La recherche d’emploi, selon sa durée et le profil des personnes qu’elle concerne, renferme des réalités bien différentes.
Cherche-t-on un emploi de la même façon lorsque l’on est déjà en poste ou lorsque l’on est au chômage ? Quels autres facteurs peuvent influer sur la confiance en soi ? Et une fois en poste, qu’en est-il de l’estime de soi de chaque salarié ?
Le moteur de recherche d’emploi Indeed révèle aujourd’hui les résultats de son étude sur la façon dont les Français abordent leur recherche d’emploi et la prise en main de leur poste dans une nouvelle entreprise.
Une recherche souvent construite sur des fondations hasardeuses
D’entrée de jeu, tous les chercheurs d’emploi ne disposent pas du même niveau d’optimisme. Pas moins d’1 Français sur 3 se déclare non confiant en débutant ses recherches, un chiffre qui s’envole à 52% chez les personnes sans emploi et à 42% chez les personnes entrant sur le marché du travail.
En ce qui concerne l’objet même de la recherche, l’étude montre que 26% des Français n’ont pas une idée claire de leur projet professionnel, et en particulier les chômeurs (41%).
Ces proportions significatives sont d’autant plus regrettables que la confiance en soi et la précision du projet sont des critères déterminants pour le succès et l’efficacité de la recherche d’emploi.
Si les Français ont dans l’ensemble bien défini le type de poste qu’ils recherchent (76%), on découvre que 29% des répondants ne se sont pas demandé dans quel type d’entreprise ils souhaitaient travailler, ni quelle rémunération ils souhaitaient obtenir dans leur prochain travail.
Les chômeurs sont par ailleurs 60% à n’avoir pas visé d’entreprise en particulier, un « luxe » qui semble réservé aux personnes déjà en poste.
L’une des questions prioritaires à l’heure de postuler est celle de la distance entre le domicile et le lieu de travail.
73% des sondés et 82% des personnes sans emploi se sont fixé une limite géographique, preuve que la mobilité – bien plus que la rémunération – reste le « nerf de la guerre » du recrutement.
En revanche, parmi les questions qui passent le plus souvent à la trappe, figurent celle de la taille d’entreprise visée et la fameuse « où vous voyez-vous dans 10 ans ? » – véritable « classique » des entretiens d’embauche – respectivement 43% et 49% des Français ne se sont pas interrogés à ce sujet.
Fait intéressant qui illustre une fois de plus le phénomène sociétal de la charge mentale : les femmes priorisent nettement plus que les hommes les questions relatives aux horaires (69% contre 59%), à la distance domicile/bureau (78% contre 67%) et à l’équilibre « vie pro – vie perso » (70% contre 61%).
Enfin, les Français préfèrent très largement demander conseil à leur famille (73%) et à leurs amis (58%) qu’à des professionnels de l’orientation ou à leur réseau professionnel lorsqu’ils postulent à un nouvel emploi.
Un parcours semé d’emb(a)uches
Si 71% des sondés estiment être efficaces lors leur recherche d’emploi, 64% ont ressenti du découragement, 57% se sont sentis isolé(e)s, et 65% ont eu l’impression d’envoyer toujours la même candidature et de recevoir toujours la même réponse. 61% déclarent même avoir dû adapter leurs attentes au fur et à mesure de leur recherche.
Le manque de confiance a poussé 54% des Français à envoyer des candidatures pour des emplois qu’ils ne souhaitaient pas vraiment obtenir.
Les 18-24 ans sont particulièrement nombreux à adopter ce comportement, 67% s’étant montrés peu sélectifs.
L’analyse détaillée des réponses montre que les chômeurs, les femmes et les personnes les moins diplômées ou expérimentées ont davantage connu les écueils mentaux et comportementaux cités précédemment au cours de leur recherche.
Intégration dans l’entreprise : peut mieux faire
Une fois décroché le nouveau poste tant convoité, les Français estiment à 90% qu’il correspond bien à l’image qu’ils s’en faisaient lors de la phase de recrutement. 87% estiment que les missions confiées, les valeurs et l’ambiance de l’entreprise sont fidèles à ce qu’ils avaient perçu. 87% toujours, estiment s’être intégrés aisément à leur entreprise, leur équipe, et 88% à l’ensemble des collaborateurs.
Plus de 8 Français sur 10 n’ont pas éprouvé de difficulté à comprendre le fonctionnement de l’entreprise, à maîtriser les compétences nécessaires et à convaincre supérieurs et collègues de leur expertise. Un bilan assez idyllique… mais seulement en apparence et avec du recul.
En effet, en rejoignant leur entreprise, 52% des sondés ont eu le sentiment qu’ils n’étaient pas tenus au courant de certaines informations importantes, 44% ont perçu une méfiance de leurs collègues et de leur hiérarchie, et 42% ont senti que certaines personnes étaient mécontentes de leur arrivée.
1 répondant sur 5 déclare, par ailleurs, que cette méfiance voire hostilité n’a jamais cessé.
Ils sont 36% à estimer ne pas avoir été accompagnés à leur arrivée comme ils le souhaitaient, 24% à juger avoir été livrés à eux-mêmes et 12%, au contraire, jugent avoir été trop accompagnés.
4 Français sur 10 déclarent que si c’était à refaire, ils n’auraient pas choisi cet emploi, 52% des sondés regrettent de ne pas avoir posé plus de questions lors de leur(s) entretien(s) d’embauche.
Evolution de carrière : typologie des lièvres et des tortues
La question « Au bout de combien de temps avez-vous sollicité une augmentation / une promotion ? » achève de dresser la barrière symbolique entre les profils confiants et ceux qui le sont moins.
L’étude révèle ces grandes tendances parmi les répondants :
Un an ou moins après leur arrivée | Deux ans ou plus après leur arrivée |
– Les hommes
– 25-34 ans – Ceux qui cherchaient un travail en étant déjà en poste – Bac + 2 minimum |
– Les femmes
– 50 ans et plus – Ceux dont c’est le premier emploi – Niveau bac ou moins |
A noter : 43% des répondants n’ont jamais sollicité d’augmentation, et 46% n’ont jamais demandé à être promus.
Cette analyse interpelle dans la mesure où n’importe quel salarié, une fois qu’il est en maîtrise de son poste (indépendamment de son niveau hiérarchique, de son diplôme ou de tout autre facteur), pourrait en théorie solliciter ces avantages – ce qui est loin d’être une réalité.
Sous l’apparente légèreté du titre de ce communiqué, se cache donc un marché de l’emploi où les candidats / salariés sont souvent leurs propres ennemis : persuadés ou conscients de leur manque de chances comparé à d’autres candidats, voire culturellement conditionnés pour avoir moins d’assurance, certains profils adoptent inconsciemment des comportements d’autocensure qui freinent leur évolution de carrière et leur capacité à trouver un emploi.