La psychologie a longtemps considéré le perfectionnisme comme une forme de névrose. Aujourd’hui, les psychologues parlent de deux formes de névroses : l’une serait positive et saine, l’autre négative. Dans son livre L’apprentissage de l’imperfection, le professeur en psychologie positive Tal Ben-Shahar propose ainsi deux termes bien distincts pour caractériser ces deux notions : l’optimalisme et le perfectionnisme.
Voyons ensemble ce qui les distingue l’ une de l’ autre et comment passer de l’ une à l’ autre avec conscience et sans culpabiliser.
Comment définir le Perfectionnisme versus l’Optimalisme ?
Le perfectionnisme, du point de vue de Tal Ben-Shahar, correspond à une recherche de la réussite mal adaptée au contexte vécu et névrotique (c’est-à-dire qui s’accompagne d’une instabilité émotionnelle et d’une mauvaise perception de la réalité). L’optimalisme, au contraire, vient du terme « optimum », qui signifie « le plus favorable pour atteindre un but déterminé ». En d’autres termes, c’ est une action intentionnelle qui consiste à atteindre les objectifs que nous nous sommes fixés dans un temps imparti.
D’autre part, la différence fondamentale dans ces deux notions se différencient dans l’ acceptation d’ un futur “échec”. En effet, le perfectionniste refuse en bloc l’échec et toutes les émotions négatives et douloureuses qui en découlent. Pour lui, être heureux, cela veut dire toujours réussir et éprouver sans cesse des émotions positives. Il ne s’autorise jamais à être triste ou en colère, jamais à échouer. Cet état d’esprit conduit à une anxiété chronique, liée à l’angoisse de l’échec. De plus, le perfectionniste a des standards de réussite erronés, il se met souvent la barre très haut avec des objectifs souvent inatteignables!
Au contraire, l’optimaliste va considérer les échecs et les émotions négatives comme faisant partie de la vie, au même titre que les expériences positives. Sans aller jusqu’à y prendre du plaisir, les optimalistes savent tirer profit de toutes les situations qu’ils vivent, et n’hésitent pas à se lancer dans de nouvelles expériences (au risque d’échouer). De même, l’optimaliste a une vision raisonnable de la réussite et sait l’identifier partout où elle se trouve. Il prend du plaisir dans tous les instants de sa vie. Il aime apprendre et se renouvelle sans cesse, tirant le meilleur de ses apprentissages, tout en étant ouvert au le développement de soi.
Comment cultiver votre Optimalisme ?
1/ Soyez bienveillants vis à vis de vous-mêmes :
Essayez de porter un regard plus conciliant sur vous-même. Autorisez-vous à être humain, avec tout ce que cela implique. Lorsque vous sentez poindre une émotion négative, n’essayer pas d’enfouir vos réactions naturelles : ressentez l’émotion qui vous traverse dans cet instant, PUIS analysez objectivement la source de ces émotions.
En pratique, si vous sentez que l’expression de ces émotions vous amène à vous juger négativement, pratiquez un petit exercice simple, celui du meilleur ami.
Imaginez-vous en tête à tête avec votre meilleur ami. Il est en train de vivre la situation qui vous pose problème, et ressent les émotions négatives qui en découlent. Comment réagiriez-vous ? Que lui diriez-vous ? Observez votre ton de voix, les sentiments que vous avez à son égard et les mots que vous utilisez.
Sans doute chercheriez-vous à le rassurer sur le fait qu’échouer et ressentir une émotion négative est totalement normale, et n’enlève rien à sa valeur en tant que personne. Puis recentrez-vous sur vous-même et donnez-vous les conseils que vous venez de prodiguer à votre ami.
Alors pourquoi vous juger différemment? Essayez de vous prodiguer les même conseils, vous le valez bien:-)!
2/ Restructurez vos schémas de pensée :
Souvent, le perfectionnisme est lié à de mauvais schémas de pensée qui amènent à avoir une perception déformée et négative de la réalité. C’est pourquoi les personnes perfectionnistes ont tendance à exagérer la portée de leurs échecs, et à minimiser celle de leurs réussites. Cette façon de penser peut avoir de nombreuses causes (personnalité, éducation, environnement social, croyances…) mais c’est surtout un processus qui se renforce lui-même. Plus nous pensons de cette façon, plus cela devient automatique et plus il est difficile de penser autrement. La thérapie cognitive ou les thérapie d’ harmonisation émotionnelles (souvent brèves et efficaces) nous amènent à prendre conscience de nos schémas de pensée. La méditation de pleine conscience aide également énormément dans la prise de recul face à ces mêmes schémas.
En pratique, lorsque vous vivez un échec ou une situation qui provoque des émotions négatives, renversez la situation et demandez-vous quelles pourraient être les conséquences positives de cette situation. Il suffit d’ en trouver une pour changer et inverser votre schéma de pensée. Comment voyez-vous la situation maintenant ? Quelle sentiment cela vous procure-t-il ? Qu’ est-ce que vous pourriez faire différemment dorénavant? Comment voyez vous votre avenir dans cette même situation ?
En faisant ces petits exercices de pensée le plus souvent possible, vous modifierez petit à petit vos schémas de pensées et apprendrez à avoir un regard plus positif et réaliste sur les événements de la vie. Alors, à quand l’optimalisme ?
En savoir plus sur l’auteur :
Marie-Louise Pereira – Leadership and Transitional Coach