Et oui, on peut s’appeler l’Optimisme et alerter nos lecteurs sur la positivité toxique. Bien sûr, un « mindset » positif est important quand il s’agit de construire de nouveaux projets. Mais personne ne va bien tous les jours, personne n’est positif H24, nous les premiers. Il faut être vigilant avec certaines phrases que nous pouvons prononcer sans mauvaise intention mais qui peuvent faire mal.
« Tu as de la chance toi, ça pourrait être pire »
Votre manager ou votre collègue a pu déjà prononcer ces mots, voir vous-même. Derrière eux une bonne intention (faire relativiser) ou une plus pernicieuse (faire culpabiliser).
Alors, certes, ça pourrait toujours être pire. Mais quand quelqu’un vous dit qu’il est heureux, vous ne lui dites pas « il y a plus heureux ailleurs ? », alors pourquoi dites-vous « il y a pire ailleurs » ?
Surtout que dans 100% des cas, la personne sait déjà qu’il y a pire ailleurs, il suffit de regarder les informations pour le voir. Cette phrase n’apporte rien.
« Concentre-toi sur le positif »
Si c’était si facile à faire, on vivrait tous dans le meilleur des mondes.
Hélas, notre cerveau retient naturellement plus les événements qui génèrent des émotions négatives que les événements positifs. Et « se concentrer sur le positif » peut demander des années de pratique.
Par ailleurs, ceux qui ne vont pas bien culpabilisent bien souvent « j’ai un compagnon / une compagne, un job, un toit sur la tête et pourtant je ne vais pas bien ». S’entendre dire de se concentrer sur le positif peut encore plus « enfoncer la personne » déjà culpabilisée.
« Regarde, Karima, elle ! »
On a parfois envie de comparer un traumatisme à un autre. Regarde Karima, elle était dans l’équipe d’untel avant et pourtant, elle s’en sortait bien. Regarde, Hugo, il a fait face à la même chose et il va bien ».
Parfois on veut donner de l’espoir avec ces mots, parfois, de la culpabilité. Quoi qu’il en soit, chaque personne est unique, chacun vit avec des ressources différentes. Oui, Karima a pu s’en sortir facilement et Hugo guérir en 3 mois mais votre collègue peut avoir besoin de plus de temps pour de multiples raisons !
« Souris, ça ira mieux ! »
Ah, ces cultures d’entreprise où il faut sourire… De nombreux lecteurs nous disent devoir taire leurs émotions au travail de peur d’être vus comme les rabat-joie de service.
Nier les émotions de l’autre en lui disant de changer littéralement de perception n’est pas une stratégie souhaitable.
Bien sûr, si vous y regardez de plus près, vous vous rendrez compte que ces phrases reposent sur des éléments prouvés de psychologie positive, mais ôtés de tout contexte, pris seuls, ils deviennent ce qu’on appelle de la positivité toxique.
Si vous souhaitez accompagner vos collègues, vous pouvez leur conseiller des exercices, des lectures, des formations, des ressources, des professionnels leur permettant de les accompagner dans leurs souffrance.