreprise.
Vous pouvez également vous investir dans des projets transverses à l’entreprises : groupes de travail QVT, QVCT, RSE, Diversité et inclusion…
Vous pouvez également en profiter pour faire des formations et développer de nouvelles compétences. Vous pouvez en parler à vos RH, sinon, de nombreux MOOC sont gratuits en ligne.
Assurez-vous de maintenir un équilibre vi pro / vie perso : ces deux sphéres sont perméables, il est important de faire la part des choses.
N’hésitez pas à en parler à un professionnel de la santé : médecin du travail, psychologue…
En effet, il existe une corrélation entre le boreout et les niveaux accrus de dépression et d’anxiété a été observée (Özsungur, 2020). Ne restez pas seul.
Côté entreprise
Il est important d’éviter que les situations de bore-out ne durent dans le temps, les conséquences de cet état peuvent avoir des répercussions dramatiques sur la santé et la vie des personnes.
Vous pouvez vérifier les fiches de poste et la variété des missions proposées pour éviter la monotonie. Pensez à faire appel à un préventeur spécialisé dans les RPS pour vous aider dans cette mission.
Formez les managers au sujet du bore-out. Ils sont les premiers relais permettant d’identifier les situations de mal-être.
En vue de faciliter l’ouverture de la parole sur le sujet, formez également à la communication. Oser dire qu’on s’ennuie n’est jamais évident comme les témoignages l’évoquent. Il est important d’avoir mis en place une culture d’entreprise où l’échange est permis.
Valorisez les talents : des programmes de reconnaissance permettent aux collaborateurs de se sentir appartenir à un collectif.
Invitez les collaborateurs à participer à des missions transverses : RSE, QVT, QVCT, Diversité et Inclusion. Cela peut leur permettre de mettre à contribution leurs véritables compétences.
Pensez aux suivis réguliers : mettez en place des évaluations régulières de la satisfaction des collborateurs. Cela peut vous permettre d’identifier les signes précoces de bore-out : sondages, entretiens individuels, feedback anonymes sont vos alliés.
Le bore-out est un vrai sujet !
Les contours du bore-out sont encore mal compris par les entreprises et leurs collaborateurs. Il est important de sensibiliser au sujet car il n’est pas à la marge.
Le bien-être des collaborateurs est évidemment la première des priorités, mais c’est également un sujet à prendre en compte dans votre marque employeur. Quelle image donne de vous un collaborateur qui témoigne de son ennui à l’extérieur ?
Une étude de 2020 indique d’ailleurs que dans les métiers de service, le boreout peut nuire à la lecture des besoins des clients, affectant ainsi la satisfaction client (Karatepe & Kim, 2020)… Si il faut parler en chiffre et en ROI, sachez que les collaborateurs atteints de boreout montre une baisse de la performance et de la créativité…
On a tous à gagner à s’attarder sur ce sujet.
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