Dans la quête des entreprises pour une productivité accrue, le stress occupe souvent le devant de la scène. On nous enseigne qu’il existe un “bon” et un “mauvais” stress, et que trouver cet équilibre est essentiel pour maintenir notre motivation au travail. Est-il réellement possible de catégoriser le stress en deux camps distincts ? C’est à cette question que répond le spécialiste Matthieu Petit, ostéopathe et ergonome, créateur d’EOSE, cabinet spécialisé en prévention et santé au travail.
Qu’est-ce que le stress ?
Le stress, sous ses différentes formes, est une réaction naturelle du corps face des stimuli ressentis comme une agression, cela peut donc correspondre à des défis ou des situations exigeantes.
Il peut être un catalyseur puissant pour l’action, nous poussant à dépasser nos limites et à exceller. Mais, à l’instar d’une lame à double tranchant, le stress peut aussi devenir accablant, freinant notre motivation et sapant notre bien-être.
Bon et mauvais stress : un mythe ?
Le mythe du “bon” et du “mauvais” stress persiste dans les milieux professionnels, créant une dichotomie artificielle. En réalité, c’est notre perception du stress et notre manière d’y réagir qui influencent son impact sur notre motivation.
Il faut faire la distinction entre :
- le stress « aigu » qui peut être assimilé à du « bon » stress, en ce sens où il va nous stimuler pour apporter une réponse à une situation avec une limite temporelle acceptable pour notre organisme
- le stress « chronique » qui apparaît dans le cas où la source de stress ne disparaît pas. C’est dans ce cas que le stress devient mauvais et peut alors être à l’origine de déséquilibres entraînant parfois des pathologies psychologiques et/ou physiques.
Lorsqu’il est perçu comme un défi à relever plutôt que comme une menace imminente, le stress peut stimuler notre motivation intrinsèque. Il nous pousse à développer nos compétences, à rechercher des solutions novatrices et à renforcer notre résilience face à l’adversité.
Cependant, lorsque le stress devient accablant, il peut étouffer notre motivation, nous plongeant dans un cercle vicieux où le travail devient une charge insurmontable.
D’un point de vue physiologique, le stress, qui va stimuler notre système adrénergique (par l’intermédiaire de l’adrénaline), entraîne une diminution de la production d’acétylcholine qui est l’hormone de … la motivation. En résumé, le stress est un frein à la motivation.
Comment agir ?
Pour contrer cet effet néfaste du stress sur la motivation, une gestion proactive s’avère cruciale. Cette gestion peut alors être individuelle : cultiver des stratégies de gestion du stress au quotidien pour transformer sa perception, préserve ainsi notre motivation. Par exemple, la pratique régulière de la pleine conscience, des pauses stratégiques, et la mise en place de limites claires entre vie professionnelle et personnelle sont des outils efficaces pour gérer le stress.
Cette gestion doit être aussi être portée par l’entreprise. La prévention des facteurs organisationnels et psychosociaux est un élément fondamental dans la prévention du stress des salariés au sein des entreprises. En identifiant et en atténuant ces facteurs, les organisations peuvent créer un environnement de travail “capicitant” ; en effet, limiter le stress revient à favoriser la motivation.
Les facteurs organisationnels, tels qu’une charge de travail excessive, des objectifs irréalisables, un manque de soutien social ou des conflits interpersonnels, peuvent être des sources majeures de stress pour les employés.
De même, les facteurs psychosociaux, comme le manque de contrôle sur le travail, l’insécurité professionnelle, le harcèlement ou l’absence de reconnaissance, peuvent avoir un impact dévastateur sur la santé mentale des travailleurs. En prévenant ces facteurs à travers des mesures telles que l’amélioration des communications, la mise en place de politiques de gestion de la charge de travail, l’encouragement d’une culture d’ouverture et de soutien, les entreprises peuvent réduire significativement le stress des salariés.
Cette approche proactive non seulement favorise le bien-être des employés, mais renforce également la cohésion d’équipe, améliore la productivité et contribue à la pérennité et à la réputation positive de l’entreprise.
En conclusion, le mythe du “bon” et du “mauvais” stress n’est qu’une simplification excessive d’une réalité bien plus nuancée. La clé réside dans la prévention des facteurs à l’origine de stress par les entreprises et dans notre capacité individuelle à faire face au stress, à en tirer des enseignements. Ainsi l’entreprise et ses salariés peuvent alors être en capacité de maîtriser le « bon stress » et peuvent utiliser cet équilibre pour renforcer notre motivation.