Echéance redoutée de tous les étudiants, le baccalauréat et ses épreuves dédiées aux langues vivantes.
L’apprentissage de langues étrangères est perçu comme un facteur de plus en plus crucial dans la construction d’un projet professionnel, compte tenu des interactions sociales et économiques croissantes à l’heure du « village global ». Cependant, en France, les langues vivantes étudiées en marge du baccalauréat sont-elles représentatives des besoins du marché de l’emploi ?
Le Hiring Lab, l’institut de recherche d’Indeed composé d’économistes décryptant les marchés de l’emploi à travers le monde, a tenté de répondre à cette question tout en analysant la place du français comme prérequis dans les marchés de l’emploi étrangers.
Certes, l’anglais occupe toujours une place hégémonique par rapport aux autres langues étrangères sur le marché du travail français, puisqu’il est requis dans 8,9 % des offres d’emploi. En revanche, la suite du classement réserve des surprises : en effet, l’allemand (0,6 %) est davantage demandé que l’espagnol (0,35 %) par les recruteurs, preuve que la langue de Cervantes, LV2 prisée au cours de l’enseignement secondaire et parlée par 500 millions d’individus dans le monde, n’est pas la plus utile sur le marché de l’emploi français actuel. De plus, fait intéressant à noter : le chinois est autant demandé que le portugais (0,08 % des offres, soit 8 annonces sur 10 000).
Quoiqu’il en soit, la mondialisation libérale intensifie les interconnexions croissantes entre économies, sociétés, entreprises, travailleurs et… langues. C’est pourquoi la maîtrise d’une langue étrangère (au minimum) est devenue déterminante. Néanmoins, une récente étude menée auprès de 800 actifs français met en lumière les lacunes des Français dans ce domaine.
- Ainsi, 41% des interrogés s’avouent-ils incapables d’utiliser une langue étrangère dans un cadre professionnel.
- Seule une personne sur 6 maîtrise deux langues (hors français), et ce alors que tous les élèves français ont eu l’occasion d’en apprendre deux au collège a minima.
- 35% d’entre eux ont déjà renoncé à une candidature à cause de leur niveau en langues étrangères.
Si l’anglais reste donc la langue incontournable exigée par les recruteurs en France, qu’en est-il de la place de la langue de Molière à l’étranger ? La français, c’est 300 millions de locuteurs répartis dans 106 pays et territoires et est la deuxième langue enseignée sur la planète. La démographie du continent africain permettra également à la francophonie de toucher 750 millions de personnes, devançant ainsi l’espagnol d’ici à 50 ans. Pour autant, s’agissant de l’emploi, les exigences des employeurs en matière linguistique dépend du niveau d’attractivité des marchés. Dans cette perspective, la France et le français ne sont pas les mieux lotis, en témoigne l’exemple britannique.
- Au Royaume-Uni, l’allemand a en effet dépassé le français devenant la langue la plus prisée par les employeurs britanniques.
- De même, les postes vacants exigeant une maîtrise de l’allemand ont augmenté de plus de 10 % au cours des trois dernières années, tandis que les recherches de francophones ont grimpé de 1,17%.
- Le chinois a également connu une forte progression de +35,39 % depuis 2016.