« Qui sait à quoi consacre ses journées un consultant en concertation ? Et un chief happiness officer ? Ou encore le manageur du management ? […] ces métiers aux contours mal définis, connus pour distiller une bonne dose d’ennui et parfois une sorte de mal-être. » Voilà comment Le Monde a débuté en 2016 son article sur « les jobs d’enfer ».
Aujourd’hui, au Club des CHO, nous sommes là pour vous expliquer notre vision sur ce fait de société.
C’est quoi, les bullshit jobs ?
«Une forme de travail rémunéré qui est si inutile, dispensable ou nuisible que même ou l’employé ne peut justifier son existence, même si elle ou il se sent obligé de prétendre que ce n’est pas le cas.»
Avec cette définition, Graeber (anthropologue créateur de la notion de “bullshit job”) nous informe qu’on confond souvent « mauvais job » et « job à la con ». Les mauvais emplois sont considérés comme tel parce qu’ils sont difficiles ou que les salaires sont faibles, mais souvent ces emplois sont très utiles. Alors que les boulots à la con sont souvent tout sauf difficiles et prenants. Par contre, ils sont complètement inutiles, et les gens qui les exécutent le savent.
Votre travail contribue-t-il, même à moindre échelle, à faire évoluer le monde ?
Ou au contraire, avez-vous un travail que vous savez secrètement inutile ?
Si vous êtes dans le second cas, vous avez un « bullshit job », comme de nombreuses autres personnes en France. Selon nous, il n’y a pas de métiers types pour illustrer cela. Cependant, nous sommes persuadés que personne n’est fait pour remplir des tableaux Excel et des dossiers administratifs à longueur de journée. L’épanouissement personnel est difficile à trouver quand aucune stimulation intellectuelle n’est proposée. En effet, la plupart des personnes doutant de l’utilité de leur poste sont souvent occupées par des tâches répétitives, sans but précis. Graeber nous parle notamment de l’émiettement des tâches, dû à la progression fulgurante des outils technologiques, « au lieu de nous libérer de l’étouffante semaine de travail de 40 heures, nous avons inventé tout un univers d’occupations futiles qui sont insatisfaisantes sur le plan professionnel et spirituellement vides. »
Les différentes catégories de bullshit jobs
– Les « faire-valoir », servant à mettre en valeur les supérieurs hiérarchiques ou les clients
– Les « cocheurs de cases », recrutés pour permettre à une organisation de prétendre qu’elle traite un problème qu’elle n’a aucune intention de résoudre
– Les « sparadraps », employés pour résoudre des problèmes inexistants
– Les « contremaîtres », surveillant des personnes travaillant déjà de façon autonome
Les « sbires », recrutés car les concurrents emploient déjà quelqu’un à ce poste, et dont le travail a une dimension agressive.
(source : wikipédia)
Quelles répercutions ont-ils sur le quotidien ?
Les dommages moraux et intellectuels qui découlent de cette situation sont profonds. On vous en a parlé dans notre article sur le brown-out, ce n’est pas une simple mode. De telles journées sont évidemment sources d’ennui. Elles produisent aussi du stress et de l’anxiété, car elles poussent à remettre en cause votre place dans la société qui, selon l’idée que vous avez, pourrait largement se passer de vous.
Et comment y remédier ?
Si vous êtes victime d’un bullshit job, réagissez. Le plus simple est d’en parler à votre patron. Demandez une évolution de poste, une formation, greffez vous à un projet stimulant. Vous pouvez aussi lui prouver concrètement que votre travail est dispensable pour le faire réagir. Si le dialogue est impossible ou que vous ressentez un besoin profond de changer d’environnement, foncez. De plus en plus de personnes, de tout âge et de tout horizon, osent la reconversion. Cette catégorie d’articles proposés par le site Kelformation nous présente toutes les aides et démarches pour l’entamer.
Surtout, restez positif et actif. Ne tombez pas dans l’ennui ou la passivité. Vous êtes acteur de votre vie et seul décideur de ce que vous voulez en faire. Peu importe votre niveau de formation, peu importe votre poste actuel.
Le bullshit job, ce n’est pas celui que votre voisin juge inutile, mais c’est bien celui qui vous fait passer des journées abrutissantes. Si vous avez le sentiment que vous êtes utile, alors tout va bien. Au final, ce n’est pas ce que la société pense de vous qui est important, mais c’est bien la place que vous vous donnez dans cette dernière.
(Pour renverser les clichés qui lient bullshit jobs et nouveaux métiers, lisez ce super article ! )