Venant des Etats-Unis, la pratique du Black Friday a été importée il y a 7 ans en France. Jour noir pour la planète, cette course à la consommation est un véritable désastre écologique. Pour fabriquer un seul jean, environ 10 000 litres d’eau sont nécessaires. Or chaque année plusieurs milliers de tonnes de vêtements sont jetées, augmentant toujours plus le coût environnemental de la production textile.
Face à cette situation, la contre attaque s’organise. De nombreuses alternatives sont nées pour passer du Black Friday au Green Friday, dans l’idée d’éveiller les consciences et transformer durablement les habitudes de consommation des français.
Le Green Friday intensifie sa lutte pour la 3e année consécutive
En 2017, le réseau ENVIE, soutenu par la mairie de Paris et Altermundi, crée le Green Friday, un mouvement collectif pour sensibiliser à une consommation plus responsable. Cette année ce sont près de 400 structures, entreprises et associations, qui ont rejoint le mouvement, contre 180 la première année. L’objectif est de rappeler que l’acte d’achat est un acte engagé qui a des conséquences directes sur l’environnement et la justice sociale au niveau mondial.
Au delà de sa mission de sensibilisation, le Green Friday dénonce la publicité mensongère des promotions du Vendredi noir. Selon une étude de Que Choisir parue en 2016, les prix pratiqués lors du Black Friday sont à peine plus bas que les tarifs sur un même produit la semaine d’avant. Par exemple concernant les TV, seules 28 offres sur près de 2000 étudiées proposent une remise de 20% !
De plus en plus d’initiatives en réaction au Vendredi noir
La marque de vêtements Faguo a rassemblé autour du collectif « Make Friday Green Again » près de 700 marques (dont Nature & Découvertes, Jules & Jenn, Naturalia…) qui s’engagent à boycotter la journée du 29 novembre. En plus de ne pas faire de promo, les marques s’engagent également à communiquer en faveur d’une consommation plus responsable.
D’autres organisations ont également voulu montrer leur désapprobation. La Croix Rouge avec son Social Friday permet à des personnes à faibles revenus de bénéficier de 30% sur des articles de seconde main dans des magasins solidaires et des recycleries Croix-Rouge insertion.
Zero Waste France a lancé le site défi « Rien de neuf » qui encourage le réemploi en proposant plusieurs alternatives à l’achat de produit neuf.
Plusieurs actions ont été suivies par des milliers de personnes dans toute la France sous le nom de « Block Friday » pour informer et lutter contre « la grande braderie de la planète ».
Enfin au niveau légal, Delphine Batho, présidente de Génération Ecologie, a déposé un amendement visant à interdire cette pratique commerciale, au projet de loi anti-gaspillage. Amendement qui a été adopté.
Face aux géants de la consommation, seule une prise de conscience générale sera payante
Evidemment le combat n’est pas gagné d’avance. Les géants de la consommation, Amazon en tête, sortent les gros moyens pour déclencher toujours plus de ventes : promotion qui durent jusqu’à 7 jours, offres alléchantes à -60 ou -70%, … Et cela paie. Chaque année les transactions effectuées lors du Black Friday augmentent.
Heureusement de plus en plus de consommateurs ne sont pas dupes. Selon le baromètre 2019 du cabinet Greenflex et de l’ADEME, la prise de conscience des français souhaitant aller vers une consommation plus responsable s’est étendue entre 2017 et 2019. Ils sont aujourd’hui 27% à vouloir réduire leur consommation, contre seulement 14% en 2017. Et 57 % pensent qu’il faut revoir notre système économique et sortir du mythe de la croissance infinie.
Hors de nos frontières, les mentalités bougent également. En Suède, on parle de Kopskam qui signifie la honte d’acheter, ou encore de Flygskam pour la honte de prendre l’avion.
C’est donc seulement lorsque les consciences évoluent et que la réputation d’une marque est ébranlée que les pratiques commerciales peuvent véritablement changer.