Les startups jouent un rôle clé dans l’innovation et intéressent de plus en plus les grandes entreprises, en demande d’agilité, sur un marché en pleine mutation.
En France, qu’apportent ces jeunes pousses aux grands groupes ? A la différence des US, où une startup peut devenir demain un géant, la France n’est pas encore une « startup nation ». Les partenariats sont-ils de fait déséquilibrés ?
Pourquoi l’innovation des grands groupes passe par les startups ?
Innover suppose de repartir de zéro, démarrer sans prérequis avec créativité et une certaine dose de liberté. Or les grands groupes ont un historique, des process établis, une hiérarchie parfois lourde, cela représente la première difficulté pour adopter des stratégies d’innovation efficaces.
Dans ce contexte, les startups représentent le levier idéal pour activer des transformations rapides. Travailler avec des startups, et éventuellement les acquérir, permet de gagner en agilité, en productivité et même de contrôler l’apparition de concurrents sur le marché.
Ce que l’on appelle « l’Open Innovation » c’est-à-dire l’échanges d’idées avec l’extérieur, a explosé ces derniers temps. De plus en plus de lieux dédiés à l’innovation et à la collaboration entre grandes entreprises, startups, et même étudiants, ont été créés. Le NUMA à Paris (espace de co working et accélérateur) ou encore le Village by CA du Crédit Agricole en sont de parfaits exemples.
De leurs côtés, les entreprises ont également imaginé leurs propres espaces dédiés à l’innovation, sous forme d’incubateurs, comme par exemple le Lab Postal de la Poste ou l’AXA Factory du groupe AXA.
Ainsi, les startups s’imposent depuis plusieurs années dans le panorama des grandes entreprises françaises. Qu’il s’agisse d’une volonté politique, d’une course à l’innovation pour les uns ou d’une stratégie de développement pour les autres, sur le papier la collaboration est toujours positive. Pourtant dans la réalité, cette relation est parfois difficile.
Une volonté de collaborer mais des déséquilibres persistants
D’après le baromètre 2019 des relations startup / grands groupes du Village by CA et Capgemini (étude réalisée sur 61 représentants de grands groupes et 98 représentants de startups), 79% des startups et 86% des grands groups estiment que leur culture d’entreprise est bien comprise par l’autre partie. Une nette progression par rapport à l’année passée, où seules 56% des startups et 64% des grands groupes le pensaient.
Malgré une meilleure appréhension des deux côtés, et une vision commune des bénéfices d’un tel partenariat, la perception de la relation est très différente. 73% des grands groupes trouvent la relation équilibrée contre seulement 46% des startups. En cause, le délai trop lent des prises de décisions et des délais d’exécution dans les grands groupes. Le délai de paiement est également pointé du doigt par les startups. A contrario les grandes entreprises perçoivent une amélioration sur ce point là.
Alors comment établir une collaboration réussie entre les deux parties ?
De l’importance de bien définir les règles du jeu
Comme toute alliance, il est nécessaire de bien définir les règles du jeu en amont. Poser un cadre de collaboration et définir clairement un périmètre d’actions permet d’anticiper les aléas et gérer les frustrations.
Voici quelques règles à respecter :
- Définir clairement l’objectif de la collaboration. Cette recherche doit tendre vers un but commun.
- Prendre en compte les différences entre startup et grand groupe en terme de temps de l’action, de prise de décision, …
- Connaître ses forces et ses faiblesses, les opportunités et menaces sur son marché.
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Etablir un pacte de confiance, notamment sur les sujets sensibles de propriété intellectuelle et de confidentialité.
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Mesurer les ressources humaines et temporelles nécessaires au projet.
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Impliquer les collaborateurs et communiquer régulièrement avec tous les acteurs.
Si tous ces paramètres sont pris en compte, il n’y a pas de raison pour que la collaboration se passe mal. C’est alors gagnant des deux côtés.
Et pour aller plus loin, l’Alliance pour l’innovation ouverte du Ministère de l’Economie propose 10 principes pour une création de valeur partagée.