Depuis plusieurs semaines, nous recevons des messages privés de collaborateurs qui nous interpellent: arrêtés pour burn-out ou dépression, ils reçoivent des échos de leurs collègues remettant en doute leur état, suggérant qu’ils feraient « exprès » d’être malades… Comme cette lectrice qui après ce diagnostic reçoit un texto de la part d’une de ses collègues: « Ah oui ? Tu es en burn-out ? Bonnes vacances à toi! » Nous aimerions dans cet article souligner les conséquences aussi bien sur le salarié que sur le climat social et le collectif de ce type de suspicions.
1# L’amplification de la détresse du salarié
Il est évidemment hors de propos de juger quand un salarié s’arrête pour pour une souffrance psychique, qu’elle soit ou non liée au travail d’ailleurs. Rappelons que celui qui suspecte son collègue n’est pas médecin. Seul un professionnel de santé est apte à juger et surement pas un collègue.
En invalidant sa souffrance, ce sentiment de suspicion accentue la détresse du salarié. Il ne lui permet pas non plus de se rétablir sereinement : cela accentue en effet son sentiment de honte et d’échec.
« Quand je reçois ce type de messages, j’imagine tout ce que mes collègues peuvent penser de moi et je m’enfonce davantage. Je culpabilise et je finis par me dire qu’ils ont raison, que je dois être responsable de mon état, que j’en fait peut-être trop. Mais c’est le médecin qui m’a arrêté. «
Personne ne se met en arrêt maladie de gaité de cœur: c’est forcément que quelque chose ne va pas. Tout arrêt maladie, qui plus est pour burn-out, devrait amener chaque entreprise à réfléchir sur les causes qui ont amené un salarié à « chuter ».
2# La culture du déni
Ce faisant, ce type d’attitude alimente la cocotte-minute pour ceux qui vivraient les premiers signes et symptômes d’un épuisement professionnel.
Si aujourd’hui, vous vous réjouissez de n’être pas « l’un d’eux » et aimez vous montrer plus tenace (comme si le burn-out était une marque de non-résistance au stress alors que c’est tout l’inverse), pensez que demain, ce peut être vous.
A qui vous sentiriez vous capable d’en parler dans votre environnement professionnel si de tels propos ont été préalablement tenus pour un de vos pairs ? Probablement, pas grand monde !
« Lors du burn-out de ma collègue, j’ai entendu « c’est une fragile », « elle fait une dépression », « ça fout le bordel, elle n’a qu’à démissionner ». J’étais moi-même un petit mois après à 2 doigts du burn-out, mon médecin voulait m’arrêter. Je n’ai pas osé à cause de ces réflexions ».
Rappelons que plus un burn-out est pris tôt, mieux c’est pour le salarié et pour l’entreprise. Et que le craquage arrivera à coup sûr.
3# La crainte du retour
Bien sûr, ce type de commentaires ou de jugements empêche le salarié de se projeter sereinement dans un retour qui lui devient très peu envisageable.
« Je suis actuellement en arrêt. Mais quand je vois combien mes collègues ont critiqué un congés parental, je n’ose imaginer ce qu’ils disent de moi ».
« J’ai peur du retour, peur du regard de mes collègues, peur qu’ils m’en veuillent d’avoir été arrêtée. Dès que je pense au retour, j’ai mal au ventre. Pas dans ces conditions ! Pas s’ils me pensent responsable de mon burn-out et que rien ne change à mon retour. «
Pour rappel le burn-out est un épuisement physique, émotionnel et mental qui résulte d’un investissement prolongé dans des situations de travail exigeantes sur le plan émotionnel (définition de la Haute Autorité de Santé). Si nous ne sommes pas médecins, mieux vaut se prémunir de l’idée de « croire » ou non son collègue, surtout lorsqu’un diagnostic a été établi: il ne s’agit pas d’une croyance mais d’un fait.
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