Avez-vous remarqué que les mots de “santé mentale et burn-out” sont très souvent associés aujourd’hui dans le monde de l’entreprise ?
Cette semaine, il nous paraît important de revenir sur les notions de “burn-out” et de “santé mentale” pour sortir de l’illusion que lorsqu’on parle de santé mentale en entreprise, cela se réduit à la question du burn-out ! Le champ de la santé mentale est bien plus large et complexe. Explications.

LA SANTE MENTALE: UN CONCEPT TRÈS LARGE, AU-DELÀ DU BURN-OUT !

Rappelons déjà que lorsqu’on parle de “santé mentale”, on ne désigne pas spécifiquement un trouble ou un problème de santé mentale en soi. La définition la plus couramment donnée de la “santé mentale” est celle de l’OMS qui propose une définition positive de la santé mentale: “un état de bien-être dans lequel une personne peut se réaliser, surmonter les tensions normales de la vie, accomplir un travail productif et contribuer à la vie de sa communauté.” Cette définition nous rappelle que la “santé mentale” se définit plus largement que par l’absence ou la présence d’une maladie. Dans le monde de l’entreprise, la prévention du burn-out a pris une place prépondérante pour parler de santé mentale. S’il est vrai que l’on peut l’aborder sous l’angle de la “santé mentale” si on considère que le burn-out altère l’état de bien-être d’un salarié et lui empêche d’accomplir un travail productif, les collaborateurs ne sont pas uniquement concernés par l’épuisement professionnel mais peuvent faire face à d’autres problèmes de santé mentale. Bien sûr, si cette définition de l’OMS nous invite à ne pas voir la “santé mentale” réduite au prisme de la pathologie, les altérations de notre santé mentale (troubles ou maladies) font évidemment partie de ce vaste champ.

SANTE MENTALE: LE BURN-OUT FAIT-IL PARTIE DES TROUBLES PSYCHIQUES ?

Nous nous sommes posé la question et elle est loin d’être si simple lorsque nous interrogeons les professionnels de santé sur le terrain. Le concept de “trouble psychique” fait lui-même l’objet de nombreux débats tout comme celui de “burn-out”. En l’état actuel des retours que nous avons, les psychologues et les psychiatres de notre réseau nous indiquent qu’aujourd’hui le burn-out ni figure dans aucune des classifications internationales des troubles mentaux (sans exclure le fait que cela pourrait évoluer à l’avenir). Le burn-out se définit généralement comme un syndrome d’épuisement physique, émotionnel et mental lié à une dégradation du rapport d’un salarié à son travail. Sous certaines conditions, il peut être reconnu comme maladie professionnelle. Certains symptômes du burn-out peuvent toutefois être similaires ou faire écho à d’autres troubles psychiques. Il est aussi possible qu’un burn-out se combine avec un trouble psychique (un trouble anxieux ou un trouble lié à l’utilisation de substances, par exemple). Le point central à retenir est que le burn-out est lié à un contexte professionnel et que trouble psychique ou non, c’est d’abord la souffrance vécue qui doit être prise en considération et entendue au-delà de toutes les étiquettes médicales difficiles à manier pour des non-experts.

SANTÉ MENTALE, BURN-OUT ET AUTRES TROUBLES

D’après l’OMS, 1 européen sur 4 souffrira au cours de sa vie d’un trouble psychique. Difficile donc de croire que le burn-out est le seul problème lié à la santé mentale qui mérite d’avoir un focus. Dans les classifications internationales des maladies, plus de 400 troubles psychiques sont répertoriés. En voici quelques exemples :

• Les troubles des émotions ou de l’humeur: les troubles anxieux, les troubles dépressifs, les troubles bipolaires
• Les troubles du système de récompense: les troubles addictifs (drogue, alcool, jeux…)
• Les troubles du rapport à la réalité: les troubles schizophréniques, les épisodes psychotiques brefs, les troubles délirants (paranoïa…)
• Les troubles du comportement alimentaire: l’anorexie mentale, la boulimie
• Les troubles de la personnalité: les troubles de la personnalité narcissique, les troubles de la personnalité borderline

La liste est longue…L’accent mis sur le burn-out ne doit pas nous faire oublier l’existence de ces troubles psychiques encore très stigmatisés dans notre société et dans le monde de l’entreprise. Sans parler du fait que les collaborateurs peuvent être aidants de proches qui souffrent eux-mêmes d’une pathologie. Sensibiliser pour mieux en parler, cela fait aussi partie du champ de la santé mentale dans son volet prévention pour que les problèmes de santé mentale soient détabouisés et ne soient plus vécus comme honteux.

SANTE MENTALE ET BURN-OUT : PASSONS À L’OPEN OUT DANS L’ENTREPRISE !

Puisque les anglicismes sont à la mode, pourquoi ne pas considérer que la santé mentale dans l’entreprise c’est aussi permettre aux collaborateurs de vivre un “open out” ? “Open out” signifie “s’ouvrir” ou “s’épanouir”. Parler de santé mentale en entreprise serait donc aussi ne pas faire fi de la part “saine” qui existe en chacun d’entre nous et en chaque organisation. Sous cet angle, il est possible de considérer que dans ce champ de la santé mentale s’intriquent toutes les “ressources” individuelles et collectives dont nous disposons. Valoriser la part “vivante”, “saine”, “créative” de chaque collaborateur à travers le sujet de la santé mentale, c’est l’occasion de sortir des sentiers battus et d’éviter de sombrer dans le prisme réducteur de la seule “maladie”. Cette acception de la santé mentale explique pourquoi aujourd’hui ces mots sont accolés à des centaines de sous-sujets car cet “état de bien-être” (comme le dit l’OMS) est sans doute la réflexion de toute une vie.

En conclusion, la santé mentale ne peut se réduire à la seule question du burn-out ou des troubles psychiques au sein de l’entreprise. Elle doit être appréhendée de manière globale et holistique en nous rappelant que la “santé mentale” est une composante de la santé, au même titre que la santé physique ou sociale. Toutes les dimensions de la santé interagissent les unes avec les autres. Notre santé mentale est par ailleurs en perpétuel mouvement tout au long de notre vie, elle n’est pas figée. L’enjeu pour l’entreprise est de favoriser les conditions et l’environnement de travail qui permettent aux collaborateurs de conserver leur capital santé mentale, tout en gardant à l’esprit que chacun d’entre nous est également responsable de sa santé mentale et de celle des autres.

Si vous ressentez un mal-être, ne restez pas seul. Faîtes appel à un professionnel de santé en qui vous avez confiance que ce soit dans votre entreprise ou à l’extérieur. Personne ne doit rester seul face à la souffrance psychique.