Pour Pascale et Gabriella, il est nécessaire aujourd’hui d’engager les collaborateurs à vivre des moments uniques, pour sortir du cadre et ressentir des émotions fortes. C’est ainsi qu’elles ont mis en place une expérience de reconnexion à son humanité, à destination des membres d’un Comité de Direction d’une grande organisation.
Au sein de l’Agence La Maison Pascale et Pierre, Pascale et Gabriella accompagnent les entreprises dans leurs transformations, avec la volonté de faire bouger les lignes et les comportements.
Quels sont vos parcours, vos activités ?
Pascale Dymowski : j’ai dirigé une agence conseil en communication et Gabriella Colletti a été à la direction de la communication dans plusieurs entreprises.
Ensemble nous accompagnons la transformation des entreprises, nous travaillons sur les stratégies de communication internes ou externes en utilisant l’événementiel et l’expérientiel.
Pascale Dymowski : en parallèle de cela, je fais un Master en prospective innovation et transformation des organisations. Aujourd’hui nous réfléchissons à comment accompagner les entreprises sur leur vision en travaillant entre autre sur leur raison d’être.
Gabriella Colletti : après l’ère du « tout digital », les organisations ont besoin de revenir à des expériences implicant des interactions réelles, et non virtuelles. Face aux problématiques de communication interne ou d’engagement, nous souhaitons faire sentir, toucher, vivre et ressentir des choses différemment. Nous sommes convaincus que l’expérientiel sera beaucoup plus efficace que la plus performante des campagnes digitales.
Nous souhaitons également accompagner les entreprises à être de véritables acteurs responsables dans les domaines environnementaux ou sociétaux.
Parlez-moi de l’expérience que vous avez mise en place
Nous avons été contactées par une entreprise, un gros acteur dans le domaine de l’infrastructure, qui souhaitait améliorer les interactions au sein de son Comité de Direction suite à l’arrivée d’un nouveau Directeur Général. Avec un mode de management différent, ce dernier devait trouver la manière d’engager davantage son équipe.
Notre recommandation a été la reconnexion avec leur humanité. Cela a été le fil rouge de notre événement.
Nous avons choisi l’association Entourage, un réseau social collaboratif pour lutter contre la solitude des personnes de la rue, qui permet la mise en relation entre les personnes sans-abri et leurs voisins. Nous avons commencé par un atelier de sensibilisation autour de la précarité avec deux anciens sans-abri. Ensuite on les a emmenés voir une personne de formation ingénieure vivant dans la rue, cela les a vraiment destabilisés et c’était le but. Puis on les a mis en situation, dans la rue pendant une matinée. Ils ont alors dû se mettre dans la peau d’une personne sans-abri. Tous ont participé à leur manière, ceux qui ne souhaitaient pas jouer ce rôle, jouaient le rôle de passant
Au départ un peu dubitatifs ou sur la réserve, les participants de cette expérience se sont tous réunis à la fin pour partager un café avec les passants, rire ensemble, échanger. Et c’est exactement cela qui a été recherché, un moment d’engagement et de partage.
Un documentaire filmé de cette expérience a été réalisé, nous l’avons montré aux personnes du Comité puis a eu lieu un débrief. Un mois plus tard, un coach a commencé à les accompagner.
Le point fort de ce dispositif est d’avoir permis cette expérience en amont d’un coaching plus classique. Ainsi l’équipe avait déjà créé un lien privilégié.
Comment avez-vous imaginé cette expérience ?
Pour nous, ce concept de Team Engaging a été imaginé pour que l’individu et le collectif créent ensemble quelque chose.
Ce n’est pas une attitude opportuniste. Nous avons choisi cette association car nous croyons en l’individu et en sa capacité de connexion avec l’autre. Nous avons voulu créer une situation où les personnes, aussi différentes soient elles, peuvent communiquer entre elles et avec leur humanité.
Cela a été un électrochoc pour nous également ! Et nous sentons que c’est le début d’une nouvelle dynamique.
Dans nos expériences passées de team building, coaching d’équipes et autre, nous faisons toujours appel à la tête ou à d’autres émotions, rarement au cœur. Or pour que les choses changent, il faut toucher les personnes au cœur. Aujourd’hui dans ce monde qui bouge, cela nous paraît essentiel de reconnecter les personnes à leur humanité, de revenir au basique.
Quelles ont été les réactions de la Direction et des participants ?
On leur a expliqué les grandes lignes du projet, ils avaient les contours mais la Direction ne savait pas ce qu’il allait se passer dans la rue.
Certains managers ne voulaient pas se mettre dans la peau d’un sans-abri car elles trouvaient cela déplacé, d’autres ont joué le jeu.
Par la suite nous avons réalisé un atelier de facilitation sur ce qu’elles avaient ressenti, en quoi l’expérience les avait reconnectées à leur humanité, en quoi cela pouvait jouer sur leur management, etc. De notre côté, nous avons vu un changement de regard et de posture face à cette situation d’une grande cruauté, de vivre dans la rue. Les retours ont été très positifs.
Envisagez-vous une suite à cette expérience ?
Nous travaillons aujourd’hui avec Entourage sur un autre projet. Nous souhaitons créer plus de liens avec ce type d’association, et embarquer les équipes élargies vers des ateliers de sensibilisation mais également dans un programme de bénévolat, en particulier avec les personnes en situation de précarité.
Cette réalité qui nous entoure doit également être prise en charge d’une certaine façon par les entreprises. Le nombre de personnes en situation de précarité augmente et parmi ces personnes, certaines travaillent et sont dans la rue. Il y a donc là un vrai sujet et enjeu de société.