Alors que le sujet de la qualité de vie des salariés enflamme bien des débats sur LinkedIn, peu d’articles évoquent la santé des dirigeants. En cause : l’illusion que le dirigeant (ou la dirigeante) ou que les managers sont « forts » et inébranlables. Notre équipe recevant chaque jour des messages de détresse, il nous semble important de raconter l’envers du décor.
1/ On demande rarement aux dirigeants « comment ça va ? »
Parce qu’ils sont dirigeants d’entreprise ou entrepreneurs les questions qu’on leur pose sans cesse sont « alors, comment va l’entreprise ? », « alors, ça marche ? », « comment vont les affaires ? », « tu vois un impact de la crise ? ».
Ces questions sont d’autant plus violentes que les mauvais résultats annuels sont la principale source de stress de tout dirigeant.
Curieusement, on leur demande de moins en moins « comment ça va ? ». Si vous êtes un proche ou un collaborateur, même si la question vous gêne, osez la poser.
2/ Quand on leur demande « comment ça va ? », ils répondent rarement la vérité
Parce qu’il faut rassurer. Le dirigeant ou le manager se doivent de donner confiance aux équipes. On leur a tant dit qu’ils devaient être « un leader » qu’ils arrivent rarement en disant qu’ils n’ont pas le moral et que cela ne va franchement pas fort.
Pire, dans leur vie personnelle, ils prennent souvent la même posture. Car il faut rassurer le conjoint, la conjointe, les parents, les enfants.
Conseillez au dirigeant ou au manager d’être accompagné par un mentor, par un psy ou par un coach. Il a besoin d’un tiers de confiance qui ne soit que pour lui.
3/ Les dirigeants et entrepreneurs vivent une grande solitude
Le dirigeant ou l’entrepreneur a peu d’interlocuteurs. Les réseaux de dirigeants ou d’entrepreneurs sont importants pour avoir du soutien car ils permettent d’échanger entre pairs mais le dirigeant reste souvent seul face aux problèmes de trésorerie ou au dépôt de bilan potentiel.
Même s’il est soutenu en interne, il reste le « patron » aux commandes, responsable pénalement et devant souvent prendre des décisions pas faciles. N’accusez pas en rendant coupable. Il existe bien sûr des dirigeants pour qui se séparer de collaborateurs est indolore. Mais pour la majorité, ce n’est pas leur choix. Se séparer de collaborateurs est souvent la conséquence du choix des investisseurs, de la conjoncture et du marché ou pour le manager le choix de la hiérarchie. Si tout allait bien, ils ne feraient aucune coupe.
4/ Ils subissent l’illusion collective
En France l’illusion du patron au ventre rond fumant un cigare et se baignant dans une baignoire de dollars a la vie dure. Bien sûr, certains patrons « old school » continuent à véhiculer ce cliché. Mais la réalité est que les mondes entrepreneurial et patronal sont aussi constitués d’hommes et de femmes sensibles, gagnant parfois moins que leurs salariés (si si). Une lectrice, membre d’un codir et plutôt bien payée nous disait récemment avoir fait le calcul au prorata temps : elle était payée moins que le SMIC pour ne plus voir ses enfants et accuser une forte fatigue.
En France, culturellement on oppose souvent les salariés aux managers et aux dirigeants. En réalité, chacun a son rôle, les uns ne pourraient vivre sans les autres.
5/ Ils sont perdus dans l’ensemble des injonctions de la société
Bien sûr, quand l’entreprise est suffisamment grande, des équipes dédiées répondront aux enjeux de RSE, de QVT et aux demandes multiples des salariés et de la Société.
Mais quand on est à la tête d’une PME, il faut piloter des dizaines de dossiers de toutes parts, gérer les priorités et accuser une forte charge mentale.
Soyez indulgents, tout ne peut pas être à niveau rapidement.
6/ Les dirigeants font souvent passer leur santé après
Une des plus grandes erreurs des entrepreneurs ou des dirigeants est de ne pas prendre soin de leur santé, qu’elle soit physique ou mentale. La charge de travail est telle que souvent, ils ne prennent pas le temps de faire du sport, mangent mal, passent trop de temps devant leurs ordinateurs, repoussent des sujets personnels urgents.
Dites-leur de prendre du temps pour eux.
Que vous soyez proches, collègues, pairs. La mauvaise santé d’un dirigeant peut faire couler une entreprise. Bien sûr, l’objectif de cet article n’est pas de faire un plaidoyer pro dirigeants et nous en sommes bien conscients : certains dirigeants sont très loin de cette sensibilité. Mais notre équipe accueille les retours de nombreux lecteurs, salariés, managers, dirigeants et nous avons été touchés par certains témoignages de détresse. Le sujet de la santé du dirigeant est rarement abordé dans le grand public, il nous semblait important de l’évoquer.
Pour témoigner : etsionsouriait@loptimisme.com .
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