« Il faut se rappeler que ceux qui travaillent en costard/cravate ont pour patron un type en chemise à fleurs ».
C’était à peu près mon adage sur la question de l’habillement au bureau. Au mieux, j’allais faire un effort par respect pour les plus « anciens » et pour ne pas paraître irrespectueuse. Jusqu’à la lecture du livre d’Olivier Sibony qui soulève la question d’un point de scientifique dans son livre. Et cela m’a interrogée.
Hors télétravail
En 2020, il faut, pour écrire un article, évoquer les deux contextes que nous vivons successivement. Celui du travail sur site entouré(e) d’un environnement sociabilisant et celui du télétravail qui à première vue nous invite à plus de libertés.
Commençons par le premier. Je sais que la réponse va en ulcérer certains mais oui, les études sont formelles. La façon dont nous sommes habillés influence la manière dont nous sommes perçus par les autres.
« On fait meilleure impression en sur-mesure sur presque toutes les dimensions mesurées ».
C’est un fait. Et c’est dommage si vous n’avez pas les moyens d’un costard sur mesure…
Un biais cognitif nous pousse à sur-évaluer une personne bien habillée quand bien même savons-nous qu’il s’agit d’une erreur de raisonnement. C’est ainsi. Et ce n’est pas sans hasard que les stars / patrons / politiques ont des spécialistes pour les conseiller. L’habit fait le moine.
Transgresser le code vestimentaire
Si vous avez l’habitude de me lire, vous le savez : je n’ai jamais été adepte des normes que je ne comprends pas. J’ai donc passé le début de ma carrière dans une douce alternance de « grunge / robe chic » convaincue qu’un pantalon trop grand n’handicapait pas mes neurones, pas plus qu’une coiffure non soignée.
Cela m’a valu au demeurant quelques mésaventures comme ce jour où un rendez-vous avec le plus grand cabinet d’avocats de Paris avait été ajouté dans mon agenda sans que je l’aie vu. N’ayant pas le temps de me changer, j’y suis arrivée en converse-baggie-pull trop large (l’incroyable combo spécial « journée devant mon ordi au bureau ») dans les prestigieux locaux du 8ème arrondissement. La norme y était aux Louboutins et tout dans ce cabinet semblait sorti d’un luxueux magazine de décoration. Je me sentais franchement honteuse et pourtant… cela a peut-être joué en ma faveur car le rendez-vous s’était vraiment bien passé.
En réalité, quand une norme est intentionnellement transgressée « cela peut être vu comme un indice de statut et de compétence ». Si on enfreint la norme, c’est qu’on peut se le permettre. Et c’est vrai. Un salarié qui a confiance en lui et qui sait qu’il fait du bon boulot prendra globalement des permissions face aux règles qu’il ne cautionne ou ne comprend pas. Au pire, on le vire, et alors ? Il trouvera un boulot ailleurs.
Pendant le télétravail
« Fondamentalement, que je prenne un call en robe ou en t-shirt-jogging, cela ne change rien, je ne suis ni plus ni moins compétente ».
C’était notre conversation avec Alexia de mon équipe cette semaine, elle avait pour moi raison car peu m’importe sa tenue tant que la mission est menée à bien. Et pourtant…
Des chercheurs de l’université de Columbia ont prouvé que ce que nous portons nous influence. Lors d’une étude, ils ont invité dans un laboratoire un panel d’intervenants à réaliser des tests demandant de la concentration. Le simple fait d’enfiler une blouse blanche de médecin les rendait plus attentifs et permettait de faire moins d’erreur. « Quand nous nous pensons « médecin », nous pensons « rigoureux, concentré », cela s’appelle « l’effet d’amorçage ».
Alors que faire ?
Parce que c’est encore plus complexe… Si la blouse blanche du médecin favorise la concentration, elle n’aide pas à la créativité. Et si on vous dit que c’est une blouse de peintre, les effets sont anéantis. La science du comportement est passionnante !
Alors que prendre en compte dans une ère où le télétravail va aller en s’accentuant ? Dire aux équipes de mettre une belle robe pendant la phase de prospection commerciale puis une vieux t-shirt pendant la phase de créativité ? Dois-je offrir des blouses à mes salariés ? Des costumes sur mesure ou des louboutins pour qu’ils dealent de gros contrats ? Telle est la question…
Mais surtout quel impact du t-shirt de pyjama à long terme ? Le champ des possibles reste à explorer car il manque encore des études à ce sujet !
A vos commentaires.
NB : rassurez-vous, j’ai depuis « une tenue de secours » au bureau.
Cet article a été inspiré par le livre d’Olivier Sibony « Vous allez redécouvrir le management », 40 clefs scientifiques pour prendre de meilleures décisions que j’invite tout manager à lire pour comprendre les biais cognitifs qui gouvernent nos décisions….
Article rédigé par Catherine Testa.
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