Un nouvel article des éditos de la rédac’ publié par Catherine Testa sur LinkedIn…
Mon cher lecteur,
Je ne sais pas ce qu’il en est de ton côté mais j’ai l’impression que pour beaucoup, ce mois de Septembre a commencé sur les chapeaux de roue. Les bonnes résolutions des vacances disparaissent aussi vite que le bronzage… Pour ma part, j’avais pris la décision de continuer à t’écrire des lettres, je n’ai plus beaucoup de délai pour t’écrire en Septembre.
Je profite d’une pause dans l’avion pour rédiger cette première lettre de la rentrée… Il me tient à cœur de partager avec toi une réflexion qui me taraude autour d’un mot que j’entends trop peu : le mot ENTHOUSIASME.
Les effets de mode
Je sais… Il est des mots qui sont à la mode et que tout le monde a à la bouche. Ces fameux “buzzwords” sur lesquels chacun se met soudain à écrire. Le leadership, le bonheur en entreprise, l’agilité, le “why”…. le sens ! Oh, loin de moi l’idée de dire que ces thématiques ne sont pas importantes : elles le sont.
J’aimerais simplement lire sur LinkedIn (et plus globalement dans la “presse pro”) des idées un peu nouvelles, des articles un peu moins conventionnels. Certes, l’enjeu n’est pas de parler de ses vacances. Il me paraît néanmoins surprenant que, soudain, tout le monde ait envie de parler précisément du même sujet.
Tu le sais, j’aime l’authenticité et les émotions qui font notre singularité. Je vais donc parler aujourd’hui d’une émotion : l’enthousiasme. Je m’étonne qu’on ne l’évoque pas davantage. Ne s’agit-il pas d’un des enjeux du monde de demain ?
Ce sont les Grecs qui nous ont légué le plus beau mot de notre langue : le mot « enthousiasme », – du grec « en théo », un Dieu intérieur. Louis Pasteur
Dans la sphère professionnelle (et parfois dans la sphère privée) on cherche précisément à taire les émotions. Il faut être “sérieux”, paraître émotionnellement stable voire un brin austère. Mais l’enthousiasme n’est-il pas le moteur de tout projet ?
J’ai bien l’impression qu’on confond toujours l’optimisme ou l’enthousiasme avec leurs caricatures. On y voit une sorte de naïveté. Or l’optimisme ne consiste pas regarder la vie avec des lunettes roses. De la même façon, l’enthousiaste ne signifie pas ne pas être au fait de la réalité.
Et si l’enthousiasme était le dénominateur commun ?
Ce matin nous organisions un atelier au Club des CHO. Grands groupes & start-up. RH & corporate hackers. DG & responsables de services généraux. Artistes & spécialistes des risques psycho-sociaux. Tous étaient réunis pour accompagner les CHO dans leurs démarches car le “bien-être” en entreprise n’est nullement l’apanage du seul chief happiness officer. Un groupe « protéiforme » réfléchissait ensemble. Avec Olivier et Monika nous aimons prendre le risque de mixer les profils : des cultures différentes, des vies différentes, des parcours différents. Nous remettons la singularité de chacun au centre, et cela fonctionne.
Ce matin, en regardant la salle, je me suis interrogée sur le pourquoi. Pourquoi cela fonctionnait-il ? Quel était le dénominateur commun à tous ? Bien sûr, ceux qui étaient là avaient compris les enjeux de la thématique. Mais, plus que tout, ce que je voyais dans cette salle était un réel enthousiasme.
D’ailleurs, je suis certaine que si nous grandissons aussi vite avec le club des CHO ou avec l’optimisme, c’est que nous sommes enthousiastes. Cette posture nous permet d’être volontaires (et un peu fous…!). Plutôt que de chercher à convaincre qui que ce soit, plutôt que de passer du temps à contester certains articles, nous nous focalisons sur ce qui fait réellement avancer les choses : nous embarquons ceux qui comme nous veulent agir !
Cela ne veut pas dire que nous ne sommes pas au fait des réalités. Tu sais, quand on travaille au quotidien avec plus de la moitié des entreprises du CAC 40, impossible d’ignorer la réalité terrain… D’autant que nous touchons la souffrance au quotidien. Via loptimisme.com, chaque jour, nous recevons des messages lourds à lire : des messages qui marquent la solitude dans laquelle certains sont plongés. Des messages qui laissent transparaître la réelle souffrance de leurs auteurs. Des messages qui marquent une solitude parfois due à la vie privée, parfois à la vie pro. C’est pour ceux qui n’ont pas la chance d’être en capacité d’agir que nous avons à cœur d’avancer. Parce que, eux, ont souvent perdu l’enthousiasme.
Enthousiasmons-nous ?
Aujourd’hui, je m’interroge. La vraie question ne serait-elle pas : comment enthousiasmer ?
Comment enthousiasmer assez le citoyen pour qu’il aille voter ? Comment enthousiasmer suffisamment le salarié pour qu’il soit acteur de son entreprise ? Comment enthousiasmer assez le riverain pour qu’il prenne part à la vie locale ? Voir, comment enthousiasmer à la vie…
Tu sais, on nous demande souvent d’accompagner des entreprises sur la thématique du réengagement, du bien-être au travail, de la vision, de l’acculturation… Le véritable enjeu n’est-il pas celui visant à offrir aux salariés la possibilité de s’enthousiasmer ? Je n’ai pas la réponse et serai heureuse d’avoir ton avis.
Un ami me disait avoir demandé à un salarié de Tesla son job : au lieu de répondre ingénieur boulon (je ne me rappelle plus de l’exact titre), il avait répondu « envoyer des gens dans l’espace ». Une vision créatrice d’enthousiasme.
Evidemment, tout le monde ne travaille pas pour Elon, pour certaines industries il paraît bien difficile de s’enthousiasmer. Pourtant j’ai plusieurs cas où une personne réussit à fédérer autour d’elle une équipe ultra motivée : on peut toujours trouver des points d’enthousiasme.
Est-il possible de s’enthousiasmer ?
Souvent tu me dis qu’on paraît plus sérieux quand on est « posé ». Etre trop enthousiaste peut sembler léger et laisse penser qu’on ignore les problèmes. J’en parlais dans mon livre : en société, on parait souvent plus érudit à parler des crises (sociétales, démographiques, politiques…) qu’à s’enthousiasmer pour les solutions. Mais n’est-ce pas profondément illogique ? Cela fait-il avancer les choses que de parler des problèmes sans chercher à y apporter une solution ?
Deux intellectuels assis vont moins loin qu’un con qui marche.
J’ai des bout de solutions mais je n’ai pas LA solution pour le monde de l’entreprise. Comment autoriser le salarié à être enthousiaste ? Comment permettre de donner plus de place aux émotions ? As-tu des exemples ?
Je suis profondément convaincue que l’enthousiasme est une force motrice qui a porté de nombreuses start-up et qui permet de construire un monde de demain un peu plus chouette. D’autant que je suis profondément convaincue que l’enthousiasme est fédérateur (pour preuve le foot : PDG ou N-58 s’enthousiasment du même arrêt de Barthez – oui, ceci est ma seule connaissance footballistique!). S’enthousiasmer pour un même projet participe au décloisonnement.
Aïe, mon avion arrive, je dois préparer ma lettre pour la poster ! J’espère que tu y répondras et m’aidera dans cette réflexion autour de l’enthousiasme.
A très bientôt,
Catherine