En France, nous accusons un certain retard en matière d’hypersensibilité. Si le sujet est largement abordé dans d’autres pays, il semble encore “nouveau” pour beaucoup dans l’hexagone. Le monde du travail manque ainsi de connaissance et d’adaptation des environnements de travail aux besoins des personnes hypersensibles qui n’ont pas d’autres choix que de mettre en place des mesures par elles-mêmes.
Notre équipe, directement touchée par cette question, a eu l’opportunité d’échanger avec de nombreux experts dans le domaine. Forts de ces rencontres enrichissantes, nous avons choisi de partager avec vous les cinq recommandations qui nous apparaissent comme les plus cruciales pour mieux vivre son hypersensibilité au travail.
1. avoir une bonne connaissance de son fonctionnement
Il est fondamental de bien se connaître et de comprendre son hypersensibilité.
Non vous n’êtes pas un OVNI !
N’hésitez pas à lire des livres sur le sujet, des interviews, à suivre des formations ou à consulter des professionnels de santé sur le sujet.
Une fois que vous avez compris votre fonctionnement, ne culpabilisez pas de cette sensibilité ! Accueillez-la simplement en mettant en place des actions qui vous faciliteront la vie au travail.
- Vous avez une hyperacousie : utilisez un casque anti-bruit.
- Vous avez une hypersensibilité aux textures : portez des vêtements confortables.
- Vous ressentez trop les émotions des autres : autorisez-vous des moments seul.e, osez déjeuner ou faire une pause café en solo.
Le monde du travail est conçu pour le plus grand nombre et ne s’adapte pas aux atypies des uns et des autres. Le plus simple est de prendre le devant.
Certains matériels peuvent être financés par l’entreprise. Nous avons, par exemple, équipé l’équipe de casques anti-bruits, certains collaborateurs étant très sensibles à l’environnement sonore.
ATTENTION : n’oubliez pas de donner aux autres votre mode d’emploi pour ne pas laisser place aux quiproquos.
On a vite fait de dire qu’une personne est associable “il met un casque pour en pas nous entendre”, “elle nous fuit et ne veut pas manger avec nous”, etc…
2. Utiliser les bons mots
Comme l’évoquait Elodie Crépel, spécialiste du sujet de l’hypersensible basée en Ecosse dans cet article, le mot hypersensibilité peut avoir une connotation négative. On entend derrière le préfixe “hyper” le concept de “TROP”.
Vous pouvez préférer le mot “haute sensibilité” qui :
- est plus exact
- a une connotation plus noble auprès du plus grand nombre
Pensez à régulièrement valoriser les avantages de votre sensibilité : l’hypersensibilité au travail vous permet d’entrer en lien avec les autres, vous les comprenez, vous anticipez leurs réactions, vous sentez les tendances, vous sentez quand quelque chose ne va pas dans une équipe, etc..
3.Identifier les relations toxiques
Les personnes hypersensibles sont souvent la proie des personnes toxiques, notamment des pervers narcissiques.
Vous pouvez, en effet, avoir tendance à avoir plus d’empathie envers l’autre que la moyenne et tarder à poser vos limites.
Par ailleurs, votre tendance à vous remettre en question peut vous faire douter de vous-même.
Rappelez-vous : vous n’avez pas l’obligation d’entretenir des relations avec tous vos collègues.
Vous avez le droit de dire stop et de vous préserver.
4. Faire face aux moqueries
“Tu es trop sensible”, “tu prends les choses trop à coeur”, “tu es trop gentil.le”
L’hypersensibilité au travail est souvent incomprise. Le comportement des hypersensibles n’étant pas la norme, vous pouvez avoir à régulièrement faire face à ce genre de propos, parfois prononcés sur un ton ironique.
Rappelez-vous qu’il ne s’agit que d’un jugement de leur part doublé d’un manque de connaissances sur le sujet.
Vous avez deux stratégies :
- Informer sur le sujet
– leur donner des chiffres sur l’hypersensibilité
– leur rappeler que 20 à 30% de la population serait hypersensible selon Elaine Aron
– leur donner les caractéristiques de l’hypersensibilité
– demander à vos RH des formations sur le sujet - Choisir d’ignorer
Il se peut que vos collègues ne soient pas réceptifs et le manque d’écoute vous fatiguera. Ne consumez pas votre énergie à essayer de convaincre quelqu’un qui ne le sera jamais. Cela ne fera que vous fatiguer.
Elodie Crépel nous rappelait lors d’un webinar cette phrase de Schopenhauer : « Toute vérité franchit trois étapes. D’abord, elle est ridiculisée. Ensuite, elle subit une forte opposition. Puis, elle est considérée comme ayant toujours été une évidence. »
Le temps fera son oeuvre.
5. Faire attention au burn-out
Différentes études suggèrent que les hypersensibles peuvent être sujets au burn-out. Les raisons peuvent être multiples :
Surcharges sensorielles
Les hypersensibles ont parfois le sentiment d’avoir des “antennes” qui amplifient tout.
Les environnements de travail bruyants peuvent devenir épuisants, d’où l’importance de sensibiliser au sujet en interne.Profondeur de traitement
Les personnes hypersensibles tendent à réfléchir profondément aux choses et à faire des liens subtils entre les sujets. Cela peut les conduire à se soucier excessivement des détails de leur travail ou des implications de leurs actions, augmentant ainsi leur charge de travail mentale et émotionnelle.Empathie élevée et surcharge émotionnelle
Une forte empathie peut amener à absorber les émotions stressantes ou négatives des collègues, augmentant le stress personnel et le risque de burn-out. Il est fondamental de se former pour mieux accueillir les émotions.
Difficultés dans la gestion des limites personnelles
Les personnes hypersensibles peuvent avoir du mal à établir et maintenir des limites saines avec leurs collègues et dans leur charge de travail, ce qui peut conduire à une surcharge de travail et à l’épuisement. Apprenez à dire non !Perception accrue des conflits et critiques
Les hypersensibles percevront des conflits que les autres ne voient pas. Ce qui peut augmenter le sentiment de stress et d’insécurité professionnelle.
Pour toutes ces raisons : soyez vigilents !
FORMEZ VOUS
Si vous souhaitez vous former au sujet, Elodie Crépel, spécialiste de l’hypersensibilité et de la douance, autrice de plusieurs best-sellers dont “Femme Atypique”, lance les inscriptions pour sa formation OVPA pour toutes celles qui peinent à trouver leur place dans l’entreprise.
Attention, clôture des inscriptions dans quelques jours !