Notre masterclass du mois de décembre porte sur l’impact du regard des autres et, par effet ricochet, sur l’autocensure.
On pourrait, comme souvent, évoquer le seul sujet du manque de confiance en soi, si classiquement évoqué surtout chez les femmes.
La réalité est plus complexe et systémique !
Si le manque de confiance joue un rôle, il n’est pas le seul responsable. Plusieurs études apportent un éclairage nouveau et nuancé sur ce phénomène.
Autocensure : Les théories implicites de la voix
Dans le monde professionnel, le “silence” des employés est souvent interprété comme un manque de confiance en soi.
Cependant, une étude approfondie menée par James R. Detert et Amy C. Edmondson de l’Université de Harvard révèle que les raisons de ce silence sont souvent bien plus complexes et enracinées dans ce qu’ils appellent des “théories implicites de la voix“.
Ces théories démontrent que
les employés choisissent souvent de se taire non pas par manque de confiance, mais à cause de croyances profondément ancrées sur les risques associés à la prise de parole.
L’étude identifie cinq théories principales :
1️⃣ Le supérieur peut se sentir visé
” Presumed Target Identification”, difficile à traduire en français.
Les salariés hésitent à s’exprimer car ils présument que leurs supérieurs sont personnellement attachés aux pratiques existantes, percevant ainsi les suggestions comme des critiques personnelles ou même un attaque personnelle.
“Je sais très bien qu’il y a des améliorations possibles dans nos procédures, mais mon N+1 va le prendre contre lui et comme une critique.”
2️⃣ Besoin de Données "Solides"
Les salariés présument qu’ils doivent avoir des données complètes ou des preuves irréfutables avant de parler, par peur de réactions négatives s’ils semblent mal préparés.
Bien évidemment, quand on innove, on a rarement des preuves irréfutables…
“Je tente de préparer des réponses parfaites à toutes les questions potentielles avant de faire une suggestion. Comme généralement, je n’ai pas tous les éléments, je ne parle pas.”
3️⃣ Ne pas Contourner le Supérieur
Cette théorie concerne la croyance que parler directement à un supérieur de niveau plus élevé, en présence de son propre supérieur, est perçu comme un manque de loyauté ou comme une menace pour le supérieur immédiat.
“Je fourmille d’idées pour l’entreprise. Mais si je parle à la direction innovation, au PDG ou même à mon N+2, mon manager va penser que je le court-circuite. Il va mal le prendre même si cela ne concerne pas son périmètre. Je vais lui faire de l’ombre.”
4️⃣ Ne pas Embarrasser le Supérieur en Public
Les équipes évitent de parler de sujets qui pourraient embarrasser leur supérieur devant d’autres, par crainte de représailles ou de dommages à la relation.
“Plusieurs fois j’ai vu mon manager faire des erreurs en réunion, parfois en équipe, parfois devant des clients. Mais je n’ai pas osé le dire. Et après, cela n’a plus d’intérêt car la décision a déjà été prise.”
5️⃣ Conséquences Négatives sur la Carrière
Remettre en question le statu quo ou proposer de nouvelles options fait craindre aux salariés des conséquences négatives pour leurs carrières.
“Chez nous, on promeut ceux qui ne disent rien. On ne cherche pas le bénéfice pour l’entreprise, mais on valorise la loi du moindre effort et du minimum de changement possible même si on va dans le mur. J’ai appris à me taire au fil des années car j’ai remarqué que cela nuisait à mon évolution professionnelle. Chez nous, on n’a pas envie de bouger quoi que ce soit. C’est ainsi.”
Autocensure : de nombreuses conséquences négatives pour l'entreprise !
Le coût de l’autocensure pour l’entreprise est gigantesque.
Cela conduit à une réticence générale à aborder des sujets liés à des projets ou processus, même si ces discussions pourraient améliorer la performance organisationnelle.
L’autocensure freine les initiatives créatives et les propositions d’améliorations, car les idées innovantes naissent souvent de concepts incomplets ou exploratoires.
Elle limite la transparence et empêche les informations critiques d’atteindre les décideurs clés, surtout lorsque les managers intermédiaires filtrent ou modifient ces informations…
L'autocensure ne concerne pas les femmes !
Une autre étude est intéressante.
Le cabinet AlterNego a soumis en 2019 un questionnaire à 4 entreprises issues de secteurs professionnels différents (automobile, technologie, immobilier et communication) pour produire des données factuelles sur ce sujet d’autocensure. L’étude compte au total 1492 réponses.
L'autocensure concerne les femmes ET les hommes !
D’entrée, les répondants ont été interrogés sur leur sentiment de s’autocensurer ou non, sans mentionner de critère particulier lié à cette autocensure.
40% des femmes… Mais aussi 35% des hommes ont confirmé se sentir concernés !
Dans une entreprise, c’est donc plus de 38% des salariés qui disent s’autocensurer.
Une autocensure systémique
Les répondants ont été interrogés sur les causes explicatives de leur autocensure.
Encore une fois, contrairement aux idées reçues, qui expliquent l’autocensure par des causes endogènes, les répondants de l’étude, se rapportent en premier lieu aux causes exogènes de l’autocensure :
« Je m’autocensure parce que j’ai le sentiment que ma demande ne sera pas entendue »
« Je m’autocensure parce que j’ai le sentiment que je ne serais pas soutenu dans ma demande ».
Encore une fois, le climat de l’entreprise est à prendre en compte !
Implication pour l'entreprise
L’autocensure ne se “traite” par seulement par des formations à la confiance en soi.
L’étude souligne l’importance pour les entreprises de créer un environnement de travail où la communication ouverte est valorisée et encouragée.
La confiance et la culture d’entreprise sont au au cœur de l’entreprise.
Formation des managers et des dirigeants
Les formations devraient inclure des stratégies pour encourager la communication ouverte et pour que les dirigeants apprennent à recevoir des feedbacks constructifs sans les percevoir comme des attaques personnelles.
Il est primordial de valoriser la co-construction au sein des entreprises et de rappeler que managers, dirigeants et salariés sont un seul et même collectif.
Promouvoir une culture de sécurité psychologique
Les organisations peuvent travailler à créer un climat où les employés se sentent en sécurité pour exprimer leurs idées, leurs préoccupations et leurs suggestions sans craindre de répercussions négatives.
Evidemment, les études indiquent que des climats sexistes inhibent la parole. Il est fondamental de travailler sur cette thématique.
Mécanismes de feedback anonymes
Mettre en place des systèmes permettant aux employés de donner leur avis de manière anonyme peut également aider à contourner certaines de ces théories implicites qui inhibent la parole.
Mais certains, faute d’envie ne diront par les choses.
Formation sur la prise de parole
Evidemment, la confiance en soi et en ses prises de parole joue également un rôle. Il reste utile de former chacun à la gestion du stress vis à vis du regard des autres.
Notre masterclass du 12 décembre reviendra sur ces sujets. Vous pouvez vous y inscrire ou inscrire des membres de vos équipes. L’inscription vaut pour le replay.
MASTERCLASS 🔴
Et si le regard des autres ne dictait plus vos choix ?
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Le 12 décembre à 19h, rejoignez la masterclass exclusive de Catherine Testa & découvrez des outils concrets pour :
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