Depuis plusieurs années, nous collaborons avec Elodie Crépel. Formatrice et conférencière spécialiste de l’hypersensibilité, elle est autrice de multiples best-sellers dont « femme atypique« . Lors d’un live que nous avions organisé il y a quelques années, vous lui aviez posé toutes vos questions au sujet de l’hypersensibilité au travail. Nous avons compilé ses retours.
Quel est le pourcentage d'hypersensibles ?
Les mots que l’on emploie sont importants. Le terme « hypersensibilité » est traduit de l’anglais « high sensitive person » que l’on trouve dans les travaux d’Elain Aron, psychologue et chercheuse en psychologie américaine. Elle est internationalement reconnue comme l’une des plus grandes spécialistes sur l’hypersensibilité.
Le fait qu’on ait choisi d’employer en France le préfixe « hyper » donne une connotation négative au sujet : dans nos sociétés « hyper » renvoie à l’idée du « trop ». Comme si on était « trop sensible ».
20 à 30% des personnes seraient hypersensibles.
Elaine Aron
Il est important de sortir de cette vision et de rappeler que l’hypersensibilité n’est considérée ni comme une maladie ni comme un handicap bien que certaines personnes puissent en souffrir ou la vivre difficilement.
Un nouveau terme a émergé pour pallier cette vision négative, celui d’ « ultra-sensible ». Une question reste ouverte : ce terme ne sera-t-il pas lui aussi vu comme péjoratif à un moment ou à un autre ?
Comment savoir si on est plus sensible que ses collègues ?
Le concept de norme est difficile à définir car on ne sait pas très bien à quoi elle correspond. A ce sujet, le livre de Todd Rose « La tyrannie de la norme » est éclairant et permet d’initier une réflexion sur ce qu’est la « norme » et les conséquences néfastes d’une vision standardisée.
Nous possédons toutes et tous une sensibilité qui nous est propre. Il est erroné de croire qu’il y aurait des individus sensibles et d’autres qui ne le seraient pas du tout.
De plus, notre sensibilité évolue au cours de notre vie et selon les circonstances. Par exemple, une personne qui vit un deuil peut avoir un niveau d’émotivité exacerbé ce qui ne fera pas d’elle une hypersensible pour autant.
Il y a d’ailleurs souvent une confusion entre l’hypersensibilité et l’immaturité émotionnelle.
Quelles sont les caractéristiques des hypersensibles ?
On peut distinguer deux grandes caractéristiques chez les personnes identifiées comme « hypersensibles » :
Hyperémotivité
On note une intensité et une fréquence émotionnelle supérieures à la moyenne.
De manière caricaturée, les hypersensibles disent souvent qu’elles « passent du rire aux larmes en une minute ».
A ce sujet, il est aussi erroné de croire que les hypersensibles pleurent tout le temps. La tristesse peut se vivre de manière très variée. L’hyperémotivité ne concerne pas seulement la tristesse mais toutes les émotions : la joie, l’enthousiasme, l’excitation…
Hyperesthésie
Les sens sont plus développés, que ce soit l’odorat, la vue, le toucher, l’ouïe ou le goût.
Il est important de connaitre et de comprendre le fonctionnement de nos sens pour saisir l’impact qu’ils ont sur nous. Être sollicité visuellement par trop d’éléments peut être écrasant pour certaines personnes.
Douance, zèbre, HPE : quelles nuances ?
Douance
La douance renvoie à l’idée d’un quotient intellectuel élevé, c’est-à-dire allant au-delà de 130. Mais les chiffres ne sont pas tellement intéressants, l’analyse du test l’est davantage.
La WAIS est le test officiel français pour tester le QI et en France Être surdoué.e ce n’est pas seulement avoir un QI élevé mais c’est également ressentir le monde différemment, ce qui crée une sensation de décalage.
Zèbre
Dire aux autres qu’on est surdoué, à ses collègues, à ses managers et même à sa famille n’est pas toujours facile même quand on a fait les tests. Les personnes surdouées ont en effet une grande connaissance de leurs limites et de leurs failles. Et elles ne se reconnaissent pas nécessairement dans ce terme de « surdoué » difficile à assumer.
Le mot « zèbre » est un synonyme de « surdoué ». Cette appellation a été proposée par la psychologue Jeanne Siaud-Facchin afin de dépasser les représentations, jugées pesantes, attachées aux termes surdoué ou « haut potentiel ».
Dans la littérature anglo-saxonne, on parle de « gifted person ».
Notre tendance élitiste, en France, a voulu faire en sorte que l’intelligence soit perçue du seul côté pratico-pratique. Ce qui est différent du Royaume-Uni où je réside. Les tests ne sont d’ailleurs pas les mêmes.
Il existe ainsi d’autres formes d’intelligences.
HPE (Haut Potentiel Emotionnel)
Les hauts potentiels émotionnels (HPE) ont une connaissance de leurs émotions : ils savent les accueillir et les vivre avec les autres.
Le cerveau est-il différent ?
Ceux qu’on appelle aujourd’hui les « neuro-atypiques » ont un fonctionnement neuronal différent.
Il a été prouvé que les hauts potentiels intellectuels ont un taux de myéline plus dense et plus épais. Les tests d’imageries cérébrales montrent que l’information circule beaucoup plus rapidement dans le cerveau.
En ce qui concerne les personnes hypersensibles, aucune étude n’a établi le lien entre cette composante de l’individu et un fonctionnement neuronal différent. Il a cependant été démontré que les zones des émotions s’activent de façon plus intense et plus longtemps. Mais structurellement, le cerveau d’une personne hypersensible ne comporte pas de différence.
L'hypersensibilité peut-elle être une force au travail ?
Les hypersensibles qui ont une bonne connaissance d’eux-mêmes sont un véritable atout pour le milieu de l’entreprise. On vous invite à découvrir cet article à ce propos.
On peut d’ailleurs les voir comme le baromètre d’une entreprise. Lorsqu’il y a des dysfonctionnements au sein de l’entreprise, la personne hypersensible le « ressent » souvent très rapidement. Une bonne connaissance de soi et des autres permet d’être en mesure d’identifier ce dont il s’agit.
L’hypersensibilité au travail peut alors être un véritable atout lorsqu’une entreprise cultive un climat de travail sain. Les hypersensibles peuvent y déployer toute leur empathie, leur créativité, leur intuition.
Comment savoir si on est hypersensible ?
Des autotests sont disponibles en libre service sur Internet.
Certaines personnes auront besoin de discuter avec un expert.
Il est important de rappeler que tous les thérapeutes ne sont pas sensibilisés au sujet et de trouver le bon professionnel.
Si le feeling passe avec le professionnel, c’est le plus important. Il peut s’agir d’un psychologue, d’un psychiatre ou même d’un coach. Un bon professionnel n’hésite pas à fournir son CV, à expliquer son parcours professionnel et son orientation thérapeutique. Questionnez-le !
FORMEZ VOUS
Si vous souhaitez vous former au sujet, Elodie Crépel, spécialiste de l’hypersensibilité et de la douance, autrice de plusieurs best-sellers dont « Femme Atypique », lance les inscriptions pour sa formation OVPA…