Notre équipe teste régulièrement des ateliers pour pouvoir vous en parler ensuite. Cette semaine, nous avons testé l’atelier de Sylvaine Pettens sur l’auto-défense verbale. Après avoir travaillé plus de 20 ans dans le milieu de l’entreprise, Sylvaine est devenue coach. Elle accompagne particulièrement les femmes et intervient régulièrement dans le milieu universitaire et associatif pour enseigner les techniques de défense verbale.
Réagir face aux agressions verbales
« Mon manager est vraiment violent dans ses propos, il rabaisse toute l’équipe. Je m’en veux de ne pas savoir répondre »
« Un de mes collègues, sous couvert d’humour, fait des blagues dégradantes quand je parle en réunion. J’ai du mal à trouver ma place ».
En interrogeant notre communauté sur Instagram, les témoignages ont été nombreux et nous avons noté un engouement pour le sujet.
La violence verbale est, trop souvent, présente au cœur de l’entreprise.
Mais la majeure partie des salariés n’ont jamais appris à se « défendre » verbalement. Et encaisser sur le long terme comporte de nombreux risques, notamment sur l’estime de soi.
Il y a généralement 3 types de comportements face à une peur ou une violence verbale :
- la fuite
- l’attaque
- le figement
Interrogez-vous.
Comment avez-vous réagi la dernière fois qu’on vous a agressé.e ?
Avez-vous fait comme si de rien n’était et êtes-vous parti.e ?
Avez-vous pris le même ton que votre interlocuteur ?
Ou avez-vous tout simplement été sidéré.e et êtes-vous resté.e sans rien dire ?
Dans le monde professionnel comme dans la vie personnelle, on note deux types d’agressions principales :
– les agressions de frustration
Un manager ou même un collègue qui hurle « vous êtes incapables de laisser des bureaux propres ! »
Un voisin qui hurle car vous avez laissé votre poubelle pendant 3 heures sur votre palier.
Le besoin primaire de votre interlocuteur de rangement n’est pas satisfait et il s’exprimera en hurlant plutôt qu’en demandant.
– les agressions de manipulation
Elles sont généralement plus insidieuses et moins visibles.
« De toutes façons, je ne fais pas confiance aux femmes qui ont des enfants »
« Les femmes ne savent pas conduire »
Et elles peuvent vous mettre en colère ou vous inciter à vous minimiser.
Comment faire face ?
5 astuces de défense verbale
Sylvaine a partagé de nombreuses astuces, nous en livrons ici 5.
Technique des 5 pourquoi
Une technique intéressante est celle qui vise à questionner la personne qui assène une vérité.
Vous posez 5 fois de suite la question pourquoi en fonction de ses réponses.
« Pourquoi dis-tu ça ? »
« Je ne comprends pas, qu’est-ce que tu veux dire par là ? »
« Pourquoi en es-tu si certain.e ? »
Rappel utile : il y a peu de chances que vous fassiez changer d’avis votre agresseur et on perd souvent beaucoup d’énergie à vouloir convaincre.
« Vous n’êtes pas payé.e pour éduquer votre agresseur »
Sylvaine Pettens
La réponse qui n’a pas de sens
Une technique que nous avons trouvé intéressante est celle de la réponse qui n’a pas de sens.
Vous pouvez, pour clôturer une conversation qui « part dans le décor », prononcer une phrase qui n’a pas de sens et partir.
Cela peut être une phrase issue de paroles d’une chanson, une phrase publicitaire ou une phrase improbable.
« Effectivement, les grenouilles sautent haut ».
Votre interlocuteur ne peut évidemment pas comprendre le lien avec la conversation car il n’y en a pas et vous pouvez lui dire de « c’est pourtant limpide » et partir.
Et quand il reviendra (si elle ou il est apte à ouvrir à nouveau la conversation), vous pourrez poser factuellement votre ressenti « la conversation ne me plaisait pas, ceci était donc ma réponse à l’instant t».
Mise en garde : cette technique peut faire monter l’agacement de la personne en face.
La double syllabe
Evidemment, il y a la technique qu’on a parfois utilisée dans la vie personnelle, celle de la répétition de deux mots.
« Tiens tiens »
« Ah bon, ah bon »
« hmmm hmmm »
Plutôt que répondre, vous pouvez laisser le champ ouvert aux propos de l’autre.
Avec moins d’interactions de votre part, il cherchera probablement à se justifier.
Tentez au maximum de regarder votre interlocuteur dans les yeux. Si vous n’y parvenez pas, fixez le front.
Mise en garde : cette technique peut vous bousculer car les propos peuvent être difficiles à entendre. Attention à ne pas utiliser des mots qui cautionnent : pas de « d’accord d’accord » si vous ne l’êtes pas !
LA FUITE CHOISIE
Vous pouvez décider de couper court à une conversation pour y revenir plus tard
« Je vais réfléchir à ma réponse »
« Je vais prendre le temps réfléchir à ma réponse »
« J’ai besoin de temps pour réfléchir »
Et vous partez.
Cette technique permet d’une part de vous affirmer et de vous laisser le temps de redescendre en pression.
Ensuite, vous pouvez à nouveau ouvrir la conversation en exposant les faits :
- décrire le comportement dérangeant
- expliquer ce qu’il provoque chez vous
- demander à la personne de faire quelque chose
Si vous souhaitez gagner du temps, sans pour autant partir de la salle, vous pouvez utiliser ces techniques :
- enlever ou mettre vos lunettes
- boire une gorgée d’eau
- déplacer un stylo sur le bureau
Vous noterez que ces techniques sont très souvent utilisées en politique ou par ceux formés à la prise de parole en public.
Elles permettent de gagner du temps pour reprendre son souffle.
CHANGER DE SUJET
Vous êtes convaincu.e que le réchauffement climatique devrait être au cœur des enjeux de l’entreprise mais votre collègue vous soutient que vous êtes « manipulé.e » ou encore « écolo bobo »… Cela vous heurte.
Rappelez-vous d’économiser votre énergie. Il y a peu de chance que vous arriviez à convaincre quelqu’un d’agressif sur le sujet qui consulte depuis des années des informations différentes des vôtres.
Vous pouvez user d’arguments factuels avec toute personne prête à écouter. Mais si vous avez face à vous un agresseur et que cela vous met en position d’infériorité, donnez-vous le droit de changer de sujet.
« Tu as vu ce qu’il se passe avec les punaises de lit »
« Tu pense quoi des nouveaux bâtiments ?»
Si votre interlocuteur vous dit que ce n’est pas ce qu’il disait, vous réenchérissez sur la même conversation.
« J’en avais eu dans mon hôtel lors d’un déplacement à New York»
« Je trouve que les locaux sont sympas !»
Cette astucle peut aussi vous aider pendant les repas de famille avec les fameuses questions qui dérangent !
« Alors, tu as retrouvé un boulot ? »
« Alors, le deuxième bébé, c’est pour quand ? »
« Ah ces gens qui font semblant de faire un burn-out »…
Défense verbable
Nous avons tenté de partager en un article des pistes qui peuvent vous être utiles.
Notre équipe tient à rappeler à toutes et à tous de ne pas rester seul.e face à la violence verbale. Osez en parler et demander de l’aide.
Vous pouvez dénoncer les harcèlements en interne et en parler à votre manager, à vos RH, à vos dirigeants.
Ne restez pas seul.e.
Se défendre verbalement, c’est aussi poser ses limites et savoir dire non. Il s’agit d’un travail de tous les jours et si vous sentez le besoin de vous faire accompagner, vous pouvez faire appel à Sylvaine, coach qui accompagne les femmes.
Merci à elle pour la découverte de l’atelier. Nous espérons avoir pu vous aider à mieux vous défendre grâce à cet article.
Si vous souhaitez nous contacter/ nous faire tester des ateliers : anne.leblanc@loptimisme.com