De nombreuses réalisations sont faites aujourd’hui pour que le collaborateur se sente bien dans son travail : aménagement de l’environnement de travail, équipements toujours plus confortables, événements d’entreprise, … Souvent cela s’arrête là et rien n’est fait pour sensibiliser ces même personnes à la gratitude ou à la reconnaissance. Or le leadership est une question de savoir-faire mais également de savoir apprécier.
Ahlam Souimdi, Workplace Experience Manager chez Ledger délivre ses retours d’expérience sur la gratitude en entreprise.
Pouvez-vous nous présenter votre parcours ?
J’évolue depuis quelques années dans ce que l’on appelait les services généraux. Aujourd’hui je suis dans l’environnement de la tech, où l’on a renommé ces services Workplace Services. Avec un tronçon supplémentaire de gestion immobilière ou Real Estate.
J’ai rejoint Criteo en 2010, avant d’être une licorne française – une start-up high-tech valorisée à plus d’un milliard de dollars – c’était une petite structure qui débutait, sans budget. Cela nous a permis de voir les choses autrement, d’être créatif et dans la résilience. Nous avons énormément grandi sur le sujet de l’environnement de travail, en bâtissant toute la structure organisationnelle en France et à l’étranger.
Au départ j’étais seule dans l’équipe, je suis partie en 2017 entourée de 15 personnes. Pour cela, j’ai dû écrire les procédures, introduire les outils, faire des sondages et accompagner la structure financière. Il faut avoir un bon partenariat avec le service RH qui doit recruter les meilleurs dans la tech, face à des entreprises comme Google ou Facebook.
Une fois les personnes en place, je leur présentais tout l’environnement de travail.
Il y a 2 ans, un ancien manager de Criteo m’a contacté pour rejoindre une nouvelle aventure qui démarrait. Ledger avait déjà une bonne idée de ce qu’il voulait en terme de bien-être pour ses salariés. Cela m’a plu et j’ai décidé d’accepter le challenge.
Quelles sont les missions d’un Workplace Experience Manager ?
Il faut accueillir les nouveaux collaborateurs, on est allé jusqu’à 25 personnes par mois à un moment donné ! Il faut les onboarder, les installer, discuter et négocier avec les managers. Dans nos missions, nous devons également nous assurer de la sécurité du bâtiment, des prestations de services et événements internes.
Ce large panel se décline entre le bien-être, l’accompagnement de la structure pour la scaler via des procédures et des outils, dégager du chiffres, respecter son budget et être en adéquation avec les politiques RH et assurance. Le dernier volet concerne le management et la création d’équipe.
Voici toutes les missions d’un Directeur environnement de travail, nous sommes multi-casquettes.
Pour vous, qu’est-ce que la gratitude en entreprise ?
Au delà des bonus et augmentations de salaire, la gratitude pour moi passe déjà par vous faire confiance en vous confiant des tâches qui ne sont pas dans votre périmètre d’action habituel. Même si la personne n’a pas l’expertise et l’expérience, on peut lui faire confiance.
Quand on vous incite à sortir de votre zone de confort, que l’on vous met sur un projet important pour l’entreprise et que l’on vous montre sa confiance, c’est une énorme gratitude.
Je vais citer mon cas en exemple. En arrivant chez Ledger, une de mes missions était la construction d’une usine à Vierzon. Avant de signer mon contrat, j’ai un peu paniqué car je n’avais jamais construit d’usine ! Mais la personne de Criteo qui me connaissait bien et avait vu mes réalisations m’a fait confiance, et en cela m’a montré sa gratitude. Je me suis sentie valorisée et j’ai eu envie de me dépasser. Evidemment cela fait peur, mais la confiance qui m’a été donnée m’a permise de réussir. Je n’étais pas seule, et nous avons livré l’usine en 10 mois, en respectant le budget.
Comment mettez-vous en place cette méthode au sein de vos équipes ?
En arrivant dans mon équipe, je disais aux collaborateurs, qu’au delà de réaliser seulement les tâches récurrentes, j’allais les inscrire dans un projet. Je voulais emmener, faire monter en puissance, les personnes et les valoriser. C’est ainsi que les salariés peuvent gagner en expertise et d’années en années prétendre à d’autres postes.
Quand une personne obtient une augmentation de salaire de 3% si les résultats sont bons par exemple, cela n’a rien à voir en terme de reconnaissance avec quelqu’un à qui on confie de belles réalisations. Au bout de 2 ans, cette dernière pourra demander à requalifier son poste ou prétendre sur le marché à d’autres postes. Et là nous ne sommes pas à 3% d’augmentation, mais bien au delà.
L’autre avantage de la gratitude est l’image véhiculée de l’entreprise. Le salarié aura une meilleure image de l’organisation si il est en confiance, si il se sent porté par elle, et si il entretient de bonnes relations avec son manager.
Qu’est-ce que vous observez aujourd’hui ? Quels sont les résultats de ces actions dans l’entreprise ?
A chaque fois que l’on m’a amené au dépassement de moi-même chez Criteo, j’ai adoré. Je me rendais compte de la chance qui s’offrait à moi et cela me dynamisait. La seconde récompense était généralement l’augmentation ou le bonus qui suivait.
Lorsque je discutais avec certains directeurs d’environnement de travail lors de conférences ou autres rencontres par exemple, je réalisais tout ce que j’avais pu mettre en place. C’était bien plus que la plupart des personnes avec qui je discutais ! De retour au bureau, je n’avais qu’une envie c’était de remercier mon manager qui m’avait permis de réaliser toutes ces actions, j’étais reboostée. La gratitude permet de renforcer l’efficacité et d’accroître la performance en entreprise.
Pour travailler dans l’environnement workplace, il faut également aimer et prendre soin des personnes. Garder le sourire et être bienveillant.
Avez-vous une citation, un livre, une conférence TedX… qui vous inspire ?
J’aimerais parler de la résilience. Aujourd’hui de nombreuses personnes, dès qu’elles rencontrent des problématiques, veulent partir de l’entreprise. Mais l’herbe n’est pas plus verte ailleurs. La résilience permet d’en tirer profit à un moment donné car on apprend beaucoup sur soi, on se contruit. Sans rester sur des postes qui nous rendent malades bien sûr.
Il faut apprendre à tirer profit de la situation quand elle est très dure. J’ai beaucoup appris grâce à cela. Je pense qu’il faudrait parler de la résilience en entreprise.