Quand il est là, toutes les sessions du Club des CHO ou de l’Optimisme se terminent de la même façon… Un groupe se forme autour de lui et on dégaine le portable pour prendre en photo son œuvre. Son art du jour ? La facilitation graphique. Mais Philippe Rilos est bien plus que ça : Artiste-auteur, graphic designer et facilitateur visuel. Rencontre.
Philippe, bon nombre te connaissent sans forcément connaître ton parcours, peux-tu nous le raconter ?
J’ai un parcours plutôt atypique. Après mon école de commerce à Paris, je me suis très tôt demandé comment utiliser mon expertise au service de projets « humains » et comment allier mes compétences avec mon parcours professionnel. J’ai ainsi décidé de me former en design graphique et j’ai débuté une activité freelance dans ce domaine. Très vite, lors d’un événement, je laisse ma carte à Christiane Taubira qui me recontacte quelques jours plus tard et me convie à l’Assemblée Nationale pour l’accompagner sur des séances de travail concernant la mise en place d’événements sur la Guyane. Le ton est donné.
Après quelques années dans le domaine, j’ai envie d’explorer de nouveaux territoires et je lis de nombreux ouvrages de développement personnel. Un nouveau souffle. Las du free-lancing, je rejoins un cabinet de consulting spécialisé en accompagnement à la transformation. Un nouvel univers et un autre domaine. J’accompagne de grands groupes français et internationaux dans leurs transformations.
C’est dans cette nouvelle expérience que je découvre l’intelligence collective, le travail collaboratif et la facilitation visuelle qui deviendra ensuite mon activité principale. Je suis revenu aujourd’hui à la liberté et en suis au chapitre « facilitateur graphique, learning by doing » !
Peux-tu nous en dire plus sur la facilitation visuelle ?
La facilitation visuelle est le résultat de l’écoute profonde de ce qui émerge du groupe. Mon talent, au-delà du dessin, est de savoir capter et retranscrire l’énergie et l’émotion délivrées par un collectif en action.
Un dessin vaut plus que 1 000 mots :
Que faut-il pour devenir un facilitateur graphique ?
Etre facilitateur visuel demande de la présence, de l’écoute, de la concentration, un esprit de synthèse, un trait correct et une bonne forme physique (on n’y pense pas, mais rester debout toute une journée et se contorsionner pour organiser les idées… C’est intense, à tous les niveaux).
Cela nécessite également l’alignement : tête, cœur, corps. Je dirais que la facilitation visuelle repose à 80 % sur l’écoute profonde. D’ailleurs, je suis certain que ce dont nous avons tous besoin aujourd’hui, c’est d’être écoutés !
Pour ma part je maintiens l’harmonie en la nourrissant de médiation, de lectures positives et inspirantes et de pratique régulière d’un martial indonésien « le pencak silat » qui me permet de maintenir mon équilibre et ma présence.
Concrètement que permet la facilitation graphique dans l’entreprise ?
Elle permet :
-De stimuler et récolter les “fruits” de l’intelligence collective
-D’accompagner les groupes en facilitant convergence et appropriation d’une vision commune
-D’organiser l’information, la rendre visible et permettre son partage
Qui fait appel à toi ?
Tout groupe d’individus, entité, entreprise, institution souhaitant faciliter la compréhension de ses idées, souvent complexes, et en simplifier la compréhension et l’appropriation. On ne le sait pas forcément, mais il s’agit d’un formidable outil d’accompagnement.
L’équipe a d’ailleurs plusieurs fois brainstormé à tes côtés pour faire naître de nouvelles idées. Peux-tu nous parler de la facilitation graphique comme outil ?
Effectivement, la facilitation visuelle peut aussi être une véritable méthode de « Design thinking » adaptée au collaboratif, dont le but est d’organiser les idées et aussi de favoriser l’émergence et le prototypage de nouveaux concepts. Chaque projet se construit sur mesure.
Elle peut être pratiquée en solo ou en équipe et peut être mise en œuvre avec :
-1 scriber ou facilitateur dans 1 petit groupe type codir, comex
-1 scriber ou facilitateur dans 1 grand groupe lors d’un événement type conférence, séminaire
-Plusieurs scribers ou facilitateurs lors de workshops.
C’est toujours plus ludique qu’un powerpoint et avoir un regard extérieur neutre pour entraîner le groupe est toujours fructueux.
Tu formes également les équipes à la communication « visuelle » en donnant suffisamment de bases pour qu’elles soient autonomes.
Effectivement, l’enjeu est d’acquérir des bases et de FAIRE. Pas d’autres choix que d’expérimenter pour se former, regarder ce qui se fait et s’inspirer… « Learning by doing », tel est mon leitmotiv et c’est ainsi que j’apprends. Plus on pratique, plus le réflexe s’installe et le talent se développe. Nous sommes tous talentueux, allons-y ! (Ndlr : nous savons aujourd’hui tous schématiser un bonhomme autrement que par un rond et 3 batôns… Pourtant nous partions de loin !)
Ton métier fait rêver, tu dis d’ailleurs que tu ne travailles plus, mais il y a sûrement des moments compliqués ?
Bien sûr ! Au-delà du rêve, la réalité a ses parts de difficultés : les veilles d’intervention, je dors très peu… Je dois parfois intervenir sur des séminaires sans avoir eu de briefing précis et dois mobiliser toutes mes ressources pour coller aux attentes des clients, d’où l’importance de l’écoute profonde qui permet de pallier le manque d’information en amont.
Passés ces moments difficiles, c’est une activité géniale, enrichissante car à chaque intervention je fais de nouvelles rencontres, découvre de beaux projets dont on ne parle surtout pas dans les médias, je dirais même que je redécouvre une richesse française « cachée » humaine et entrepreneuriale.
Contact : rilos.philippe@gmail.com
Philippe est le facilitateur graphique attitré du club des CHO, vous le retrouverez certainement lors des prochains évènements.