« La plus importante raison d’échec dans les entreprises provient d’une réflexion insuffisante de la raison d’être de l’entreprise, de sa mission. »
Pour Peter Drucker, le succès d’une entreprise tient donc à sa raison d’être. Essentielle, elle est aussi difficile à mettre en place et à transcrire dans une organisation.
Pour commencer, la raison d’être doit répondre à des questions fondamentales : pourquoi l’organisation existe-t-elle ? Quelle est sa mission, son désir d’avenir ?
C’est donc un incontournable qui permet à la fois de fédérer tous les collaborateurs mais également les fournisseurs, actionnaires, … autour d’un but commun.
En mai 2019, la loi PACTE a instauré la possibilité d’inscrire légalement la raison d’être d’une entreprise dans ses statuts. Selon l’article 1835 du Code Civil, elle est « constituée des principes dont la société se dote et pour le respect desquels elle entend affecter des moyens dans la réalisation de son activité ».
Par ailleurs, on observe de plus en plus d’interrogations de la part de la société civile sur le rôle que jouent les entreprises dans les changements climatiques, économiques et politiques. Quelle est leur contribution pour lutter contre le déréglement climatique ? Quels sont les engagements pris ?
En cela, la raison d’être permet d’affirmer son identité et ses valeurs, et oeuvrer à l’intérêt général.
Un véritable axe stratégique
Aujourd’hui de nombreuses entreprises vont vers davantage de sens, pour elles-même et pour leurs salariés. Elles se dotent d’un management agile et bienveillant, partagent des valeurs communes et pour certaines elles appliquent d’ambitieuses politiques RSE.
Il y a plusieurs bénéfices à engager cette démarche : plus de cohésion, un alignement de tous les collaborateurs, plus de motivation et d’innovation.
Véritable axe stratégique de l’entreprise, la raison d’être reprend la notion de vision pour aller plus loin. Elle est résolument tournée vers l’avenir et ses enjeux sociétaux et environnementaux. Pour qu’elle soit pertinente et acceptée par tous, elle se doit d’être la colonne vertébrale d’un projet stratégique à long terme.
Elle doit inspirer, être claire, forte émotionnellement et donner une direction ! Par exemple, la raison d’être de Lego est « d’inspirer et développer les constructeurs de demain ». Celle de Décathlon « Le sport partout, pour tous ». Ou encore de Google « rendre les informations accessibles et utiles à tous ».
Un exercice nécessaire mais périlleux
Définir correctement sa raison d’être, ce n’est pas suivre la tendance ou faire un coup de publicité. Cela doit répondre à une réelle envie et un fort engagement de la part de l’entreprise.
La loi PACTE a été adoptée dans un contexte de crise climatique et sociétale, il faut donc faire attention au risque de reprise et d’instrumentalisation. Médiatiser ce projet pour combler un manque de visibilité ou de reconnaissance peut clairement déservir l’entreprise !
La raison d’être n’est pas non plus la baguette magique qui va résoudre d’un coup tous les problèmes de l’entreprise. Il faut être très prudent et prendre son temps pour bien la définir, et ainsi éviter des déceptions et des frustrations.
Enfin attention à ne pas s’obstiner à vouloir créer de toute pièce une raison d’être qui risquerait d’être incohérente et donc désincarnée.
Comment inscrire sa raison d’être dans un projet d’entreprise ?
Deux points essentiels sont à penser en amont : comment définir sa raison d’être et comment la faire vivre au quotidien.
Bien la définir suppose de faire un état des lieux au préalable des rapports avec toutes les parties prenantes de l’entreprise, mesurer les impacts environnementaux, et sociétaux de son activité, mais également évaluer les collaborateurs sur leur capacité à s’en emparer.
Pour la faire vivre au quotidien, le maximum de salariés doit être engagé, aligné et devenir des ambassadeurs du projet d’entreprise. Pour se faire, il est possible d’impliquer dès le début du projet les équipes via des brainstorming, des groupes de travail, … pour que cette raison d’être soit le fruit de l’intelligence collective. Ensuite bien accompagner les collaborateurs dans le processus de compréhension. La raison d’être de l’entreprise doit ainsi devenir la leur.