Avez-vous déjà remarqué que vous changiez de comportement en fonction de vos interlocuteurs ? Rassurez-vous, c’est parfaitement normal. Mais il peut être intéressant de comprendre pourquoi vous vous comportez comme un enfant soumis acceptant les réprimandes devant votre N+2 alors que face à votre équipe, vous êtes tout l’inverse. L’analyse transactionnelle est une formidable grille de lecture nous permettant de comprendre les différentes parts de nous qui coexistent. Rencontre avec Marion Oudot, spécialiste du sujet.
Marion, peux-tu nous expliquer pourquoi tu t’es intéressée au sujet de l’analyse transactionnelle ?
J’ai longtemps été responsable régionale d’un réseau de magasins. Je voyais mes équipes une fois par mois pendant seulement 2 à 3 heures. Et quand on exerce ce genre de métier, on a tout intérêt à être efficace pour passer les messages qui doivent être entendus.
J’ai rapidement compris que pour travailler efficacement ensemble, il me fallait parler différemment à chaque collaborateur. J’avais entendu parler de l’analyse transactionnelle quand je faisais mes études, j’ai décidé d’aller plus loin. J’ai beaucoup lu sur le sujet, puis j’ai eu l’occasion de m’y former ensuite dans le cadre de mon métier de coach.
Qu’est-ce que l’analyse transactionnelle ?
L’analyse transactionnelle est une grille de lecture créée par un médecin psychiatre et psychanalyste, Eric Berne, aux Etats-Unis dans les années 60. Cette méthode permet d’étudier les phénomènes intrapsychiques dans les échanges relationnels entre deux personnes (appelés transactions). En comprenant mieux ce qui se joue dans les transactions entre des personnes, on peut mieux interagir avec les autres.
Quels en sont les fondements ?
Pour résumer (car c’est bien plus complexe), il s’agit d’un modèle postulant, entre autre, 3 états du moi : le parent, l’adulte et l’enfant. Le parent peut se comporter en parent normatif ou parent nourricier, l’enfant en enfant adapté rebelle ou soumis ou en enfant libre.
Nous avons toutes ces 6 facettes en nous. Chacun des 6 états du moi a ses avantages et ses limites : un parent nourricier par exemple rassure et encourage mais le revers de la médaille est qu’il peut surprotéger et agir à la place des autres.
L’enfant adapté soumis se conforme aux normes sociales de l’entreprise et vit bien en société mais il risque de ne pas prendre en compte ses besoins et de sur-adapter.
L’objectif est donc d’éviter de s’enfermer dans un état du moi en particulier et de savoir au maximum jongler entre les 6 pour s’adapter au mieux aux contextes.
En quoi connaître l’analyse transactionnelle permet-elle de mieux travailler ensemble ?
L’analyse transactionnelle offre une grille d’analyse de nos interactions avec les autres et permet de comprendre nos réactions.
Qu’est-ce que je provoque chez l’autre quand je me positionne comme ci ou comme ça en tant que manager ? Par exemple, si je me comporte essentiellement en parent normatif, je vais positionner l’autre en enfant adapté (rebelle ou soumis) : donc je ne peux pas lui reprocher de se comporter comme tel.
Connaître ces différents états du moi évite de tomber dans les pièges relationnels, et notamment le fameux triangle de Karpman (sauveur- victime – persécuteur)
En quoi l’analyse transactionnelle est-elle différente des tests de personnalité ?
Nous sommes tous friands des tests mais ils nous enferment trop souvent dans une case. ‘On est rouge’. ‘On est INFP’. Les tests offrent toujours une lecture plus complexe mais on retient souvent seulement la conclusion.
L’analyse transactionnelle n’est pas une étude de profil : on est tous un peu de tout. Mais en fonction du contexte on va agir différemment. On peut être enfant adapté face à un manager et figure d’autorité et parent normatif auprès de son équipe. L’enjeu est de comprendre ce qui nous fait basculer d’un état à un autre et surtout d’équilibrer les états.
Cela nous permet par exemple d’analyser pourquoi on entre dans le personnage de la bonne ou du bon élève jusqu’à parfois imploser.
Dans des contextes où on encourage de plus en plus l’autonomie, la responsabilisation et où on s’agace devant des comportements infantilisants, l’analyse transactionnelle offre des clés de lecture très intéressantes.
Qui fait appel à toi aujourd’hui ?
Les entreprises bien-sûr pour comprendre les bases de l’analyse transactionnelle : un atelier d’une ou deux heures pose les fondements de la démarche et interpelle souvent les managers qui peuvent ensuite se former plus en détail.
J’accompagne aussi beaucoup de managers en coaching individuel lorsqu’il se trouvent pris au piège de certains réflexes relationnels.
J’accueille aussi les particuliers. Il s’agit souvent de personnes en reconversion ou du moins en transition qui souhaitent comprendre leurs propres comportements dans l’entreprise et souhaitent évoluer. On vient souvent me voir pour, par exemple, des problématiques d’épuisement professionnel, surcharge mentale, syndrome de l’imposteur ou encore syndrome du bon élève . Je vois passer dans mon cabinet de nombreuses personnes diagnostiquées HPI et/ou hypersensibles qui souhaitent mieux vivre au sein du collectif.
Le 20 janvier, Marion Oudot propose au sein du réseau de l’Optimisme un atelier permettant de découvrir l’analyse transactionnelle. Nous ne pouvons que vous recommander de venir assister à l’atelier, il peut s’agir d’une formidable grille de lecture à mettre en place dans vos entreprises et notre équipe a été bluffée par l’impact produit.
A propos de Marion
Coach professionnelle / Formatrice en management durable / Consultante Management & RH