Baptiste Mulliez est patient expert, c’est-à-dire qu’il travaille main dans la main avec les professionnels de santé à l’hôpital pour accompagner les patients souffrant d’addiction à l’alcool. Cet ancien alcoolique, co-auteur du livre « D’avoir trop trinqué ma vie s’est arrêtée » avec Judith Lossmann, intervient dans le monde de l’entreprise sur le sujet de la prévention de l’addiction.
Baptiste, pouvez-vous nous raconter en quelques mots votre parcours ?
Un grand merci d’abord d’aborder le sujet de l’addiction.
J’ai été alcoolo-dépendant pendant près de dix ans, de mes 15 à 24 ans et abstinent depuis plus de 6 ans. Et j’ai choisi de transformer mon combat quotidien en un atout pour aider les autres et sensibiliser le grand public autour de cette maladie. Tout d’abord au travers d’un livre, co-écrit avec Judith Lossmann, « D’avoir trop trinqué, ma vie s’est arrêtée » . Un témoignage retraçant ma descente aux enfers ainsi que toute la reconstruction nécessaire pour une abstinence durable. Depuis 2020, je suis Patient Expert, formé par l’AP-HP (L’Assistance Publique – Hôpitaux de Paris) et j’accompagne jeunes et adultes souffrant d’addiction vers un meilleur équilibre de leur vie.
Vous côtoyez au quotidien de nombreuses personnes sujettes à l’addiction à l’alcool. L’alcoolisme peut-il ne pas être remarqué par les collègues ?
Toute notre société est régie par l’alcool. Il y a toujours une bonne excuse pour aller boire un verre ou justifier une consommation.
Comment remarquer une personne sensible aux addictions si la plupart s’y adonne ?
Je témoigne régulièrement à ce sujet : avant que ma maladie ne soit visible, je suis longtemps passé entre les mailles du filet. Culture alcool, vecteur social, pression sociale, tous ces éléments extérieurs me poussaient à boire. La honte et la culpabilité m’ont ensuite isolé, et pour ne pas avoir à me confronter aux regards moralisateurs, j’ai bu seul. Nombreux sont ceux qui se cachent et ne savent pas vers qui se tourner, par peur de perdre leur emploi.
Quels sont les points de vigilance à avoir dans le monde de l’entreprise ?
Dans le cadre du travail, j’estime que se montrer en état d’ivresse est un appel au secours. L’afterwork est omniprésent en France et pour « appartenir » au groupe, ne sommes-nous pas dans l’obligation de suivre ? Réaliser des actions de prévention sur le sujet et mettre en place des protocoles au sein de l’entreprise pour prendre en charge ces personnes ou les diriger vers des soins sont deux priorités.
Faut-il sanctionner en entreprise ?
Sanctionner ne fait que rajouter de la culpabilité à une culpabilité déjà présente. Sans parler de l’isolement renforcée par la sanction…« L’addiction est une maladie du lien, qui se soigne par le lien » dit régulièrement Micheline Claudon, addictologue. Alors créons ces liens plus sains !
Pourquoi te paraît-il indispensable de sensibiliser aujourd’hui au sujet de l’alcoolisme et plus largement l’addiction en entreprise ?
Avant d’être une maladie addictive qui isole puis tue 40 000 personnes par an, la dépendance commence souvent par une très mauvaise habitude de groupe. En parler avant le basculement dans le cauchemar sauve des vies ! L’alcool est une drogue licite qui détruit des familles entières donc il me paraît indispensable de libérer la parole sur le sujet.
L’addiction n’épargne personne. Témoigner, prévenir, soutenir, voilà ce qui m’anime aujourd’hui !
Prévenir un sujet encore tabou
En mai 2021, Baptiste Mulliez a rejoint l’équipe de G.A.E Conseil, l’acteur de référence de la prévention des addictions en milieu professionnel. Il effectue des actions de sensibilisation en entreprise, pour rompre avec les préjugés et aider les entreprises à faire face à leurs enjeux humains liés aux conduites addictives.
Pour le contacter :📧 baptistemulliez1@gmail.com
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Son livre « D’avoir trop trinqué ma vie s’est arrêtée », co-écrit avec Judith Lossmann dans le cadre d’une Littérothérapie.
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