Arnaud Liégeois, HR Strategy & Knowledge Manager chez Solidaris, nous livre 5 conseils à suivre pour anéantir vos collaborateurs…
Vous êtes responsable d’équipe/d’entreprise, vous voulez, si pas l’argent, à tout le moins le pouvoir. J. R. de Dallas est pour vous le prototype du manager, du vrai. Pas le gentil “leader” qui autonomise ses collaborateurs. Non, non, surtout pas : plutôt celui qui assoit son autorité et qui représente la “figure du père” que vos équipes n’ont jamais eu la chance d’avoir.
Alors, voici 5 conseils pour vous assurer que vos collaborateurs ne chercheront jamais à vous marcher sur les pieds et encore moins usurper votre zone de pouvoir :
1. Divisez pour mieux régner :
- Ne permettez pas à vos employés de prendre l’initiative de collaborer entre eux et de partager leurs idées en réunions. Empêchez les d’intervenir hors du cadre de l’ordre du jour. Un tuyau pour cela est de charger l’ordre du jour à son maximum et de le suivre à la lettre : après 2h de réunions avec 20 points à traiter, ils vous supplieront de mettre fin à leur calvaire. Ils lanceront des regards noirs à tout collègue qui oserait prendre le temps d’une critique constructive ou d’une nouvelle piste de travail.
- Arrangez-vous pour individualiser votre démarche de (fausse) confiance. Ayez la confiance de chacun d’entre eux (évidemment sans donner réellement la vôtre, ça va de soi). Sous le couvert d’un moment de “coaching” personnalisé, faites-les parler sur les points d’attention de leur collègues (“cela restera bien sur ente nous et c’est pour l’aider à se développer” est un argument imparable), rapportez cette informations aux collègues concernés. Vous verrez, ça évitera toute relation positive dans votre équipe.
2. Semez le doute dans leur esprit et dans leurs affects
- Développez votre meilleure compétence pour cela : la mauvaise foi. Niez des événements et les faits. Mettez en doute la crédibilité des propos de vos collaborateurs (p.ex., “ah bon, tu avais dit que l’on travaillerait sur le projet X cette après-midi mais nous n’avons jamais vraiment pris une décision sur ce point ? Tu as mis la charrue avant les bœufs”). Mettez en doute leurs compétences, mettez en doute leurs souvenirs et surtout… laissez les dans le doute, ne tranchez pas, ne les consultez pas, laissez des blancs lourds de sens dans la discussion.
- Changez de comportement en permanence : une fois sociable et chaleureux, froid et distant l’heure d’après. Votre “mantra” sera : un câlin doit toujours être suivi d’une claque peu après… Lorsque vous n’avez d’autre choix que de reconnaître la qualité d’un résultat, veillez à trouver rapidement une faille pour formuler un reproche dans la foulée. Surtout, laissez leur penser que vous êtes dans cet état (la froideur, évidemment, pas la sympathie) à cause d’une de leurs actions.
3. Fixez leur des objectifs acceptables en façade mais non mesurables, non spécifiques et sans perspective temporelle
- Soyez anti-modèle “SMART”, prenez même le contrepied total… Cela vous permettra de développer des méthodes d’évaluation de leur performance totalement subjectives (“votre avis” suffit, auquel vous pouvez ajouter celui des fournisseurs p.ex., mais évitez les clients ou les commanditaires, ça risquerait d’impacter votre propre évaluation)
- Modifiez les objectifs en cours de route. Rester vague vous permet effectivement de pouvoir vous montrer à tout moment circonspect quant à l’orientation choisie (exemple “ce n’est pas du tout ce qui avait été décidé au départ, tu me déçois” ou, moins péremptoire, “tu as fais du chemin mais tu n’as pas compris l’objectif, je pense qu’il va falloir reprendre tout à zéro”)… effet garanti (la cerise sur gâteau : “tu sais ce qu’il faut faire, tu n’as pas besoin de moi pour reprendre la bonne direction”). Dans tous les cas, ils doivent avoir l’impression d’avoir eu une certaine liberté lors de la définition/réorientation des objectifs. A vous de développer votre talent de manipulateur pour cela !
4. Ne félicitez jamais vos collaborateurs
- Et puis quoi encore, ils sont là pour bosser, pas pour qu’on les encense comme des divas. Par contre, pointez bien toutes erreurs qu’ils commettent et considérez que leur performance au travail est un dû, que le fait de dépasser les résultats est juste une avance sur les résultats ultérieurs. Cela vous permettra d’éviter qu’ils se sentent l’âme de prendre des initiatives et de réussir à votre insu des choses que vous n’avez pas initiées vous-mêmes. D’ailleurs, pour être certain qu’ils ne se montrent trop zélés ou créatifs, évitez à tout prix de pratiquer le management participatif, encore un truc pour manager bobo de toute façon. Rien de tel qu’une bonne directive, donnée avec des consignes strictes et de façon unilatérale.
5. Sachez vous rendre crédible auprès de votre propre management
- Soyons lucides, vos propres responsables auront vent de vos pratiques autoritaires un jour ou l’autre. Il est donc important que ceux-ci vous accordent une confiance totale et ne puissent que reporter la charge sur votre équipe. Aux yeux de votre management, vous devez être brillant, responsable, excellent leader, l’homme de la situation, celui qui a une équipe qui ne le mérite pas. Ne mettez jamais les qualités de vos collaborateurs en évidence, uniquement les vôtres…
Sortons du cauchemar bien vite : après avoir prêté ma “plume” à ce jeu descriptif du pire Manager possible, il va de soi qu’en tant que Responsable Manager/Leader/Coach, il faut inverser le sens de chacun de ces “conseils”…
(Retrouvez ici notre lecture sur management positif !)
L’auteur de cet article :
Arnaud Liégeois
“Combinant des expériences diverses comme chercheur, formateur, facilitateur, chef de projet, dans la psychologie sociale, le marketing, les ressources humaines, je peux fournir des approches novatrices et des idées/réponses pragmatiques. Le partage est naturel pour moi, je suis né comme ça : j’aime partager, apprendre, communiquer et co-créer.”